Titre : Le bataillon créole ( Guerre de 1914-1918)
Auteur : Raphaël Confiant
Éditeur : Mercure de France
Nombre de pages : 320
Date de parution : 26 septembre 2013

Auteur :
Né en 1951 à la Martinique, auteur de nombreux romans, essais ou poèmes, Raphaël Confiant est l’un des chefs de file du mouvement littéraire de la créolité.

Présentation de l’éditeur :
Parle-moi de « Là-bas » ! Parle-moi surtout-surtout de La Marne, grand vent qui voyage sans répit de par le monde ! On dit que Théodore est mort dans une tranchée. Je ne comprends pas. Pourquoi l’armée de « Là-bas » se cachait-elle dans des trous au lieu de monter au front ? Pourquoi y attendait-elle que le Teuton fonde sur elle ?
Man Hortense a perdu son fils Théodore, coupeur de canne émérite, à la bataille de la Marne, pendant la guerre de 14-18. Mais elle ne comprend pas ce qui s’est réellement passé sur ce front si loin de la Martinique… Théodore faisait partie du « bataillon créole » dans lequel des milliers de jeunes soldats s’enrôlèrent pour aller combattre dans la Somme, la Marne, à Verdun et sur le front d’Orient, dans la presqu’île de Galipoli et aux Dardanelles.
C’est du point de vue martiniquais, celui des parents des soldats, que Raphaël Confiant a choisi de nous faire vivre cette guerre. Il y a donc Man Hortense ; mais aussi Lucianise, qui tente d’imaginer son frère jumeau Lucien à Verdun ; Euphrasie, la couturière, qui attend les lettres de son mari, Rémilien, prisonnier dans un camp allemand. Et à leurs côtés, ceux qui sont revenus du front : rescapés, mutilés et gueules cassées créoles…
Éloge de la mémoire brisée et sans cesse recousue, Le bataillon créole donne la parole à ces hommes et ces femmes qui, à mille lieues des véritables enjeux de la Grande Guerre, y ont vu un moyen d’affirmer leur attachement indéfectible à ce qu’ils nommaient la « mère-patrie ».

Mon avis :
Nous sommes à Grand-Anse au début de la première guerre mondiale. Tous, à part peut-être Le bougre fou, vénèrent la mère patrie, le Là-bas qui a mis fin à l’esclavage des grands-parents. Aussi, lorsque les jeunes sont appelés à la guerre, c’est avec fierté qu’eux mêmes et leur famille acceptent cet « impôt du sang« . Plus tard, quelques uns s’étonneront que les fils du maire, de l’ancien instituteur ou des riches commerçants en furent exempts, mais beaucoup sont prêts, un peu naïvement à envoyer leurs enfants.
Raphaël Confiant nous fait ainsi suivre les actes de bravoure de ces enfants du pays partis en France et les attentes des mères, sœurs ou épouses à Grand-Anse.
Théodore, Lucien, Rémilien, Ferjule et Ti Mano vont trouver en France le froid, les maladies, le racisme. Ils vont croiser des blancs qui, souvent, ne savent ni lire ni parler français. Certains mourront à Verdun, dans la bataille de la Marne, seront gravement blessés dans les Dardanelles ou faits prisonniers, d’autres auront la chance de rentrer presque indemnes.
Au pays, les mères, sœurs, femmes racontent l’attente, la vie au quotidien. C’est l’occasion de rappeler l’éruption de la montagne pelée au début du siècle, les différences entre Blancs, mulâtres, noirs et indiens-koulis, la contribution de l’île à l’effort de guerre qui  provoque le rationnement pour les plus pauvres, la condition des femmes, les croyances du pays.
L’auteur choisit un récit non linéaire mais circulaire ( les différentes parties sont appelées Cercle) ce qui ne rend pas la lecture très fluide mais, par contre, montre bien que toute la problématique tourne autour de cette vénération pour la mère patrie un peu floue qui ne leur est pas vraiment rendue.

 » De ce jour, un sentiment diffus qui avait commencé à germer au cœur des plus farouches partisans de la mère patrie ( car une poignée s’en foutait pas mal) finit par se répandre à travers la commune de Grand-Anse et ses campagnes. Le sentiment que ce Là-bas pour lequel on avait offert les jeunes hommes les plus vaillants, ce Là-bas pour lequel on était déterminé à payer l’impôt du sang quitte à pleurer le restant de sa vie un fils ou un mari, ce Là-bas pour lequel on acceptait de se serrer la ceinture plus que de raison, eh bien qu’il n’en avait que cure! »

Ce roman est l’occasion d’aborder le rôle des bataillons créoles dans la première guerre mondiale, un aspect peu souvent évoqué. Et ceci avec la belleté du parler créole.

J’ai lu ce roman en tant que juré du prixocéans

RL2013

 

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

alexmotamots
25 mars 2014 à 12 h 34 min

Une lecture qui doit être fort intéressante.



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