Titre : On a mangé la mer
Auteur : Maxime de Lisle
Illustrateur : Olivier Martin
Editeur : Futuropolis
Nombre de pages : 128
Date de parution : 19 février 2025

 

Une mer en danger

Avec le réchauffement climatique, l’espèce humaine s’inquiète égoïstement des risques pour sa survie. Nos littoraux sont menacés par la montée des eaux. Les cataclysmes naturels détruisent nos villages.
Mais beaucoup oublie que sauvegarder nos océans est la première priorité.

Il ne peut y avoir d’humanité en bonne santé avec un océan malade. ( Isabelle Autissier)

Nous sommes nés de ces océans. Ils fournissent 50% de l’oxygène que nous respirons. Et ils nourrissent des milliards d’hommes. Pourtant ce milieu reste largement mystérieux et méconnu.

Maxime de Lisle, fondateur de l’ONG Seastemik et le dessinateur, Olivier Martin, mènent ici une enquête détaillée et passionnante.
Un goéland survole les mers, s’inquiétant de la raréfaction de sa nourriture. Avec les dangers de la surpêche et la pollution terrestre, l’équilibre du milieu marin est en grand danger.
En convoquant des scientifiques, des activistes, des pêcheurs et des personnalités du monde de la mer, les auteurs apportent un regard éclairé sur les dangers de la surpêche.

Poissons en voie de disparition

En février 2022, la découverte d’un banc de poissons morts de plus de trois mille mètres carrés met en évidence les pratiques dangereuses des immenses chalutiers. Le Margiris est le second plus grand chalutier du monde. Il prélève chaque jour jusqu’à 250 tonnes de poissons. A-t-il été victime d’une rupture de chalut ? A moins qu’il n’ait rejeté des poissons de moindre valeur commerciale. En effet, les fleurons de la pêche française, propriété de deux groupes hollandais, misent avant tout sur la consolidation de leur chiffre d’affaires.
Et ils ne cessent d’inventer de nouvelles techniques toujours plus dévastatrices comme la senne démersale, la pêche électrique, les zones d’élevage.

L’autre cause de la diminution de la mane halieutique est le pollution terrestre. Les polluants industriels et agricoles contaminent les rivières, les fleuves pour finir dans la mer. Sans investissement sur le traitement des eaux, les coquillages sont infectés et les poissons perdent en calibre et en espérance de vie.

Les tentatives de régulation

A l’instar de la politique agricole commune, la Commission européenne définit avec la Politique Commune de la Pêche, les règles d’accès aux eaux européennes afin de garantir un emploi stable aux pêcheurs et de soutenir la transition vers une pêche durable.
Cependant, quatre-vingt-dix pour cent des poissons consommés dans l’Union européenne sont issus de l’importation de pays non soumis aux contraintes environnementales.
Et l’exemple le plus marquant est celui du saumon. Là aussi, les géants du secteur privilégient la temporalité du marché à la sauvegarde de la planète. La taille des élevages est source de pollution. La concentration provoque des maladies qui pousse à l’utilisation d’antibiotiques. La fabrication des farines animales vide les ressources de l’Afrique.

Les espoirs

Les premiers signes de déséquilibre des océans ont été constatés dans les années 70. Aujourd’hui, le retour en arrière est presque impossible.
Mais cette lecture pousse à une prise de conscience.
Parce que d’une part, certaines initiatives sont encourageantes. Ainsi quelques mesures locales, européennes ou mondiales ont permis la protection des dauphins dans le golfe de Gascogne ou le retour des baleines à bosse à La Réunion.
Et d’autre part, le consommateur comprend qu’il a une grande responsabilité face à ce danger. Préférer les produits locaux de la pêche côtière au saumon d’élevage ( le saumon atlantique est quasiment éteint à l’état sauvage), consommer trois fois moins de poisson.

Ce qui compte au final, ce n’est pas le « pouvoir d’achat » mais plutôt le « pouvoir de vivre »

Une enquête superbement construite et passionnante. A lire sans modération.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

26 février 2025 à 12 h 18 min

Merci pour cette présentation si importante qui suscite en moi tristesse et colère contre un modèle privilégiant toujours l’argent au détriment de l’humain.



    27 février 2025 à 8 h 06 min

    Je recommande fortement cette lecture. Un récit bien construit qui nous interpelle. J’ai vu que paraissait en mars un hommage à la mer Christophe Ono-Dit-Biot. Et malheureusement avec le même constat.



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