Titre : Comment j’ai tué mon père
Auteur : Frédéric Vion
Éditeur : Flammarion
Nombre de pages : 180
Date de parution : 7 octobre 2015
Auteur :
Né en Lorraine en 1976, Frédéric Vion est aujourd’hui journaliste à France 2. Comment j’ai tué mon père est son premier roman.
Présentation de l’éditeur :
» Avec les boulets et les fardeaux intimes, il y a plusieurs solutions. En général on se contente de les traîner : on souffre tout seul et ça n’avance à rien. Ou alors on peut grimper dessus, pour au moins être vu. Il y a enfin la possibilité de les renvoyer à la figure de l’agresseur : c’est lourd et ça fait mal à tous les protagonistes, mais c’est efficace... »
Comment s’en sortir quand on est un petit garçon dans une famille apparemment très ordinaire, mais que son père est un tyran domestique et qu’un monde s’écroule autour de soi?
Un père violent, une époque qui l’est aussi, et l’Histoire qui s’en mêle : tout concourait à démolir le narrateur…à moins qu’il n’arrive à se montrer plus résistant qu’eux. »
Mon avis :
Des récits autobiographiques d’enfance difficile sous la violence familiale, j’en ai lu plusieurs. Je me souviens du premier roman d’Edouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule qui relate aussi une enfance difficile en Picardie. C’était un récit coup de poing un peu polémique. J’ai lu aussi dernièrement le récit de Marc Lavoine sur son père volage ( L’homme qui ment) , un souvenir entre affliction et respect.
Frédéric Vion s’inscrit dans la sincérité, la nostalgie et la détermination. Il met lui aussi au centre de son récit une région, La Moselle, une époque et surtout un père violent et tyrannique.
En retraçant les vies de sa famille paternelle, c’est toute l’histoire de la Lorraine qui est survolée. L’annexion d’une partie de l’Alsace Lorraine après la défaite de 1871, la récupération des mosellans issus des plaines de l’est après la guerre 14-18, la suprématie de la sidérurgie. Gabriel, l’arrière grand-père épousera ainsi Esther, fille de l’est ne parlant pas le français, employée comme bonne dans l’auberge familiale. Il sera alors le premier à travailler dans la sidérurgie à Longwy, ville entièrement pilotée par l’usine.
Leur fils aîné, Marcel épouse Odette, une catholique odieuse qui élèvera ses quatre fils en leur inculquant la dominance masculine. Odette adule particulièrement Daniel, ce fils qui devient policier et sera le père tyrannique du narrateur.
» Tout comme sa mère, mon père considérait que l’ensemble de l’humanité se compose de supérieurs et d’inférieurs. Les inférieurs, il faut les mater. Quant aux quelques supérieurs plus ou moins légitimes que l’on révère pour l’instant, patience : un jour peut-être on les dépassera, et alors on les brisera. »
Quand Daniel se marie avec la belle et élancée Danièle, fille d’immigrés italiens, il voit surtout une jeune fille timide et modeste facile à dominer.
Professeur de français, Danièle subit tous les diktats de son mari. Il lui interdit de conduire, ne lui laisse aucun accès au compte bancaire, l’humilie, lui impose ses choix de vie et la bat.
Les deux enfants vivent sous le « sentiment permanent de terreur sous-jacente, d’alerte » qui n’a pas quitté l’auteur depuis et qui a valu un handicap au plus jeune.
Comme pour Eddy Bellegueule, les études seront une porte de sortie.
» J’avais l’impression, sans doute justifiée, que ma vie en dépendait, que je ne pourrais sortir de mon milieu et de mon enfance ratée que grâce à la réussite scolaire. »
Si j’ai perçu un manque de structure dans le début du récit, j’ai ensuite apprécié le ton de cette confession et la nostalgie d’une époque et d’une région proches de mes origines. Avec beaucoup de naturel, sans accablement, l’auteur confie son histoire familiale. Sa voix donne beaucoup de douceur et de mérite à une mère soumise qui, pourtant parfois trouve des arrangements pour contourner les ordres de son dictateur de mari. Le jeune frère, peu évoqué n’en demeure pas moins le plus affligé dans cette histoire. Mais l’auteur a le bon goût de ne pas en faire un martyr, il lui donne juste une douceur attachante.
