partagesTitre : Partages
Auteur : Gwenaëlle Aubry
Editeur : Mercure de France
Nombre de pages : 184
Date de parution : 30 août 2012

Présentation de l’éditeur :
Posé contre un mur, devant une échoppe, il y avait un grand miroir. Je me suis arrêtée pour me voir tout entière, de la tête
aux pieds. Devant moi une fille, une touriste ou une Juive, je ne sais pas, se regardait dans un miroir plus petit accroché à côté. Elle portait une robe qui dénudait ses jambes et ses bras mais soudain elle a sorti un foulard de son sac et l’a noué sur ses cheveux. J’ai trouvé ça bizarre, j’ai cherché son reflet . Et là, un instant, j’ai vu dans le cadre étroit deux visages si semblables que je n’ai plus su qui je regardais. Cela m’a fait peur, vite je suis partie, je me suis effacée.

 En 2002, c’est la seconde Intifada. Sarah, Juive d’origine polonaise, née et élevée à New York, est revenue vivre en Israël avec sa mère après les attentats du 11 Septembre. Leïla a grandi dans un camp de réfugiés en Cisjordanie. Toutes deux ont dix-sept ans. Leurs voix alternent dans un passage incessant des frontières et des mondes, puis se mêlent au rythme d’une marche qui, à travers les rues de Jérusalem, les conduit l’une vers l’autre.
Partages est un roman sur la communauté et sur la séparation, sur ce qui unit et divise à la fois. Sœurs ennemies, Leïla et Sarah sont deux Antigone dont le corps est la terre où border et ensevelir leurs morts.

Mon avis :
Partages est un roman tragique et dur. Ce sont les voix emmêlées de Sarah et Laïla, deux jeunes adolescentes de 17 ans. Sarah, juive d’origine polonaise a quitté les États Unis avec sa mère, après les attentats du 11 septembre, pour rejoindre Israël. Leïla est une jeune palestinienne élevée dans un camp en Cisjordanie.
Elles se partagent la narration au coeur des chapitres de la première partie puis elles évoquent leur famille chacune dans un chapitre et dans une construction originale, la troisième partie mêle chaque récit.
Elles s’opposent par leur culture. L’une se définit par une phrase du Coran, l’autre par une phrase de la Torah. Mais elles vivent les mêmes choses, leurs livres d’histoire sont différemment présentés mais parlent des mêmes émeutes, des mêmes guerres.
Elles se ressemblent par la terre, la peur et le souvenir des morts.
Le style de l’auteur est très maîtrisé avec des phrases très longues qui laissent couler les émotions, les sentiments des jeunes filles. L’auteur parle en images et en mots. Dans la première partie, il est parfois difficile de savoir quelle jeune fille s’exprime car elles ressentent les mêmes choses dans leur vie quotidienne.
Les personnages sont très complets, ils s’inscrivent dans un passé et un présent. Les descriptions de lieux sont évocatrices.
L’auteur n’a pas souhaité s’alourdir sur le conflit israëlo-palestinien mais bien montrer, par ces rappels obsédants aux morts que chaque jeune fille porte sa culture et son destin avec la même conscience tragique.
J’avais beaucoup aimé aussi la poésie et le style du précédent roman de l’auteur, Personne qui a reçu le Prix Femina en 2009.
Gwenaëlle Aubry est une auteur sensible et intelligente qui restera parmi mes auteurs préférés.

Un extrait :
 » Je crois en la beauté de ce visage de lune pâle et de ce regard aimanté, en celle des destins imprévus et des fils rompus,
je crois en la beauté des corps offerts, du sacrifice et des feux d’artifice, je crois en la beauté des vaincus.
« 

Je remercie les Éditions Mercure de France pour ce très beau partage littéraire.

rentrée 2012 plume

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *