Titre : L’homme qui peignait les âmes
Auteur : Metin Arditi
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 304
Date de parution : 2 juin 2021
A Acre en 1079
Avner, quatorze ans, fils d’un pêcheur juif, livre le poisson au monastère d’Acre. C’est un peu son petit coin de paradis. Frère Thomas le délecte de galette grillée avec du fromage de chèvre nappé de confiture de figues. Puis, le jeune garçon, bercé par les chants orthodoxes, observe les papillons et se repose sous le figuier. Un jour, en entrant dans l’église, Avner tombe en extase devant une icône. Plus tard, il sera iconographe.
L’initiation
Avner apprend auprès d’Anastase les meilleures coupes de bois, le mystère des couleurs et les canons de l’iconographie. Il se laisse baptiser plus par nécessité que par foi. Pour sa première icône, il « écrit » le portrait de Myriam, sa cousine, avec laquelle il passe quelques nuits à la découverte des plaisirs sexuels. Lorsque son père découvre l’icône, il rejette ce fils renégat.
Un long chemin
L’adolescent, avec pour seule possession son icône de Myriam, part en direction du monastère de Mar Saba, le deuxième plus grand monastère pour l’iconographie. Mansour, le marchand ambulant musulman l’accompagne.
Un juif, un musulman et un objet sacré du christianisme, unis en un tout indissociable, qui dit mieux?
La relation entre Mansour et Avner s’intensifie au fil de ce long voyage. Le commerçant, particulièrement humain, voit en Avner son fils disparu. Il l’éduque, le met en garde, le canalise. Si Avner est un personnage focalisé sur son projet, un brin orgueilleux, Mansour est un être de foi, riche d’enseignements, très attachant.
L’art d’Avner
Dans tous les monastères, chacun reconnaît le talent d’Avner. Un talent qui s’impose car l’iconographe fait ressortir l’âme de ses sujets sur ses icônes, ce qui est bien loin des canons de l’Église. Ses sujets sont trop beaux, trop sculptés. Avner n’accepte pas cette restriction. Lui, voulait « célébrer la vie avec l’éclat et la joie qu’elle méritait. Faire ressortir la part de divin qui se trouvait dans chaque être, plutôt que ce qu’il y avait d’humain dans le divin. »
Un côté intemporel
Si nous sommes au XIe siècle, sur un territoire qui s’apprête à être assiégé par les Croisés, Metin Arditi illustre une histoire où les religions se mêlent. La beauté émane de leur acceptation réciproque. Avner, né juif, devient orthodoxe et prie avec un musulman.
C’était, pour lui, un cadeau du Seigneur que de découvrir d’autres regards, d’autres mots, d’autres manières de voir le monde.
Il ne reste rien aujourd’hui des oeuvres d’Avner. A part, peut-être ce Christ guerrier au monastère Mar Saba, une icône attribuée à tort à Téophane le Grec. Mais son travail fut reconnu bien plus tard par les trois religions.
L’art de Metin Arditi
Metin Arditi est un artiste, un homme sensible prompt à défendre ses convictions en s’engageant sur le terrain. Toute forme d’art développe la sensibilité. Ses personnages en font une quête spirituelle et se retrouvent confrontés aux formes de pouvoir. Avner n’a pas ici la fougue d’Alexis Kandilis dans Prince d’orchestre mais il pose une question intemporelle en nous intéressant à un parcours d’initiation historique narré avec beaucoup de rythme et d’humanisme. Le voyage est beau sous la force de l’amitié, la richesse des descriptions, la foi d’Avner en ses icônes qui apportent la sérénité mais provoque la colère des religieux.
Peut-être pas le meilleur d’Arditi ( j’ai adoré Prince d’orchestre et n’ai pas encore lu Le Turquetto bien que beaucoup disent qu’il est son meilleur roman) mais un très bon roman que je recommande.
Commentaires
Dans ma PAL. J’avais adoré le Turquetto.
Il faut absolument que je le lise
j’aime bien ce qu’il écrit en général, à voir si je me laisse tenter!
Moi aussi j’aime beaucoup. J’en ai encore deux dans ma pile
Pourquoi pas, Rachel et les siens m’avait beaucoup plu !
Il est dans ma pile à lire
Bien sûr, je l’ai noté. Un auteur que j’apprécie beaucoup parce qu’il m’emmène et que j’adore ça
J’apprécie beaucoup les livres de Metin Arditi. Je les ais tous lus et le dernier « l’homme qui peignait les âmes m’a beaucoup plu.
Il m’en reste quelques uns à lire. C’est un écrivain assez prolifique.
Un auteur que j’apprécie, même si je n’ai pas encore lu Le Turquetto.
Idem, il faut que je lise Le Turquetto
Je viens tout juste de le terminer, je l’ai trouvé très beau!
Un beau voyage et des personnages lumineux. Une très belle lecture pour moi aussi