Titre : On m’appelle Demon Copperhead 
Auteur : Barbara Kingsolver
Littérature américaine
Titre original : Demon Copperhead
Traducteur : Martine Aubert
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 624
Date de parution : 1 février 2024

 

Né coiffé

Damon naît entouré de sa poche d’eau intacte. Un signe de chance, paraît-il. Mais ce ne semble pas être le cas pour cet enfant au sang mêlé, aux cheveux roux, et aux yeux verts. Ainsi,  son physique et ses origines lui valent le surnom de Demon Copperhead.
A sa naissance, sa mère, junkie, n’a que dix-huit ans. Elle vit dans un mobil-home dans le comté de Lee en Virginie. Son père, un Melungeon, est mort au lieu-dit La baignoire du diable.
Heureusement, Damon trouve un peu de réconfort chez ses voisins, les Peggot. Il aime traîner avec Maggot, leur petit-fils dont la mère est en prison. Pourtant, tout bascule quand sa mère se met en ménage avec Stoner, un homme violent. A la suite d’une overdose de sa mère, Damon est placé dans une famille d’accueil.
Dans ce comté, les enfants placés sont avant tout source de revenus et ils sont de la main-d’oeuvre gratuite. A dix ans, Demon travaille dur dans la ferme de l’affreux Crickson. Mais il y rencontre aussi Tommy ou Swap-out, des amis de fortune, orphelins comme lui. Et le quarterback Fast-forward, un jeune homme qui les initie à la consommation de drogues.

Un garçon résilient

A la mort de sa mère, Demon est placé chez les McCobb, une famille sans le sou qui l’envoie travailler au tri des déchets. Quand ces derniers déménagent et que son assistante sociale l’abandonne, Demon prend la route. Une route dangereuse où il perdra son argent et ce qui lui reste d’enfance.
Mais quelque soit la tristesse, le monde doit continuer de tourner. Et Demon continue son chemin.
Enfin,  il parvient à retrouver sa grand-mère paternelle et elle le place chez le coach Winfield. Il est le veuf d’une des nombreuses jeunes filles qu’elle a sauvées de la misère. A-t-il enfin trouvé un foyer ?
On pourrait le croire. Angus, la fille du coach, une fille atypique et adorable, devient sa soeur de coeur. Demon est scolarisé mais il devient surtout une star du football.
Toutefois,  à quinze ans, le jeune garçon n’a pas l’habitude de la gloire et de la gentillesse. Il ne veut rien devoir à personne. Malheureusement un accident compromet sa carrière de footballeur. Et sans le football, Demon n’est plus rien.

Une région abandonnée

Barbara Kingsolver nous conte l’histoire de Demon en s’inspirant du célèbre roman de Charles Dickens. C’est le destin d’un enfant né dans la misère qui trouve sur son chemin des hommes qui l’exploitent mais aussi de bonnes âmes qui l’épaulent.
Mais c’est aussi l’histoire d’une région, les Appalaches. Cette région où vit l’auteure, abandonnée par la grande Amérique.
Le comté de Lee est un ancienne région minière, reconvertie dans la culture du tabac. C’est un boulet pour le pays, un endroit tenu dans la misère pour mieux l’exploiter. Une région choisie par les laboratoires pharmaceutiques pour répandre l’oxycontin, ce médicament anti-douleur qui rend les pauvres gens complètement dépendants. Dans cette région, aucun adolescent n’est épargné.

Nous les gens de la campagne, on est nulle part. C’est un drôle d’état, être invisible. Tu peux en arriver au point où t’as besoin de faire le plus de bruit possible pour te sentir encore en vie.

Mais c’est aussi un lieu où la nature est belle, où les gens sont solidaires. Pas de meurtres ou de SDF dans les rues. C’est peut-être l’endroit où un jeune homme perdu peut croire à son destin de dessinateur et encore espérer voir la mer.

Un roman addictif, peuplé de personnages poignants. C’est une descente aux enfers tant du personnage principal que de cette Amérique raciste qui abandonne les faibles.

En ce mois de la littérature au féminin, rappelons que Barbara Kingsolver a obtenu, en plus du Prix Pulitzer, le Women’s Prize for Fiction 2023.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

6 mars 2025 à 10 h 56 min

Il a l’air génial ce roman, j’ai hâte d’avoir l’occasion de le découvrir !



6 mars 2025 à 14 h 51 min

J’ai beaucoup aimé ce roman, inspiré de Dickens, certes, mais sans le misérabilisme qui va avec.



    6 mars 2025 à 16 h 03 min

    Je ne me souviens pas avoir lu David Copperfield mais j’en ai sûrement étudié des extraits.
    Le narrateur fait référence à Dickens «  il les connaissait, les gamins et les orphelins qui se faisaient entuber et dont personne n’avait rien à branler. »
    Moins de misérabilisme mais c’est affolant de constater que l’on abandonne encore de nos jours des régions, des pays pour le profit de certains. Mais je m’éloigne…



6 mars 2025 à 15 h 42 min

Il y a longtemps que je n’ai pas lu cette auteure. Je note ce titre, merci.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur Sur la route de jostein

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture