Titre : Perpétuité
Auteur : Guillaume Poix
Editeur : Verticales
Nombre de pages : 336
Date de parution : 21 août 2025

 

 

Une nuit, une prison.


Guillaume Poix nous plonge au cœur d’un établissement pénitentiaire du sud de la France. Juste le temps d’une nuit. Une nuit pourtant interminable, où les nerfs des surveillants sont mis à rude épreuve.
Tout commence avec l’arrivée de Pierre, surveillant en chef. Il entame sa prise de poste en laissant son téléphone personnel au vestiaire, avant de retrouver une dizaine de collègues : deux équipes de cinq.

Tout au long de la nuit, ils effectueront les rondes, vérifieront que chaque détenu est bien présent, bien vivant. Certains surveillent depuis les miradors, d’autres scrutent les écrans de contrôle.
Onze surveillants pour 950 détenus dans une prison conçue pour 617. Le lieu est saturé, les tensions palpables, les conditions de travail en chute libre.

Et cette nuit-là, tout s’intensifie avec l’arrivée d’un nouveau détenu : un tueur en série sous haute surveillance, que Bianca, la directrice de la prison, connaît personnellement.

Un reste d’humanité

Dans ce huis clos étouffant, chacun laisse entrevoir ses failles, ses souvenirs, ses douleurs, ses espoirs.
Maëva, mère divorcée, tente de gérer à distance les soucis de sa fille Nayla. Abraham, proche de la retraite, ressasse sa culpabilité liée à un drame familial.
Kim, usée par les nuits à répétition, laisse éclater une violence contenue, tandis que Bianca, son amante et supérieure hiérarchique, semble cette fois impuissante.
Même Bianca, la directrice, se laisse traverser par les réminiscences de sa jeunesse et les raisons profondes de son engagement.

Autour de lasagnes préparées par Laurent, le surveillant syndicaliste, on tente de souffler, de relâcher la pression : un tango improvisé, un tiramisu partagé. Mais malgré cela, les anciens peinent à rassurer Christ-Marceau, le petit nouveau.

« Je suis dans le pénitentiaire depuis trente ans, et je sais toujours pas comment réagir face à un frappadingue qui me fixe avec l’œil vide. »

Une nuit sous haute tension

Fatigue chronique, surpopulation carcérale, conditions de travail dégradées… La tension monte, inexorable.
Guillaume Poix distille ici et là des phrases qui sonnent comme des alertes, des avertissements. Le drame semble imminent.

Les surveillants enchaînent les codes bleu et blanc, oscillant entre urgence médicale et intervention de sécurité.
Si la prison est un accélérateur de troubles psychiatriques pour les détenus, elle devient aussi une forme d’enfermement pour ceux qui y travaillent.

« C’est nous qui avons pris perpète », soupire Maëva.

L’auteur a longuement côtoyé l’univers carcéral, et cela se sent. Il restitue avec justesse la réalité de ces hommes et femmes de l’ombre, souvent oubliés des récits.

Certes, l’unité de temps (une seule nuit) concentre une accumulation de drames qui peut paraître peu crédible, voire étouffante. Mais cette intensité narrative permet de rendre visible  un monde méconnu, rude et profondément humain.

A lire si vous souhaitez savoir ce qui se passe derrière les murs d’une prison. Passer un moment avec ceux qui risquent leur vie pour surveiller des détenus. Et aussi réfléchir aux aménagements possibles afin que la peine ne se résume pas à un enfermement mais puisse surtout être un moment de réflexion et de soin.

 

 

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

17 octobre 2025 à 14 h 16 min

La concentration du temps a ses limites mais aussi ses avantages en effet. J’imagine que c’est très oppressant mais efficace !



21 octobre 2025 à 16 h 59 min

Une lecture idéale pour notre ex-président qui rentre à La Santé aujourd’hui….



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