Titre : Chevreuse
Auteur : Patrick Modiano
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 176
Date de parution : 7 Octobre 2021
Le double littéraire de Modiano
Chez Modiano, les personnages sont à la frontière du roman et de la réalité. En Jean Bosmans, le héros de Chevreuse, on reconnaît le double de l’auteur, sondant perpétuellement sa mémoire.
Cinquante ans plus tard, Jean se souvient de sa rencontre avec Camille Lucas qui, étrangement le replonge dans les lieux de son enfance. L’amie de Camille est en passe de louer sans le savoir la maison de Chevreuse où Jean a passé son enfance. Curieusement, les deux femmes l’emmènent aussi à l’appartement d’Auteuil, là où enfant il a rencontré d’étranges personnages. Quinze ans plus tard, ce lieu est encore le rendez-vous nocturne d’une foule d’interlopes, sous les yeux d’un enfant qui pourrait être sa réincarnation.
Les personnes qui gravitent autour de Camille appartiennent tous à l’enfance de Jean, confié à son plus jeune âge à Rose-Marie Krawell dans la maison de Chevreuse, rue du Docteur-Kurzenne.
La mémoire fragile
Trois périodes se dessinent dans les souvenirs de Bosmans : la période du récit, le temps de la rencontre avec Camille cinquante ans plus tôt et l’époque de l’enfance quinze ans avant. Il faut donc jongler avec ces trois temps, déformés par les effets de la mémoire.
Un détail en ramenait parfois d’autres dans sa mémoire, agglutinés au premier, comme le courant ramène des paquets d’algues en décomposition. Et puis, la topographie vous aide aussi à réveiller les souvenirs les plus lointains.
Derrière le flou des souvenirs, il y a aussi l’énigme du passé. Nous ne saurons que peu de choses sur les faits troublants qui ont marqué la jeunesse de Bosmans.
Une oeuvre construite sur l’énigme de l’enfance
Toute l’oeuvre de Modiano est basée sur les souvenirs de sa jeunesse. Une enfance énigmatique qui hante l’auteur et qu’il explore au fil des romans. L’écrivain semble mettre les fantômes de son enfance en pages pour mieux les maîtriser.
Les personnes qu’il avait croisées durant l’hiver et le printemps de cette année semblaient désormais si lointaines, des ombres qui se perdaient à l’horizon…Il leur avait volé leurs vies, et même leurs noms, et elles n’existeraient plus qu’entre les pages de ce livre. Dans la réalité et sur les trottoirs de Paris, on n’avait plus aucune chance de les rencontrer.
Faut-il lire tous les romans de Modiano à la suite pour s’imprégner de son univers? Pris séparément, je crains de ne pas saisir toute la dimension de ce roman. Chevreuse semble être une pierre angulaire de l’oeuvre de Modiano. Personnellement, je n’ai pas été convaincue par cette histoire trouble.
Commentaires
j’en ai lu quelques uns, pas assez sans doute pour apprécier celui là, je passe mon tour!
J’ai lu tous les livres de Modiano. Je n’arrive pas à accrocher, mais je persévère pour trouver ce que je ne vois pas, mais que tellement de gens y voient. Et je me rends compte en fait, que je ne suis pas le seul. Alors, Modiano, surfait ?
Je ne suis donc pas la seule. J’ai un peu le même cas avec Philippe Jaenada, souvent adulé mais personnellement je n’arrive pas à entrer dans son univers.
J’ai ressenti exactement la même chose que toi… mais je découvrais la plume de l’auteur donc ceci explique peut-être cela, comme tu le dis en conclusion.
Je me sens moins seule grâce à vos commentaires
Il ne m’a pas convaincu non plus. Il a écrit bien meilleur.
Oui et je crois que tu en as lu beaucoup dernièrement
ma résolution de lire Modiano ne s’est toujours pas réalisée et j’admets que ton avis mitigé ne m’y pousse pas tellement…
En tout cas, je ne conseille pas de commencer avec celui-ci
Un narrateur qui se remémore le passé lointain, une histoire trouble…Bon, ca ressemble à s’y méprendre à Villa Triste. Je ne relirai pas d’autres Modiano…
Toujours un peu pareil. C’est ce que je regrette chez un certain nombre d’auteurs « installés »
Ils radotent tous ahah Mais tu connais la célèbre citation : « On écrit toujours le même livre ».