Titre : Treize hommes
Auteur : Sonia Faleiro
Lettres indiennes
Titre original : 13 Men
Traducteur : Eric Auzoux
Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 108
Date de parution : 6 avril 2016
Sonia Faleiro, née à Goa est une journaliste connue pour aborder des sujets dérangeants, contribuant ainsi à la prise de conscience et l’évolution des choses en Inde, notamment concernant la condition féminine.
En janvier 2014, une jeune femme que l’auteur appellera Baby porte plainte au poste de police de Labpur ( Bengale occidental) pour viol collectif perpétré par treize hommes.
En Inde, « selon les statistiques, une femme est violée toutes les demi-heures. Ces crimes sont pratiquement ignorés des médias depuis des décennies. » Mais, depuis la mort d’une jeune femme violée à Delhi en 2012, les journaux s’emparent plus facilement de ces affaires.
Sonia Faleiro enquête sur le cas de Baby afin de lever le voile sur certains éléments qui lui semblent peu cohérents. Et pour cela, elle nous explique les particularités de la tribu dont Baby fait partie, Les Santal.
Cette tribu indigène, encline à l’endogamie, est dirigée par un comité de village et n’accepte pas les alliances avec des personnes n’appartenant pas à la tribu ( outsider).
Baby a vécu quelques temps à Delhi et ses manières choquent les anciens. A vingt ans, elle a un portable et entretient une relation avec Khaleque, un musulman marié et père de deux enfants.
Surpris ensemble, les habitants les traîne devant le conseil du village. La nuit précédant le jugement, sous les ordres du chef du village, Balai Maddi, Baby sera violée par treize hommes de la communauté.
» On fait ça pour te donner une leçon, pour que tu aies peur de t’approcher de n’importe quel homme »
Oubliant parfois l’outrage causé à Baby, des personnalités « Santal » mettent en doute les affirmations de la jeune femme en appelant à la manipulation politique de exploitants de carrière qui voudraient affaiblir les tribus afin de posséder leurs riches territoires.
Sonia Faleiro, dans un reportage clair et neutre, explique le fonctionnement de la tribu, leur manière de vivre, de s’organiser. Subalpur est un village très pauvre.
» Sept Indiens sur dix résident dans des villages et des millions d’entre eux affluent vers les villes en quête d’un emploi, mais cette impulsion ne s’était pas encore emparée des habitants de Subalpur, en dépit du fait que pratiquement tous vivaient au-dessous du seuil de pauvreté de 30 roupies par jour ( moins de un demi-euro). »
Elle dénonce la brutalité de cet acte de viol et la façon dont l’enquête officielle se déroule. Sans oublier d’évoquer l’avenir à jamais meurtri d’une jeune femme souvent oubliée dans les règlements de compte officiels.
Grâce à ce court reportage d’une grande intensité, Sonia Faleiro alerte sur la banalité du viol comme sentence faite aux femmes indiennes. Mais elle ne s’arrête pas là et nous explique les habitudes ancestrales des tribus de l’Inde rurale et les manipulations politiques visant à les fragiliser afin de mieux les exploiter.
L’auteur adresse sa reconnaissance à Rajesh Sharma qui, grâce à ses constants encouragements, a permis que cette version française voit le jour aux Éditions Actes Sud, Lettres indiennes. La publication internationale de tels témoignages est importante pour que chacun comprenne le monde.
Commentaires
Je note ce titre car c’est un fait qui m’avait interpellé aux actualités. Merci !
Un acte qui même dans nos sociétés occidentales restent tabou et problématique.
L’intérêt de ce reportage est de traiter aussi l’aspect du fonctionnement de la tribu