Titre : Nos insomnies
Auteur : Clothilde Salelles
Editeur : L’arbalète
Nombre de pages : 256
Date de parution : 9 janvier 2025

 

Une famille insomniaque

La narratrice de ce roman est une toute jeune enfant. Elle vit avec ses parents et ses frères jumeaux dans un village d’une banlieue périurbaine. Son père a un poste important dans un laboratoire à Évry et sa mère travaille à la bibliothèque. Une famille ordinaire en somme. Si elle ne souffrait d’un malaise congénitale. Une insomnie qui touche le père mais aussi en cascade la mère et la narratrice.
Aussi, à l’école ou chez ses amies, la narratrice perçoit la différence entre sa famille et celles des autres enfants.

A l’école, les autres évoquaient leurs parents comme une seule entité, des méparents, papaetmaman, monpèreetmamère qui faisaient naître en moi des images étranges, des créatures bicéphales; étant incapable de concevoir les miens de la sorte, je m’évertuais à distinguer oralement monpère et mamère. Alors même que je ne savais pas grand-chose de la vie que mes parents avaient menée avant de devenir un couple.

Déchiffrer les mots

Effectivement, une des particularités de ce roman est de raconter cette histoire avec la perception d’une enfant. Elle entend des choses qu’elle ne comprend pas forcément . Ainsi elle traduit sa compréhension avec des mots valise. Des mots sans cesse répétés chez elle en fonction de leur façon de vivre, leur perception de l’environnement. Elle vit avec les journédificil, maldedos, chutpapadort, cesfoutusavions, bruitsd’travaux…Aussi vit-elle dans une nébuleuse dont elle perçoit tout de même l’étrangeté et le stress.
Mais de tout cela on ne parle pas. Comme on ne parlera pas ensuite de cequisestpassé ou lafaçondontçasestpassé.

les mots pouvaient marquer les esprits au fer rouge. C’était pour ça qu’ils effrayaient tant les adultes.

Un premier roman remarquable

De manière très subtile, à hauteur d’enfant ( mais avec un langage très adulte), Clothilde Salelles montre la difficulté de vivre dans une famille où règne la dépression ou la maladie. Si les enfants sont parfois suivis par un psychologue, personne ne leur explique la situation avec clarté. D’ailleurs est-ce possible d’évoquer ces sujets avec de jeunes enfants ?
La narratrice se souvient des bons moments comme les périodes de vacances dans le Sud. Mais aussi de ces journédificil.
Plus tard, elle culpabilise d’avoir senti un certain soulagement après cequisestpassé. L’auteur nous amène facilement à comprendre ce sentiment.

Clothilde Salelles mène cette histoire avec beaucoup d’habileté. Avec un certain mystère, elle nous donne pourtant à voir très clairement ce qu’une jeune enfant peut ressentir face à un drame familial qui reste tabou.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

3 mars 2025 à 9 h 54 min

Tu confirmes la bonne impression que j’avais de ce roman après en avoir entendu parler dans le Book Club de France culture.



3 mars 2025 à 12 h 43 min

Un sujet trop personnel pour moi.



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