Titre : Maisons vides
Auteur : Brenda Navarro
Littérature mexicaine
Traducteur : Sarah Laberge-Mustad
Editeur : Mémoire d’encrier
Nombre de pages : 186
Date de parution : 3 mars 2022

 

Deux mères en souffrance

Dans un parc d’enfant, une femme a les yeux rivés sur son portable. Elle attend un message de son amant. Elle en oublie de surveiller son petit garçon de trois ans. Quand elle lève les yeux, Daniel a disparu.
Rentrée chez elle, elle s’effondre de douleur. Ensuite viendra la culpabilité. Son amant valait-il autant d’attention ? Était-elle une bonne mère ? Avait-elle la force de s’occuper d’un enfant autiste ?
En alternance, s’exprime la voix d’une autre mère, celle qui a enlevé l’enfant. Son rêve était de mettre au monde une fille. Mais ce n’était pas le projet de son compagnon, un petit délinquant violent. Aussi, en croisant la petite frimousse de Daniel, elle sait qu’il viendra combler son mal d’enfant.

C’est ce que nous les femmes devons faire : être des maisons vides, des maisons qui hébergent la vie ou la mort, mais pas des maisons bel et bien vides.

Deux milieux, deux styles

La famille biologique de Daniel fait partie de la classe aisée du Mexique. Peut-être ne leur manque-t-il que l’amour. Celui qu’une femme ne peut pas donner à Nagore, une enfant qui n’est pas à elle. Celui d’un père qui ne peut s’attacher à un enfant autiste. Le style de l’auteur est ici élaboré. Les phrases courtes, répétitives illustrent la douleur et l’urgence.
L’autre famille à la peau sombre appartient aux milieux défavorisés. La jeune génération s’est construite sur les traumatismes de l’enfance. Si la mère voleuse d’enfant a réussi à créer une entreprise florissante, elle traîne un compagnon violent et profiteur. Ici le style est cru et violent.

Désir d’enfant

En alternant ces deux voix de femmes, l’auteur mêle le drame de l’enlèvement aux blessures du passé de chaque femme. C’est surtout l’expression de deux visions de la maternité au sein d’une violence familiale directe ou indirecte.
L’une vit sa grossesse en plein drame familial de sa belle-famille. L’autre subit la violence d’un compagnon égoïste.
Derrière ces drames personnels plane la douleur nationale des nombreuses disparitions d’enfants disparus en Amérique du Sud.

Avec cette collection, Mémoire d’encrier propose de nouvelles voix d’Amérique latine. Et ce premier roman dévoile une auteure à suivre.

Lu dans le cadre du Challenge Voyageur.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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