Titre : Jour de ressac
Auteur : Maylis de Kerangal
Editeur : Verticales
Nombre de pages : 248
Date de parution : 15 août 2024

 

Le point de bascule

La narratrice, cinquantenaire, est doubleuse pour le cinéma. Mariée à Blaise, imprimeur, elle vit en couple à Paris avec Maïa, leur fille de vingt ans, championne de fleuret. C’est une vie heureuse, tranquille malgré les risques qui pèsent sur son métier. Elle vient en effet de rater un casting à Londres.
Sa vie bascule le jour où elle reçoit un appel téléphonique du commissariat du Havre, sa ville natale. Le lieutenant Zambra lui demande de se rendre sur place suite à la découverte du corps d’un homme qui détenait dans sa poche un billet de cinéma avec son numéro de téléphone.
Elle ne reconnaît pas cet homme. Mais elle retrouve avec beaucoup de nostalgie la ville de son enfance. Elle arpente la digue nord, retrouve les rues, les bars, le cinéma. Elle rencontre des gens, se souvient de son premier amour, de sa copine de classe, du jour où elle a baptisé une vedette.
La ville a bien changé. C’est un port industriel, principale porte d’entrée de la cocaïne en Europe.

Le style Kerangal

Maylis de Kerangal possède un vrai talent pour l’écriture. Son style est remarquable. C’est aussi une perfectionniste et une technicienne. Quelque soit le sujet abordé, elle est précise, documentée, spécialiste. Et elle aborde ici de nombreux thèmes différents et variés.
En se souvenant d’un exposé pour le lycée, la narratrice aborde avec humanité le bombardement du Havre en 1944. En croisant des réfugiées ukrainiennes, le récit s’ajuste à d’autres ruines. Mais elle évoque aussi l’intelligence artificielle qui menace son métier. L’auteure est pointue sur le fonctionnement de l’imprimerie ou sur le système de lancement de bouteilles sur la quille des bateaux.
Dès les premières lignes, je suis admirative de la précision des descriptions de personnages ou de lieux. Elle emploie tant de richesse qu’elle parvient à valoriser l’ordinaire, le commun, voire le moche.

Une intrigue impalpable

Malgré la qualité et la richesse de l’écriture, l’intrigue peine à prendre corps. Nous sommes davantage dans la réflexion nostalgique que dans une enquête au sujet d’une mort suspecte.

Un avis en demi-teinte

Il y a peu de temps, Caryl Ferey m’avait déçue avec Magali. Sous prétexte d’une enquête sur un fait divers, l’auteur repartait dans sa ville natale. Mais il n’y avait là aucun respect pour le lieu natal.
Ici, le retour aux origines est touchant. Parce que le style est empathique, respectueux. Parce que la nostalgie prend place dans les embruns de la digue. L’attention est captée grâce aux différents sujets connexes abordés avec beaucoup de précision.
Jour de ressac est toujours en lice pour le Prix Goncourt 2024.

Je remercie Babelio et les éditions Verticales pour l’attribution de ce livre lors d’une opération Masse critique spéciale.

 

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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

3 octobre 2024 à 12 h 15 min

J’ai envie de dire qu’elle pourrait écrire sur n’importe quel sujet, que j’aimerais tout de même, mais ce n’est pas vrai, j’ai calé sur Naissance d’un pont ! Mais pas sur ce retour au Havre…



    3 octobre 2024 à 12 h 24 min

    Personnellement c’est avec Naissance d’un pont que j’ai découvert et aimé cette auteure. Effectivement parce que le sujet n’avait rien de romanesque et qu’elle a su me captiver.
    Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé Jour de ressac mais c’est le prétexte du cadavre et de l’enquête policière qui m’ont perturbée. Peut-être un mauvais souvenir de Magali 🤣



3 octobre 2024 à 15 h 43 min

Je pense que je préférerais un roman plus classique…ais j’apprécie l’écriture de Maylis de Kerangal.



    4 octobre 2024 à 7 h 27 min

    Ce n’est jamais « classique » avec cette auteure. J’avais aimé qu’elle écrive avec Joy Sorman ( Seyvoz). Elles ont un point commun dans la technicité. Avec peut-être un peu plus d’étrangeté chez Sorman



3 octobre 2024 à 16 h 39 min

j’ai beaucoup aimé la découverte du Havre, moins l’intrigue également !



4 octobre 2024 à 8 h 42 min

Lu quelques jours après une visite du Havre ou je n’étais jamais venue. Beaucoup aimé l’évocation de la ville la plage les galets le quartier Perret et le port.
Je n’ai pas du tout accroché à l’intrigue policière.
Le style très actuel et mode
m’à agacée.



4 octobre 2024 à 10 h 57 min

Je lui reproche son écriture trop technique, justement. J’aime ses romans courts car les plus longs me tombent des mains. J’hésite à lire celui-ci.



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