Titre : L’enfant bleu
Auteur : Henry Bauchau
Littérature belge
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 374
Date de parution : août 2004
Un hôpital de jour parisien
Véronique a la quarantaine quand elle est embauchée dans un hôpital de jour parisien. Elle sera professeure dans une classe pour handicapés, chargée des cas difficiles. Après un doctorat de biologie, et suite à l’accident de moto de son mari, elle a entrepris une formation de psychanalyste. Depuis elle vit avec Vasco, un ancien champion de course automobile qui travaille comme ingénieur sans oser se lancer dans sa passion pour la musique.
En arrivant je vois, affiché sur le mur par le professeur d’art, un dessin qui m’enchante et s’accorde à la détresse bien cachée que j’éprouve. C’est une très belle île, une île bleue, entourée de sable blond et couverte seulement de quelques palmiers. Cette île, son ciel, sa lumière, sa minuscule solitude protégée par une mer chaude expriment le désir, la douleur d’un cœur blessé.
Ce dessin naïf est l’oeuvre d’Orion, un garçon de treize ans sujet à de fortes inhibitions et des crises de violence. L’enfant craint les rayons du démon qui l’auraient foudroyé sur un quai de métro. Il ne doit son salut qu’à une troupe de trois cent chevaux blancs. Torturé par ses camardes, Orion ne peut s’exprimer à la première personne et il utilise un langage étrange et personnel.
Séduite par ses dessins et intriguée par son histoire, Véronique accepte de s’occuper de cet adolescent gravement perturbé.
Art et thérapie
Véronique choisit d’utiliser les talents artistiques de l’enfant pour l’aider à formuler ses peurs. En lui racontant l’histoire de Thésée et du Minotaure, elle lui propose de dessiner un labyrinthe. Puis elle l’apaise en l’invitant à dessiner cette île, ce refuge indispensable pour Orion. En se laissant entraîner dans son délire, elle parvient à libérer la parole de son patient. Il lui énonce des dictées d’angoisse puis il lui parle de l’enfant bleu, le seul enfant qui le comprenait, le défendait face aux violences des autres.
Orion est un enfant doué pour les arts. Véronique l’invite à sortir temporairement de l’hôpital pour participer à la production de bannières pour une manifestation ou à suivre des cours de sculpture. Partout, elle l’accompagne pour le rassurer et calmer ses angoisses avant qu’elles ne dégénèrent en crises violentes.
Pour se déployer son imagination a besoin de quelqu’un qui l’écoute, qui croit en lui et dont la confiance suscite l’énorme effort qu’il doit fournir pour aller de l’avant et se libérer du banal.
Petit à petit, Orion prend confiance en lui et se lie avec d’autres adolescents.
Un parcours en commun
Dans une thérapie, il y a toujours les risques de transfert et de contre-transfert. Véronique va s’occuper d’Orion pendant douze ans, allant bien au-delà des ses missions professionnelles. Elle apprend auprès d’Orion qu’il faut savoir vivre avec sa souffrance et même en faire quelque chose de beau. La jeune femme va évoluer auprès de l’adolescent. Ne plus se sentir coupable de la mort de sa mère à sa naissance, assumer la mort de son premier mari et de l’enfant qu’elle portait, accepter que Vasco réussisse dans sa carrière de musicien, savoir vivre sans lui quand il part en tournée, traverser la période angoissante de la maladie de son amie.
Elle va épauler Orion jusqu’à son premier amour. L’amour, un monde dont Orion se croyait exclu. Et même si ce chemin n’est pas évident, ni accepté de tous, il pourrait le conduire vers la maîtrise de son destin, la possibilité de s’affirmer et de dire « je ».
Un long parcours
Psychanalyste et poète, Henry Bauchau fait de L’enfant bleu un bel exemple de l’insertion de jeunes handicapés par l’art. La route est longue : douze ans qui alternent progrès et épreuves à surmonter. Et Orion prend toute la place dans ce récit. J’ai parfois regretté de ne pas entrer davantage dans le passé de Véronique qui semble sacrifier sa vie à cet adolescent. Mais malgré ces impressions, je suis entrée avec intérêt dans le monde d’Orion.
Ce garçon, à sa manière, invente un nouveau monde et l’on découvre que c’est le nôtre.
Commentaires
J’ai adoré ce roman, que j’ai trouvé très très beau.
Et cela te fait une nouvelle participation à l’activité « Lire autour du handicap ». Donc merci à toi !
Oui c’est ma troisième lecture pour ce challenge
Je n’ai pas lu ce titre de Bauchau. Je vais le classer dans la catégorie Couleur livres (de l’art dans un livre) si tu veux bien.
Oui c’est un bon choix
J’avais lu ce titre de Bauchau effectivement, il ne m’en reste pas grand chose de mon côté, sans doute parce que j’ai préféré lire sa triologie autour d’Oedipe et Antigone ;).
J’avais beaucoup aimé Le boulevard périphérique. L’enfant rieur et celui-ci sont plus proches des témoignages. Je n’ai pas lu la trilogie
je n’ai toujours pas lu cet auteur mais cette thématique me plaît bien.
Lu il y a longtemps, et comme Antigone, il ne m’en reste pas grand chose.
Il en reste : Un regard d’enfant différent qui progresse dans un monde agressif grâce à l’écoute et la bienveillance de quelques uns