Avec sans doute les imperfections d’un premier roman, Frédéric Vion trouve ici le bon équilibre entre humour, colère et nostalgie pour faire de cette confession un roman sensible et sincère.
Commentaires
J’attendais ton avis avec impatience. Contente qu’il soit positif. Je note donc le titre pour un prochain achat !
Un premier roman qui a l’air plutôt réussi.
J’ai beaucoup aimé le regard de l’auteur sur son passé.
Ca me fait inévitablement à Pourquoi j’ai mangé mon père… même si clairement si deux romans n’ont rien en commun.
Je n’étais pas très tentée par la présentation de l’éditeur mais ton avis est convaincant.
Ravie de convaincre. Ce premier roman a des défauts mais il a aussi un petit côté attachant.
J’ai découvert la Lorraine un peu sur le tard : quelle magnifique région ! Et comme les écrits autobiographiques m’intéressent aussi, je crois que ce texte me plairait bien…
Une région un peu tourmentée pendant les guerres, une région comme le Nord qui a connu les jours fastes du plein emploi avec la sidérurgie et qui ensuite sombré dans le chômage.
Une belle toile de fond pour ce récit autobiographique.
J’ai également fait la confusion avec « comment j’ai mangé mon père ». Tu en parles très bien
Je n’ai pas lu Comment j’ai mangé mon père ni vu le film ( il y a eu une adaptation ciné si je ne me trompe)
Il me tente bien ce récit autobiographique !
Martine54870
J’ai lu ce roman d’une traite et il m’a bouleversée .
J’y ai aussi retrouvé l’histoire de ma région .
A lire.
Contente d’avoir un second avis positif. Une autobiographie qui s’ancre bien dans une région et une époque.
un bon premier roman, quoi…. pourquoi pas?
Il sera peut-être dans mon top5. C’est un plaisir de découvrir ces nouveaux auteurs.
Bonjour… et merci pour cet avis, je prends ! J’attends avec impatience celui des autres internautes (par contre c’est plutôt en Meurthe-et-Moselle que ça se passe, même si effectivement Esther arrivait de Moselle).
Je viens de voir la présentation du livre par l auteur sur l émission de la 5 sur la santé, j ai été séduite, du vécu j aime,aussi je vais lire et en parler à mes amies,ardentes lectrices.merci frederic
Merci à la 5 de faire ainsi découvrir mon blog pour ce trés beau premier roman de Frédéric Vion
Pourquoi le dénommer roman alors qu il me semble être une autobiographie !! J hésité à acheter
Je n aime pas trop les romans !!,! Toujours une invention !,!,!!!
Dans chaque roman, l’auteur livre un peu de lui-même et inversement dans ce genre d’autobiographie, il y a une manière de romancer. Avec nos souvenirs ne romance-t-on pas souvent notre propre vie ?
La dénomination de roman permet sûrement de laisser une part de fiction dans le récit d’une enfance.
mr vion ,moi c’est ma mere qui me haissait !!je reviens de loin !! a 9 ans , premiere tentative de suicide !!ma chance a été de faire une therapie pendant 12 ans !! moi j’aime mes enfants !! et je me suis occupe d’elle quand elle a été en maison de retraite(je suis fille unique) plus peur d’elle et elle ne disait pas un mot quand je l’appelais Madeleine !!impossible de dire Maman !!mais il y a quand meme des restes en nous !!je vais lire votre livre !!je nevous rate pas tous les matins bien sincèrement helene colas
Je viens de lire ce livre que j’ai trouvé remarquable ! c’est un grand écrivain et j’espère qu’il produire d’autres livres…
En tout cas, il est assez « populaire »