Titre : Le mal-épris
Auteur : Bénédicte Soymier
Editeur : Calmann-Levy
Nombre de pages : 336
Date de parution : 6 janvier 2021

 

Premier roman d’une blogueuse

De plus en plus de blogueurs passent avec succès de l’autre côté du miroir. Bénédicte Soymier nous livre depuis des années ses chroniques littéraires sur Au fil de livres. Elle publie ici son premier roman, un roman sur la violence conjugale. Un sujet qu’elle entrevoit parfois dans le cadre de son métier d’infirmière. Elle en livre ici une version intéressante, explorant certes l’inéluctable spirale dans laquelle un couple s’engouffre. Mais évoquant aussi la complexité des sentiments. Car rien n’est simple dans ce genre de cas.

Paul un célibataire complexé

Paul est laid, sec et austère, souvent mal fagoté. Mais il séduit parfois grâce à son regard d’un bleu limpide , vif et brillant. La vie de couple, il s’en méfie. Traumatisé par la violence d’un père qui a poussé sa mère dans l’alcoolisme. Il a dû élever ses frères et soeurs, jurant de les protéger contre la violence des autres, notamment Emilie, sa soeur qui tombe toujours sur des compagnons toxiques.
Une première experience amoureuse avec une amie de sa soeur lui a fracassé le coeur. Aujourd’hui, à quarante-cinq ans, gérant d’une petite agence postale, il souffre de la solitude et du regard des autres, rêvant lui aussi du grand amour. Il l’entrevoit avec la nouvelle locataire de l’appartement voisin. Mylène est belle, éplorée depuis sa rupture. Paul se place en consolateur, en homme différent de tous ces imbéciles qui ne savent pas aimer les femmes. Mais après une nuit passée ensemble, un moment d’égarement, Mylène l’évite. Blessé par cette nouvelle déconvenue, Paul souffre et plonge dans la vodka.

Mylène est la fracture entre l’avant et l’après.

La belle et pulpeuse Angélique

Angélique, mère célibataire, est intérimaire dans le bureau de poste que gère Paul. Personne ne peut rester insensible à ses formes, son sourire, ses boucles brunes et ses tenues courtes et moulantes. Depuis le lycée, elle souffre de ces regards qui la cataloguent. Mais elle a besoin d’amour. Alors elle se donne.

Être aimée, même mal, même un peu, davantage que les filles populaires qui la toisent et l’insultent.

Paul, malgré sa laideur, semble gentil, différent. Le vieux garçon accepte facilement l’opportunité de vivre un grand amour avec la pulpeuse Angélique.

Violences conjugales

Malgré leurs doutes, Paul et Angélique décident rapidement de vivre ensemble. Malheureusement, la jalousie et la frustration de Paul  se manifestent violemment. Angélique s’effondre sous les coups.

Elle croit être fautive des regards qu’elle suscite.

Poussée à démissionner, Angélique se sent prisonnière et s’ennuie. Elle supporte de moins en moins les remarques mesquines de Paul. Lequel, enivré, joue facilement des poings.

Originalité du roman

Cette spirale, nous la connaissons. Romans, faits divers, c’est malheureusement un sujet toujours cruellement présent. Ce que j’ai aimé dans le récit de Bénédicte Soymier, c’est cette façon de faire comprendre que rien n’est facile ni évident. Les personnages ne sont ni laids, ni beaux. Ni méchants, ni sympathiques. Ni innocents, ni coupables. Sans défendre l’attitude de Paul, elle décrit intelligemment ce qui se passe dans sa tête, dans son corps. Les blessures d’enfance ne peuvent être totalement des circonstances atténuantes. Mais on écoute aussi les réactions d’Angélique. Victime, elle s’imagine coupable.
Dans un style vif, avec des phrases courtes, l’auteur dynamise le jeu, insiste peut-être parfois un peu trop sur la laideur de Paul. Une laideur qu’elle contrebalance souvent. Pour mieux nous montrer qu’il ne faut pas se fier aux apparences? Paul et Angélique ne se résument pas à ce que les autres voient.
Un premier roman percutant qui nous tient dans l’angoisse d’un dénouement incertain.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

12 août 2021 à 13 h 38 min

je garde un bon souvenir de cette lecture. La violence est étudiée sous tous ses aspects et le personnage de Paul bien campé avec la manipulation qui s’installe …



16 août 2021 à 8 h 03 min

Merci pour ce beau retour de lecture 🙏🏻🙏🏻🙏🏻



17 août 2021 à 13 h 34 min

Un dénouement incertain ? Comme dans la vie, quoi.



    17 août 2021 à 13 h 51 min

    En fait, ce que je voulais dire c’est qu’il y avait « du suspense » ( mais ce mot ne convient pas non plus) dans le dénouement . En tout cas, je me demandais comment cette histoire allait finir.



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