arnaud2Titre : Qu’as-tu fait de tes frères?
Auteur : Claude Arnaud
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 372

Résumé:
Au milieu des années soixante, entre Boulogne et Paris, un enfant s’ennuie. Il est curieux, versatile, vibrant, timide. Il passe ses journées à lire et ses nuits à scruter les étoiles, sous le regard ironique de Pierre et Philippe, ses brillants aînés.

Mai 68 : Paris se soulève, le garçon de douze ans rejoint la Sorbonne et l’Odéon. Il abandonne son prénom pour devenir Arnulf l’insaisissable, découvre les paradis artificiels et l’amour avec les deux sexes, se change en agent révolutionnaire puis en oiseau de nuit…
Dans l’effervescence ambiante, la famille se désagrège : Philippe part faire le tour du monde, la mère meurt d’une leucémie, Pierre sombre dans la folie. L’euphorie collective se mue en tragédie intime, la décennie de poudre tourne aux années de plomb. « Notre seul devoir est de faire tout ce qu’on nous a interdit de faire » : le cadet se demande pourquoi il a réchappé à ce programme, que ses aînés ont suivi jusqu’au drame.
Ample, ambitieux, ce roman ressuscite la vitalité presque suicidaire d’une génération nourrie de pop-rock et de drogues, d’amour libre, d’excès revendiqués et d’utopies. Qu’as-tu fait de tes frères ? est la confession d’un enfant d’une époque qui continue de hanter notre imaginaire.

Mon avis:
Le livre de Claude Arnaud est une autobiographie courageuse, très complète, qui se veut aussi un témoignage de la France sociale des années 60 à 90.
Cette lecture a été difficile à cause du style assez lourd, de l’accumulation de références et du climat très oppressant.
Certes, le récit est une mine considérable (références littéraires, cinématographiques; évènements sociaux comme mai 68, prise d’otage d’un cadre de chez Renault, le meurtre de Bruay en Artois, l’occupation de Lipp puis la révolution culturelle en Chine et la révolte des khmers rouges au Cambodge).
On y trouve « une hémorragie de noms propres qui s’écoulent de ma bouche« , dit le narrateur.
On y croise Lacan, Barthes, Frédéric Mitterand, Sartre, on évoque Gide.
J’ai erré avec Arnulf (autre personnalité du narrateur) dans les bas-fonds et milieux artistiques parisiens, parmi  les homosexuels et les travestis évoquant la période de liberté sexuelle et de la drogue des années 70.
Le lecteur est anéanti par toute cette noirceur (drogue, homosexualité, errance physique et mentale) et ces malheurs (cancer de la mère, folie du fils aîné, suicide…)
Mais qu’est-ce qui a pu conduire cette famille bourgeoise dans cette impasse?
Est-ce la consanguinité corse, la rigidité d’un père ancien militaire, trop de littérature et d’intelligence, mai 68?
 » L’intelligence est souvent la clef de la vie, parfois sa pire ennemie. »
Je pense que ce livre a aujourd’hui une résonance particulière par l’évocation de mai 68. Les trois frères, étudiants en 68, ont suivi de près ce mouvement social et ont ensuite abandonné leurs études. Des années après, ils s’interrogent:
« Je veux sortir du cercle « enchanté » de ma génération pour me faire un point de vue déjà plus personnel. »
« Je m’éloigne de ces va-t-en guerre, moi qui connaît enfin un vrai malheur. »
L’auteur ne pense pas qu’un mai 68 soit encore possible.
« Chacun a trop réellement peur de la misère pour s’offrir le luxe de tout renverser. »
Ces propos n’engagent que l’auteur mais peuvent donner à réfléchir en la période actuelle.
En résumé, j’ai trouvé ce livre très riche et très intéressant tant du point de vue du témoignage social que du point de vue de l’histoire familiale. Mais j’ai souvent décroché devant cet étalage de références et les évocations trop nombreuses de personnalités.

Un contenu intéressant mais une forme difficile.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

20 septembre 2013 à 12 h 46 min

Je laisse ce livre à qui le veut, pas tentée du tout



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