Titre : Nos richesses
Auteur : Kaouther Adimi
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 216
Date de parution : 17 août 2017

 

«  Charlot a laissé dans ce lieu quelque chose de beau, quelque chose de plus grand que tout ce qui se passe à l’extérieur. »

Cette magie, cette passion pour la littérature imprègnent chaque ligne du roman de Kaouther Adimi. Les amoureux des livres ne peuvent que vibrer devant l’énergie que déploie Edmond Charlot, libraire et premier éditeur d’Albert Camus, devant le respect de tout un quartier d’Alger pour cette minuscule librairie de prêt «  Les vraies richesses » .

En 1936, Edmond Charlot ouvre sa librairie, «  une librairie qui vendrait du neuf et de l’ancien, ferait du prêt d’ouvrages et qui ne serait pas juste un commerce mais un lieu de rencontres et de lecture. » Reprise par sa belle-sœur lorsque Edmond part à Paris pour monter une succursale des Éditions Charlot, le lieu fut repris par l’État algérien dans les années 90 pour en faire une annexe de la Bibliothèque nationale.
Abdallah, «  un être plein de fierté qui a grandi en Kabylie » s’occupe avec amour de cette annexe. Lorsqu’en 2017, le local est vendu à un industriel pour installer une échoppe de beignets, Abdallah s’installe dans la rue, figure vivante de la contestation de tout un quartier.
Le jeune Ryad, étudiant ingénieur en stage usine, arrive à Alger afin de vider la librairie,  nettoyer et repeindre ce lieu devenu sacré pour les riverains.

Kaouther Adimi intercale les récits actuels du séjour de Ryad avec les extraits du carnet d’Edmond Charlot et les récits de l’histoire d’Alger, créant une fiction riche d’évènements historiques, du combat d’un homme pour la survie d’une petite maison d’édition contrariant la mission d’un jeune homme peu intéressé par la littérature mais sensible aux lieux et aux liens humains.

Ce roman est une vraie richesse qui parlera à tous ceux qui sont sensibles à la fermeture de librairies, de lieux de partage autour de la littérature, à tous ceux qui reconnaissent le travail des petits éditeurs toujours à la recherche de publications de qualité, luttant avec des moyens inégaux contre les grosses structures, surtout en période de guerre comme Edmond Charlot lorsque les pénuries de papier et d’encre pénalisaient la production, prenant des risques afin que des textes majeurs soient publiés.
«  Je ne fais pas le poids. Les éditeurs parisiens ont de l’argent, du papier, des réseaux. Et nous? Des écrivains – les meilleurs – de la volonté, mais ça ne suffira pas »
Camus, Vercors, Giono, Saint-Exupéry, Gide, Emmanuel Roblès, Henri Bosco, Philippe Soupault furent publiés par les Éditions Charlot. Autant de belles rencontres au cours de cette lecture.

Mais ce livre est aussi un regard éclairé sur l’histoire de l’Algérie, avec notamment le massacre de Setif en mai 1945 alors que les algériens célébraient la libération d’une guerre à laquelle ils ont largement participé. Prise de conscience et évènement déclencheur du besoin de l’Indépendance. Avec la nuit du 31 octobre au premier novembre 1954 qui marqua le début de la guerre d’Algérie. Et ce jour du 17 octobre 1961 où des centaines d’algériens qui manifestaient à Paris contre le couvre-feu décrété exclusivement pour les Nord-Africains, furent arrêtés, blessés, certains tués et jetés dans la Seine.

Kaouther Adimi nous embarque dans la passion d’Edmond Charlot et nous donne envie de se rendre dans ces ruelles en pente qui conduisent au 2bis rue Hamani pour vivre de plus près la magie des lieux.

«  Dès votre arrivée à Alger, il vous faudra prendre les rues en pente, les monter puis les descendre. Vous tomberez sur Didouche-Mourad, traversée par de nombreuses ruelles comme par une centaine d’histoires, à quelques pas d’un pont que se partagent suicidés et amoureux…
Oubliez que les chemins sont imbibés de rouge, que ce rouge n’a pas été lavé et que chaque jour, nos pas s’y enfoncent un peu plus…Face à l’Histoire, la grande, celle qui a bouleversé ce monde mais aussi la petite, celle d’un homme, Edmond Charlot, qui, en 1936, âgé de vingt et un ans, ouvrit la librairie de prêt Les vraies richesses. »

Un livre que je classe dans mes meilleures lectures de rentrée.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

18 août 2017 à 9 h 04 min

Bien heureuse d’avoir trouvé une librairie et un libraire digne de ce nom sur mon lieu de vacances et de pouvoir repartir avec sous le bras…..je ne pense pas qu’il va attendre longtemps avant que je m’en occupe



18 août 2017 à 15 h 30 min

Je n’avais pas noté ce titre mais ce que tu en dis me tente drôlement..!





19 août 2017 à 14 h 08 min

Tu donnes envie de le lire!!



19 août 2017 à 14 h 21 min

Celui-ci a l’ai passionnant.



26 août 2017 à 14 h 36 min

Je tiens absolument à lire Kaouther Adimi, et tu m’as rappelé qu’il ne fallait surtout pas que je passe à côté, merci !



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur Sur la route de jostein

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading