Titre : Le jour des corneilles
Auteur : Jean-François Beauchemin
Littérature québécoise
Editeur : Québec Amérique
Nombre de pages : 216
Date de parution : 16 janvier 2025

 

Du roitelet aux corneilles

Jean-François Beauchemin s’est fait connaître en France avec Le roitelet. Depuis Quebec Amérique publie régulièrement ses romans et il propose cette année la réédition d’un livre paru en 2006 au Québec,  Le jour des corneilles.
Ce roman se démarque par sa langue archaïque. Il faut dire que les personnages principaux, le père Courge et son fils, vivent reclus dans la forêt. Si ce langage perturbe le début de la lecture, je m’y suis vite adaptée.
Nous retrouvons ici les thèmes chers à l’auteur dans un environnement intime et sauvage.

Face au juge

C’est le fils Courge qui nous raconte cette histoire. Enfin, il la confie à un juge. Nous nous doutons alors que la vie de ce jeune garçon a tourné au drame.
Le jeune garçon vit avec son père, un homme solide, sauvage et musculeux. La mère est morte suite à l’accouchement. Et depuis, le père ne tourne pas bien rond. Parfois hanté par des voix, il malmène son fils. Nourrisson, il l’avait nourri avec du lait de hérisson puis enterré vif dans un trou de marmotte.
Lors d’une chute d’un arbre, le vieil homme est emmené à l’hôpital avec son fils. Pour l’enfant, c’est un choc culturel. Il y découvre les villageois, le bain et la douce Manon.

C’est à ce moment-là qu’amour établit sa paillasse en ma personne. C’est là aussi que je pressentis que parole donne vie à toutes choses en les baptisant d’un nom.

Le père interdit au fils de revoir les villageois qui autrefois, lui ont fait outrage. Et le fils apprendra ce qu’il se passa le jour des corneilles lors d’un cauchemar du père.

L’amour d’un père

Mais puisque le fils a compris qu’il pouvait exister de l’amour entre deux personnes, il veut absolument savoir si son père l’aime, s’il a un cœur ? Et lui, est-il un bon fils ?
Jean-François Beauchemin nous emmène dans un tourbillon de violence, celle d’un père meurtri, poussé à la folie envers un fils « complice esclavé » qui ne trouve soutien qu’auprès des morts.
C’est un roman difficile par la violence des relations filiales, le langage particulier, la noirceur de la sauvagerie,  de la folie et de la mort.
Comment parler des émotions quand on ne maîtrise pas l’art de la parole ?

Ah! Si j’avais conçu plus tôt que les mots sont comme clé de glotte, et que par eux se défont les obscurités du secret !

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

18 avril 2025 à 10 h 28 min

J’avais adoré ce titre, pour sa langue si inventive mais aussi pour sa sombre histoire…



    19 avril 2025 à 8 h 32 min

    Vraiment très sombre. J’ai un peu pensé au livre de Jeanne Benameur, Les demeurées. Pour son côté rapport au langage parce qu’il y avait beaucoup de tendresse entre la mère et la fille.



18 avril 2025 à 13 h 20 min

Le Roitelet n’était pas un sujet facile. Celui-ci a l’air un cran au-dessus.



    19 avril 2025 à 8 h 24 min

    C’est tout de même un auteur assez ténébreux mais il y a souvent une lumière au bout du tunnel. Si ses romans ne sont pas autobiographiques ils sont largement inspirés de son expérience



belaval
18 avril 2025 à 15 h 24 min

Depuis le Roitelet, j’essaie de lire Beauchemin; Le Jour des Corneilles, venant d’un auteur délicat et poétique, m’a surprise par sa cruauté mais aussi par cette langue inventée. J’en ai lu une dizaine mais il en a écrit plus de 25; beaucoup semblent autobiographiques mais il n’en est rien (ou si peu) il revendique l’imagination.



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