Titre : Le vent passe et la nuit aussi
Auteur : Milena Agus
Littérature italienne
Titre original : Notte di vento che passa
Traducteur : Marianne Faurobert
Editeur : Liana Levi
Nombre de pages : 176
Date de parution : 16 janvier 2025
Cosima
La famille de Cosima quitte la maison et le village de la grand-mère maternelle pour s’installer à Cagliari. Le père, un doux rêveur qui aime peindre, ne trouve pas de travail. La mère fait des ménages et se désole d’être misérable.
Aussi, lorsqu’elle apprend que son père, un homme marié qu’elle croyait mort est, non seulement bien vivant mais riche, elle rêve d’intégrer cette belle famille. Bien évidemment, cette fille illégitime n’y est pas acceptée.
Alors je crois que si maman était pauvre, c’était surtout en espoirs et en rêves.
Cosima est une excellente lycéenne et une grande lectrice. Elle ne trouve pas sa vie misérable malgré l’ambiance familiale et ce petit frère muet et incapable de marcher. Car son refuge se trouve dans les livres.
Son meilleur ami, Senor bandazo, qui a vécu sa jeunesse à Cuba, ne vit que pour passer ses vacances dans des ONG en Afrique ou en Amérique du Sud. Là où est la vraie misère. Ce garçon sans charme aux yeux de Cosima, est ancré dans la réalité. Alors que Cosima « littérature » sa vie.
Littératurer sa vie
Stimulée par une professeure de lettres passionnée, Cosima vit dans les livres.
Notre professeure nous administrait des livres comme des médicaments.
Selon elle, chaque problème à sa réponse dans un livre.
Aussi, lorsque Cosima rencontre Constantino Sole, un berger ténébreux de trente-cinq ans, elle voit en lui Heathcliff des Hauts de Hurlevent ou encore Constantin Lévine dans Anna Karénine. Pour finalement se sentir Ophélie dans la pièce de Shakespeare.
De nombreux adolescents vivent dans un monde virtuel, rêvant de vivre la même chose que leurs héros. Certains ne s’adaptent jamais au monde réel ou, en tout cas, tombent de haut face à la réalité.
La Sardaigne
Si ce roman a une trame un peu légère, il est un superbe hommage à la littérature et à la Sardaigne.
Les textes littéraires ne vous apporteront pas de réponses précises, les plus réussis vous laisseront même dans le doute. N’est-il pas préférable de s’habituer à douter, puisque la vie est remplie de situations sans solutions ? Ce qu’il y a de formidable, avec les grands livres, c’est qu’ils nous permettent d’apprendre de ceux que l’histoire laisse à la dérive, des naufragés . C’est comme se tenir sur la rive d’un fleuve et contempler l’eau qui coule : ça, c’est la trame. Mais sous l’eau, que de débris, de tranchées, de courants, de poissons ! Grâce aux livres, vous ne vous sentirez plus jamais seuls, vous vous ferez beaucoup d’amis, car lorsqu’un auteur nous touche, nous nouons avec lui, ou avec elle, un rapport intime.
Quant à la Sardaigne, on se régale de paysages et de plats typiques.
Parfois, nous longions la mer, les récifs de porphyre et de granit, les petits étangs saumâtres aux reflets d’argent.
Milena Agus regrette aussi la désertification des villages et l’attitude résignée des sardes. Toujours à l’image de la littérature, les sardes devraient dire « je préfère ne pas » aux camps d’entraînement militaires et déchets nucléaires, aux constructions illégales et bétonisation du littoral…
Avec la professeure de littérature, elle invoque l’harmatia ( L’hamartia, selon Aristote, est une faute commise par le héros permettant le renversement du malheur au bonheur ou du bonheur au malheur.)
Ce qui, avec la poésie de Grazia Deledda, explique le titre de ce roman.
Et la nuit passe (…) le vent tombera (…) le calme reviendra, la tempête reviendra, et après elle, le calme.
Commentaires
Pour la Sardaigne !
Elle en parle forcément très bien
Je n’ai pas lu cette autrice depuis Mal de pierres, que j’avais apprécié mais sans plus. Ici, je suis plutôt tentée par le sujet : se projeter dans les livres et y trouver des réponses, ça me parle complètement !
Oui c’est le côté le plus intéressant avec la plongée dans les paysages, la culture et la cuisine sardes
Pour la Sardaigne, alors.
Une région qui attire apparemment. Milena Agus est un excellent guide
c’est ma prochaine lecture !
Oui, c’est le mois italien ! Bonnes lectures