Titre : Ces femmes-là
Auteur : Ivy Pochada
Littérature américaine 
Titre original : These women
Traducteur : Adélaïde Pralon
Editeur : Globe
Nombre de pages : 400
Date de parution : 9 mars 2023

 

Celles qui restent

Dorian tient la baraque à poissons dans un quartier sud de Los Angelès. Quinze ans plus tôt sa fille Lecia fut la dernière des treize victimes d’un tueur en série. Des prostituées selon la police, mais sa fille n’était pas une des leurs. Si, à l’époque, Dorian a fait du tapage. Aujourd’hui elle est résignée. Mais elle continue à voir sa fille au coin des rues et à nourrir ces femmes-là qui traînent dans le quartier. Une manière de les rassurer, de les protéger. Elle garde surtout un oeil sur Julianna, une enfant que gardait sa fille. Devenue grande et danseuse dans un bar de striptease, elle est devenue une proie.
Car depuis quelques temps, elle s’inquiète de cadavres d’oiseaux laissés dans la cour de sa baraque ou près de sa maison. Puis les assassinats de femmes reprennent. En moins d’un an, trois femmes ont été retrouvées près de Western avenue, la gorge tranchée et un sac sur la tête.
Chaque partie du récit donne la voix à une femme : Dorian, Julianna, Essie Perry la flic , Marella l’artiste et Anneke sa mère. Entre temps la voix de Feelia, une rescapée de 1999, raconte son drame, son impression d’être épiée en permanence. Chacune a accumulé une rancoeur liée à l’ exclusion, l’ impossibilité de trouver une place décente et méritée dans cette société qui garde en mémoire les traces des émeutes raciales de 1992.

La malédiction de la couleur de peau

Dorian, native de Rhode Island ne pensait pas qu’en épousant un homme noir, elle lèguerait à sa fille la malédiction de la couleur de peau. Pour toutes ces jeunes femmes, la rue devient le seul moyen de gagner leur vie. Julianna aurait aimé être photographe mais elle se contente de saisir des images sur son portable. Des images de celles qui comme elles, exposent leur corps, subissent la violence des hommes, se motivent avec des lignes de coke.
Marcella , elle, laisse exploser sa rage lors de combats de boxe illégaux entre femmes. Elle veut vivre la violence selon ses propres termes. Peut-être aussi faire réagir ce père taiseux plongé dans des lectures audio de livres de guerre. Pour sa première exposition, elle souhaite mettre en scène l’émotion, la violence extrême.

J’ai toujours été intéressée par la destruction du corps féminin. Ou plutôt par la façon dont le monde s’acharne à le détruire. Selon moi, il est le seul à subir une telle violence, à la fois physique, psychologique et émotionnelle.

Le désintérêt de la police

Après le meurtre de sa fille, Dorian s’est battue pour faire entendre sa voix. La police n’avait que faire de la mort de prostituées noires. Pour les flics, se faire trancher la gorge fait partie des risques du métier. Quand elle revient pour les cadavres d’oiseaux, elle est reçue par Essie Perry. Flic latino de petite taille, Essie est sur la touche depuis un accident qui a coûté la vie à deux petites filles. Les rumeurs, les moqueries, elle connaît. Elle sera la seule à écouter ces femmes-là, à enquêter.

Un roman noir féministe pas comme les autres.

Ivy Pochada donne la voix aux victimes, aux femmes que personne n’écoute. Elle respecte leurs émotions jusqu’à utiliser leur phrasé. Ces femmes-là sont magnifiques, empathiques, douées, fortes.
L’auteur parvient à transmettre leur peur quotidienne. Les mères angoissées pour leurs filles exposées à la violence, aimeraient croire au milieu du désespoir que « leurs filles comptent ». Malheureusement elles sont bien souvent emportées par la boue des violences raciales.

Un roman noir, féministe à la fine analyse psychologique. Tout ce que j’aime.

Je remercie Babelio et les éditions Globe pour l’attribution de ce roman lors de la dernière Masse critique Mauvais genres.

 

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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

23 avril 2023 à 20 h 23 min

Un sujet qui m’intéresse. je note ce titre.



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