martensTitre : Qui sont les Chinois ?
Auteur : Elisabeth Martens
Éditeur : Max Milo
Nombre de pages : 320
Date de parution : 5 septembre 2013

 

Auteur :
Élisabeth Martens a passé plusieurs années en Chine. Chargée de cours et de conférences sur la culture, la pensée et la langue chinoises, elle est aussi spécialisée en médecine traditionnelle chinoise et diplômée de sciences biologiques. Elle vit aujourd’hui en Belgique.

Présentation de l’éditeur :
Comment certaines caractéristiques de la langue chinoise influencent-elles la manière de penser et de se comporter des Chinois ?
Recelant une quantité inouïe de trésors philosophiques, le chinois nous invite à penser autrement. Sans verbe « être », sans « oui » ni « non », sans règles de grammaire fixes, sans conjugaison, le chinois ouvre à l’interprétation, la relativisation, et à la contingence.
À travers la linguistique, c’est une manière différente d’envisager le monde, de réfléchir et de construire la société qui apparaît. En nous aidant à mieux comprendre qui sont les Chinois, elle nous interroge également quant à notre propre langage et fonctionnement.

Mon avis :
Langue et société, voici un vaste sujet philosophique. Elisabeth Martens montre comment l’histoire a suggéré la langue et comment la langue reflète le comportement humain. Cette démonstration est assez éloquente lorsqu’on l’applique à la culture chinoise.Personnellement, je ne me suis jamais intéressée à la langue chinoise et j’ai donc appris énormément de choses en ce domaine grâce à l’essai d’Elisabeth Martens. Elle s’intéresse ici à la langue des Han parlée par 92% de la population. Le mandarin est le nom donné par les Portugais à la langue parlée par les fonctionnaires chinois.
En chinois, pas d’alphabet. La langue est syllabique et tonale. Dix pour cent des mots sont des monosyllabes et 90% sont des associations de syllabes. Par exemple, le mot « crise » (weiji) est l’association des syllabes wei (danger) et ji (opportunité). Pas de oui, pas de nom, pas de verbe être, pas de déterminant, pas de grammaire mais des classificateurs qui regroupent les mots par critères de ressemblance, des mots simples qui donnent une notion d’espace et de temps. Curieusement les chinois inversent nos notions de temps et d’espace ( avant midi se dit au-dessus de midi).
Par contre, le chinois utilise des notions difficiles à traduire comme le Qi (souffle vital), le Tao (philosophie chinoise, le Yin et le yang (complémentarité plus que dualité).
 » S’il souffre, le Chinois ne pense pas à parler, il pense à souffler, car il sait que c’est à travers la respiration que le sentiment de bien-être et de déploiement lui reviendra et, avec lui, la disponibilité. »  On croit davantage à l’art-thérapie qu’à la psychanalyse.

Elisabeth Martens en apprenant le chinois dit  » j’ai aussi enregistré « malgré moi » une manière différente de penser, de me comporter et même de bouger« . Bien évidemment, ceci est le résultat de nombreuses années de pratique.
Ce que l’on repère dans le langage (relation, continuité, imitation) se retrouve dans l’état d’esprit des Chinois (ou inversement).Ainsi, si un mot ne prend son sens qu’au milieu des autres, « un être humain n’accède aux « qualités d’être humain » que lorsqu’il se met en relation avec d’autres. »
 » Respecter la continuité de la lignée familiale est le premier devoir moral de tout Chinois qui se respecte. »
 » Les Chinois ont des modèles, ils suivent des exemples, ils s’imprègnent de la vie et des actes de leurs prédécesseurs plus expérimentés. »

Quelques approches de la mythologie chinoise ( Pangu) montrent qu’il n’y a pas de dualité entre corps et esprit en Chine, que la vie et la mort ne sont que continuité. que la plénitude est à l’intérieur de soi puisque chaque être est un mélange de qualités féminines et masculines.
 » Le ciel et la terre étaient confondues et ressemblaient à un œuf au milieu duquel fut engendré Pangu. »
 » Vie et mort qui, pour nous, s’excluent l’un l’autre, sont considérées en Chine comme s’enrichissant mutuellement. »
 » La mort fait corps avec la vie, car sans elle, il n’y a pas de renouvellement, pas de transformation possible. »

Lorsque l’on connaît peu la langue, la mythologie, la philosophie chinoises comme moi, cet essai est une lecture fort enrichissante. L’auteur donne de nombreux exemples afin de nous faire comprendre le mécanisme de la langue parlée. Sa vaste connaissance de l’histoire et de la vie du pays nous aident à mieux appréhender l’état d’esprit des Chinois.
Leurs valeurs d’économie d’énergie, d’écoute de ‘environnement, de partage sont primordiales dans la société de demain. Mais leur facilité à copier pourrait les inciter à intégrer notre système de pensée. Sauront-ils n’en retirer que le meilleur en préservant leurs valeurs?

Je remercie les Editions Max Milo pour cette découverte qui m’a permis de mieux entrevoir la mentalité et la langue chinoises.

Challengedelete  plume

 

 

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

alexmotamots
17 septembre 2013 à 11 h 47 min

Est-ce la langue qui influence la façon de penser, ou l’inverse, finalement ?



    17 septembre 2013 à 13 h 50 min

    Là est toute la question. L’auteur explique bien que l’environnement oriente la langue. La Chine est un pays de culture et le cycle des saisons est important et se retrouve dans la langue. Alors que l’Europe est un pays d’élevage d’où l’importance de la sexualité pour la reproduction, etc…
    Bien sûr, je pense que c’est l’environnement, le mode de pensée, l’histoire qui influence la langue.
    Mais effectivement, supposons que les Chinois se mettent à parler anglais et à laisser tomber l’apprentissage du chinois, ne perdraient ils pas un peu de leur sérénité?
    Débat philosophique…





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