Titre : La puissance et la gloire
Auteur : Graham Greene
Littérature anglaise
Titre originale : The power and the glory
Traducteur : Marcelle Sibon
Editeur : Robert Laffont
Nombre de pages : 352
Date de parution : 14 novembre 2019

 

L’auteur et le contexte d’écriture

Graham Greene ( 1904-1991) est considéré comme l’un des plus grands auteurs britanniques. Ce roman inspiré par un voyage dans la province de Tabasco, au Mexique en 1938, illustre son engagement politique et religieux. Sous la dictature de Garrido Canabal, les prêtres étaient persécutés et fusillés. Dans La puissance et la gloire, seuls deux d’entre eux survivent dans cette province. L’un, le padre José, a renié sa foi en acceptant de se marier. L’autre, prêtre anonyme, se terre pour échapper aux militaires.

La traque

Un lieutenant acharné le traque de village en village, prenant en otage de simples gens pour pousser à la dénonciation. A ses yeux, le prêtre semble même plus dangereux que ce meurtrier américain en cavale. Qui est le plus dangereux entre le saint et le voleur? Dans sa fuite, le prêtre trouve toujours des âmes charitables pour l’accueillir et l’aider malgré les risques encourus.

Ils étaient habitués à voir mourir leurs enfants, mais ils n’étaient pas habitués à la chose que le reste du monde connaît mieux que tout … voir un espoir s’évanouir.

Privés depuis des années, les villageois voient en ce prêtre, fut-il alcoolique et pêcheur, la possibilité d’assister à une messe, de baptiser leurs enfants, d’accompagner leurs morts ou de se confesser.

Les rencontres « bibliques »

Poursuivre le truand ou le saint ou Laissez venir à moi les petits enfants sont des références à l’histoire sainte. Le titre du roman est d’ailleurs un extrait de la prière du Notre-Père. Coral Fellows, une enfant surdouée, ou même, sa propre fille qu’il a eu dans le péché avec une habitante de Carmen jouent un rôle important dans son chemin de vie. Ne croise-t-il pas aussi une bonne samaritaine lors de son séjour en prison. Et bien sûr, le métis qui l’accompagne parfois viendra à plusieurs reprises jouer le rôle de judas.

Un prêtre tourmenté

Le prêtre est un personnage complexe. Alcoolique, père d’une enfant qu’il a eu avec une paroissienne, il est hanté par son passé mais enclin à une serviabilité naturelle et une volonté d’exercer son métier pour venir en aide à ceux qui ne peuvent renoncer à la foi malgré les risques. Résister, refuser de suivre la servilité du Padre José ou de s’enfuir ne sont-ils pas une marque d’orgueil?

L’homme vertueux peut cesser ou presque de croire en l’enfer : lui portait l’enfer en son coeur.

 

Le coeur du roman

Ce débat intime est sans aucun doute l’aspect le plus intéressant du roman. Mais les personnages secondaires comme le dentiste ou la famille Fellows apportent une vision importante sur les conditions de vie dans cet état prohibitionniste.
Au-delà du périple du prêtre dans un Etat qui fait la chasse à tout ce qui est religieux, les rencontres et discussions sont l’aspect le plus fort de ce texte. J’ai particulièrement apprécié la confrontation avec la croyante rencontrée en prison, offusquée par les actes de luxure et les réactions du prêtre ou la discussion avec le lieutenant. Malgré leurs positions affirmées, n’y-a-t-il pas au fond de leur coeur une part de compassion?

La vérité, c’est qu’un homme ne se trouve pas placé brusquement devant deux partis à prendre, un bon et un mauvais. Il se trouve engagé peu à peu.

 

Un roman capital

Ce roman qui a sacré la notoriété de l’auteur illustre les doutes de l’auteur envers le catholicisme et témoigne de ses voyages à la découverte d’un monde plus contrasté. Dans un style très littéraire, avec des personnages ambivalents, ce texte est une belle réflexion sur la nature humaine, sur ce que l’on peut considérer comme un engagement religieux privilégiant l’humain aux dogmes. N’est-ce pas le chemin qui nous conduit vers ce dénouement presque miraculeux que nous réserve l’auteur en signe d’espoir?

 

Je remercie Ingannmic de m’avoir accompagnée pour cette lecture dans le cadre du mois anglais.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

30 juin 2021 à 11 h 11 min

En lisant ton billet, je réalise que j’ai oublié de parler dans le mien de l’autre fugitif, alors que je prévoyais de le faire !
J’ai beaucoup aimé aussi, l’ambiance et ce personnage complexe, torturé de prêtre complètement imparfait.. une belle lecture commune.



1 juillet 2021 à 14 h 20 min

Merci pour ce conseil de lecture. Le roman a l’air fort riche.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *