Titre : La symphonie atlantique
Auteur : Hubert Haddad
Editeur : Zulma
Nombre de pages : 224
Date de parution : 5 septembre 2024
L’ange blond
Des boucles blondes qui lui donnent une mine d’archange, un regard bleu qui se perd facilement dans les rêves, Clemens est un enfant qui attire la sympathie. Il vit à Ratisbonne ( Bavière) avec sa mère, Maria-Anke Oberndorf. C’est une femme fragile « chavirant sans cesse entre exaltation et langueur. » Lorsqu’elle erre sur le pont gothique, pensant au suicide ou devant la statue de l’Ange au sourire de la cathédrale, elle laisse son fils à Handa, une jeune voisine pianiste. Clemens y découvre la musique.
La musique habite un monde inaccessible, elle est comme l’âme des absents.
Et des absents, il y en aura beaucoup dans la vie du jeune Clemens. Lorsque Maria-Hanke disparaît, Handa a pour mission d’emmener Clemens chez son grand-oncle dans la Forêt Noire. Il ne devra jamais abandonner le violon de son grand-père, gazé à Verdun.
Réfugié chez l’oncle Reinhold, il voit aussi partir Handa.
Un violon protecteur
Alors que le régime nazi fixe ses règles morbides sur l’Allemagne, l’aryanité et le talent musical de Clemens deviennent ses protecteurs involontaires. Ce jeune garçon, tel un archange, envoûte tous les publics quand il tire de son violon des mélodies vibrantes.
La musique est un des refuges de l’enfant. Mais il aime aussi se perdre dans les forêts ou dans les livres des bibliothèques.
Les livres lui racontent éperdument l’immobile adieu, la beauté du monde, l’amour explorant les ténèbres.
De Ratisbonne à la forêt noire, de l’institut Ludwig Schunke, un des derniers établissements à enseigner la musique et les langues mortes au Mur de l’Atlantique, Clemens grandit au milieu des morts, des bombardements, des drames et des miracles que provoquent son innocence et son violon.
N’est-il pas aussi effrayant de grandir, de franchir un gué de l’enfance, que d’avoir à mourir ?
Au-delà de la guerre
Hubert Haddad en conteur poétique, précis et pointu nous embarque dans cette histoire poignante. Sans rien occulter de la brutalité d’une guerre, des décisions ignobles du nazisme, l’auteur éclaire son roman d’éclats de beauté.
Clemens, avec l’innocence et le rêve de l’enfance, nous guide sur le chemin du beau. Avec un vocabulaire sacré et musical, le lecteur se perd dans les forêts où se cachent les faons et les oiseaux. La musique de Mozart, Mendelssohn, Schumann envoûtent les officers, protègent mieux qu’un abri et résonnent comme un hommage sur le champ de bataille. Seule la musique désarme les cauchemars de Clemens et elle donne ici un éclat de beauté à une histoire tragique.
Au cœur de nos guerres modernes où l’on bannit une fois de plus « compassion et altruisme » , rappelons-nous que l’art ( dont fait partie ce roman) reste un acte de foi, de courage et d’espoir dans la brutalité de nos environnements actuels.
Commentaires
J’ai aimé ce personnage principal qui reste un peu énigmatique.
Oui c’est vrai que ce petit garçon est extraordinaire