Titre : Sur la route, vers ailleurs
Auteur : Benjamin Wood
Littérature anglaise 
Titre original : A station on the path to somewhere better
Traducteur : Renaud Morin
Editeur : Robert Laffont
Nombre de pages : 368
Date de parution : 4 mars 2021

Des retrouvailles entre père et fils

En ce jour d’août 1995, Daniel, douze ans est impatient. Son père, Fran Hardesty, qu’il n’a pas vu depuis la séparation avec sa mère, Kath, vient le chercher pour aller visiter le studio d’enregistrement de sa série préférée, L’Artifex.
Si Kath est inquiète, elle laisse partir son fils pour quelques jours à condition qu’il lui téléphone régulièrement. Et elle le met en garde.

Écoute, je sais que tu as déjà entendu tout ça, mais ne sois pas trop déçu si ça ne se passe pas exactement comme tu l’espérais, d’accord? Si tu ne rencontres pas les acteurs comme il l’a promis…si Maxine Machintruc n’est pas là pour faire ta connaissance, ou si tu ne peux pas les voir tourner, ne sois pas trop contrarié, d’accord? Tu vas bien t’amuser quand même, quoi qu’il arrive. Ton père peut être assez drôle quand il veut, et l’important, c’est que vous passiez du temps ensemble. Je sais que ça compte pour toi. Alors profites-en bien. Et sois sage. D’accord?

Une lecture addictive

Kath connaît bien son ex-mari. Mais elle est loin d’imaginer ce qui va se passer. Alors qu’il ne faut que trois heures pour aller de Little Missenden à Leeds, le chemin à travers les petites routes du nord de l’Angleterre, va prendre des détours  inquiétants. Fran n’hésite pas à laisser son fils dans les bars où il s’arrête pour acheter ses cigarillos Wintermans, draguer une fille ou téléphoner agressivement à son collègue, QC.
Refoulés aux portes du studio, le père perd son sang-froid. L’auteur nous emmène alors dans une spirale de violence qui hantera à jamais la vie de Dan. «  Tacataca clang »
L’écoute audio de la voix de Maxine lisant le scénario de l’Artifex est le seul refuge de l’enfant au cours de cette course violente ponctuée de perversité, de peur mais aussi d’émotion.

Violence innée ou surgie des aléas de la vie

Des années plus tard, à l’âge qu’avait son père en 1995, Dan se souvient de ce voyage qui a pulvérisé sa vie.

Ses erreurs sont mon héritage.

Aujourd’hui, dépendant des anti-dépresseurs, il tente de vivre sa vie à l’écart du désastre. Avec beaucoup de prudence, d’analyse impartiale, Dan raconte cette histoire. La déclaration d’amour à sa mère est particulièrement émouvante. Mais il essaie aussi de comprendre son père.

Fran porte-t-il cette violence en lui depuis sa naissance ou les échecs de sa vie l’ont-il rendu revanchard? Une carrière qui n’est pas à la hauteur de ses études, un talent insuffisamment reconnu, un divorce, un refus d’héritage de son père. Bien évidemment, aucune blessure ne peut expliquer un tel acharnement de violence. Mais Dan a besoin de comprendre une possible hérédité pour aborder les prochaines étapes de sa vie.

Ce troisième roman de Benjamin Wood est une histoire passionnante, rythmée, addictive. L’auteur illustre les relations père/fils, la responsabilité parentale au coeur et la capacité à surmonter des épisodes traumatisants d’une enfance. J’ai aimé la force des liens filiaux qui pousse le narrateur à faire un récit sans jugement malgré la violence incroyable des actes.
Un livre que je n’ai pas lâché, happée par l’inquiétude et le suspense.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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