Titre : Billy Wilder et moi
Auteur : Jonathan Coe
Littérature anglaise
Titre original : Mr Wilder and me
Traducteur : Marguerite Capelle
Nombre de pages : 304
Date de parution : 8 avril 2021

 

 

Hommage au cinéma 

Jonathan Coe, brillant auteur britannique est aussi un fervent cinéphile. C’est en visionnant La vie privée de Sherlock Holmes qu’il se passionne ensuite pour l’oeuvre de Billy Wilder, célèbre réalisateur, producteur et scénariste américain ( 1906-2002). Dans ce roman, il mêle avec brio biopic et fiction.

Support romanesque

Calista, la narratrice a soixante ans en 2013. Active, passionnée de cinéma, elle est mariée et mère de deux jumelles dont l’une s’apprête à s’envoler pour l’Australie et l’autre à avorter. En cette période difficile, elle se souvient de sa jeunesse.
Elle aussi, à vingt-un ans, quittait sa mère et sa Grèce natale pour partir sac à dos aux Etats-unis. Par l’intermédiaire d’une amie anglaise rencontrée sur place, elle se retrouve, un soir, à la table de Billy Wilder, I.A.L Diamond et leur épouse. Cette rencontre impromptue va bouleverser sa vie. Sa jeunesse et sa méconnaissance du cinéma charment les deux hommes.

Billy veut désespérément savoir ce que les jeunes attendent d’un film de nos jours. Et il n’a jamais l’occasion de parler avec des jeunes.

Lorsqu’ils vont tourner les scènes de Fedora sur une île grecque, ils font appel à Calista comme traductrice. Ensuite elle suivra l’équipe de tournage en Allemagne et en France comme assistante de Monsieur Diamond.

J’avais l’impression d’avoir mis un pied dans une autre sphère, un tout autre monde.

Le chant du cygne

Fedora est l’histoire d’une star déchue jouée par Marthe Keller recluse sur une île grecque. Un scénariste joué par William Holden tente de la remettre sur scène. N’est-ce pas le miroir de la situation de Billy Wilder? Hollywood, préférant « les jeunes barbus » ( Steven Spielberg, Martin Scorcese ou Coppola) qui rapportent, boude Billy Wilder.

En Amérique, le cinéma est un business.

Billy Wilder, né dans l’empire austro-hongrois, trouve un producteur allemand pour financer son film. Une Allemagne qui lui rappelle les blessures de sa jeunesse. Parti à Paris, à Londres puis à Hollywood peu avant la seconde guerre mondiale, il n’a jamais retrouvé sa mère restée à Vienne. Quand il visionne les documentaires sur les camps de concentration, toujours il cherchera le visage de sa mère parmi les déportés.

Je veux dire, répond Billy, qu’avec ce film je ne peux vraiment pas perdre. Si c’est un franc succès, c’est ma revanche sur Hollywood. Si c’est un flop, c’est ma revanche pour Auschwitz.

Un charme fou

Hommage au cinéma, réflexion sur le vieillissement, ce roman empreint de nostalgie vogue entre souvenirs de jeunesse et réalité du présent tant pour les personnages réels, fictifs que pour l’Europe.

Avec l’âge, les espoirs rapetissent et les regrets grandissent. Le défi, c’est de lutter contre ça. D’empêcher les regrets de prendre le dessus.

Et pour cela, il y a les plaisirs de la vie qu’il faut voir et savoir apprécier. La dégustation d’un brie de Meaux, accompagné de pain croustillant et d’un verre de Pinot noir en est un exemple. Jonathan Coe possède une narration et une technique remarquables mais il ajoute aussi ce petit quelque chose qui ferre le lecteur. Une blague, un regard, une gourmandise, une chute remarquable donnent à ce roman un charme fou.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

15 juin 2021 à 10 h 21 min

J’aime Jonathan Coe mais le sujet ne me tente pas 🙂



15 juin 2021 à 12 h 03 min

Je viens de lire Le coeur de l’Angleterre, et le prochain sera « Numéro 11 » puisqu’il est déjà sur mes étagères, mais je note ce titre pour plus tard, le sujet me tentant beaucoup, contrairement à Mumu !



    15 juin 2021 à 15 h 28 min

    Je n’ai pas lu Numéro 11, je viendrai lire ton avis.
    Certains acteurs ou réalisateurs d’Hollywood peuvent avoir la grosse tête et dans ce cas, le sujet peut être agaçant. Mais, Billy Wilder vieillissant a le recul nécessaire pour être touchant tout comme son associé.



15 juin 2021 à 14 h 24 min

celui-ci me tente moins, et j’ai la trilogie qui m’attend 🙂



15 juin 2021 à 16 h 30 min

Un auteur que j’apprécie, alors pourquoi pas.



15 juin 2021 à 23 h 00 min

Oui moi aussi je l’ai trouvé très réussi 😉



16 juin 2021 à 9 h 05 min

Mon avis est à écrire avant la fin du mois, mais je peux dire d’ores et déjà que j’ai beaucoup aimé aussi !



22 juin 2021 à 15 h 42 min

Tu n’es pas la première à n’en dire que du bien. Je veux surtout retourner à cet auteur, peut-être importe le titre.



franckartbeagmailcom
8 janvier 2023 à 20 h 47 min

Grande fan de l’écrivain anglais Jonathan Coe et du réalisateur Billy Wilder, que demander de plus dans ce monde de brutes que de retrouver réunis dans un même livre ces deux monstres de l’art de la littérature et du cinéma.
Ce n’est que pure joie.
Tous les deux savent raconter des histoires humaines avec sensibilité, tendresse teintées d’une agréable mélancolie et d’un humour provocateur comme savent le faire les génies.
Avec subtilité, érudition et documentation, J.Coe nous raconte le personnage réel de Billy Wilder, grande figure du cinéma hollywoodien, réalisateur de films en noir et blanc de cette période désuète passée de mode et disparue de nos écrans.
Petite piqûre de rappel, quelques pépites au hasard : « Certains l’aiment chaud », « Irma la douce », « Sunset boulevard », Assurance sur la mort »…
Inoubliables chefs-d’oeuvres.
Et le fil conducteur, la narratrice de ce roman est une jeune fille grecque qui en 1977 fut l’assistante de tournage de l’avant dernier film de B.Wilder :
Fédora, sorte de film testamentaire d’un lion de l’âge d’or du cinéma hollywoodien.
Et le décalage est superbe entre la vie initiatique de cette jeune femme et le regard d’un autre monde qui va disparaître inéluctablement.
Dans les années 70 émerge un autre cinéma plus spectaculaire et d’autres réalisateurs comme Scorsese et Coppola.
L’autre abyme entre deux époques est le regard porté sur le passé de B.Wilder, allemand qui fuira le nazisme dans les années trente et qui ne retrouvera jamais sa famille comme bien d’autres juifs allemands, hongrois et autrichiens.
Ce que l’on doit retenir de ce texte, c’est l’apport de tous ces exilés qui ont dans ce fracas contribués à construire le style si particulier des films américains des années avant et après guerre.
D’une manière légère et grave à la fois, J.Coe aborde des sujets de sociétés, en l’occurrence ici les exilés d’hier et d’aujourd’hui peut-être ?!
A déguster comme un bon « brie » sur une tartine, vous comprendrez en lisant ce savoureux roman.



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