VallejoTitre : Un dangereux plaisir
Auteur : François Vallejo
Éditeur : Viviane Hamy
Nombre de pages : 320
Date de parution : 25 août 2016

 

Chez les Elian, une famille de pauvres riches déclassés, on mange pour vivre et non par plaisir. Leur fils Elie rechigne à manger à la fois par économie et par dégoût des plats proposés.
Un jour, une voisine compatissante lui échange son assiette dégoûtante contre une tartelette aux fraises. Voici la première bonne fée nourricière qui mène Elie sur le chemin du goût.
Mais la cuisine ne se résume pas au goût et Elie découvre avec ses yeux d’enfants l’effervescence dans les cuisines du restaurant de la rue voisine. Tous les sens sont en émoi. C’est décidé, Elie sera cuisinier, au grand dam de ses parents qui, finalement se désintéressent de son avenir tant qu’il ne salit pas leur nom.
Commence alors pour Elie une vie d’errance, de galère et de faim. Souvent repéré pour son goût du beau, son art de bien choisir les bonnes pièces, Elie finit toujours par être remercié à cause de sa maladresse. En attendant, il est un cuisinier mental qui nourrit les oiseaux et les gens de la rue.
Jusqu’au jour, où débarquant dans un restaurant dans l’intention de faire comme ses amis, Pisan et Desloges un acte de grivèlerie ( un bien joli nom pour l’escroquerie), Elie que la conscience taraude ne peut s’enfuir et finit donc à la plonge du restaurant Maudor tenu par Jeanne, une veuve et sa fille, Agathe. Elie prend vite possession de la cuisine et de la cuisinière, s’initiant dans un même registre lexical culinaire aux plats et au sexe.
Chaque fois, Elie rencontre la bonne personne, celle qui détecte son talent. Sans jamais vraiment comprendre les enjeux qui l’entourent, ne s’occupant que de la bonne association des ingrédients pour concocter la recette inoubliable, Elie parvient à devenir le chef d’un restaurant prisé, Le Trapèze, fréquenté par les plus hautes personnalités de la ville. Mais Pisan et Desloges ne sont jamais loin pour contrer ses ambitions.

François Vallejo construit un personnage hors du temps, un  » insaisissable qui dérange tous les clans« . Si Elie excelle à combiner les ingrédients culinaires, il peine à comprendre les complexités de la vie. Il est un instinctif qui  » voudrait extraire des humains ce qu’il obtient d’une volaille, d’un aloyau ou d’une rascasse. » Sa passion, son instinct, sa naïveté m’ont très souvent fait penser au héros du Parfum de Süskind.

L’auteur, lui aussi, se prend de passion pour le registre culinaire et nous délecte des plats avec les mots d’Elie. La gourmandise se retrouve à la fois dans les recettes et les relations humaines.
La cuisine et les mots de Vallejo se dégustent. Et l’intrigue, elle aussi, nous tient en appétit avec toujours  » le petit accident qui emmène la vie se promener ailleurs » jusqu’à trouver la recette parfaite dans l’art de la tromperie.
Un roman au doux parfum à déguster sans modération.

J’ai lu ce roman en tant qu’Explolecteur avec Lecteurs.com.

rl2016

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

15 septembre 2016 à 11 h 01 min

J’avais aimé l’atmosphère de « Ouest » où les personnages sont déjà « hors-temps ». Je note celui-ci



15 septembre 2016 à 11 h 08 min

Métamorphoses m’était tombé des mains, alors je vais avoir du mal à lire un autre Vallejo…



15 septembre 2016 à 11 h 33 min

ton billet tombe bien car j’attendais un avis dessus ( ce qui n’est pas bon pour ma CB:))



15 septembre 2016 à 19 h 01 min

Très belle chronique 🙂 Je note le titre !



16 septembre 2016 à 14 h 38 min

L’auteur file la métaphore culinaire.



Camille BOURG
2 janvier 2017 à 10 h 35 min

Personnellement, j’ai détesté… il y a dans ce roman tout ce qui me sort d’un roman.
Il se présente comme un roman sur un homme qui se découvre une passion pour la cuisine, mais en réalité c’est un roman sur un homme pris en otage par des escrocs qui profitent de sa faim.
Il se présente comme un roman sur la cuisine, le goût et la volupté de bien manger, mais en réalité c’est un roman sur la lutte des classes, il se passe au moment des troubles de mai 68 et nous en inflige tout le délire sociétal « mort aux méchants riches qui mangent, laissez manger les pauvres, on ne devrait pas payer ce qu’on mange » etc.
Quant aux fameux personnages de Pisan et Desloges, qui en sont justement l’incarnation, ils sont tout ce que je déteste dans une oeuvre de fiction, c’est-à-dire des figures de l’uber-méchant implacable et imbattable, des méchants amoraux et cyniques que rien n’atteint et qui écrasent complètement le héros et gagnent toujours à la fin.
Chacune de leurs apparitions m’a fait hurler, et ils ont fini par tellement m’exaspérer que j’ai lâché le roman à la moitié sans le finir. Son injustice et son cynisme m’ont coupé l’appétit. Un comble pour un roman sur la cuisine…



    2 janvier 2017 à 21 h 05 min

    Je n’ai pas senti le personnage principal pris en otage. Mais ta lecture est très intéressante. Photo de société, de classes sociales, certainement et l’auteur en est friand ( Ouest est absolument génial sur ce point). Et l’agacement contre les deux pique assiettes, je comprends. Mais j’avoue que je ne suis pas allée chercher aussi loin dans l’analyse, ce qui est sûrement un tort.
    En tous cas, ton commentaire est enrichissant. Merci



      Camille BOURG
      2 janvier 2017 à 21 h 54 min

      Merci à toi pour ce retour, et je reconnais que ce sentiment est celui qui domine ma lecture probablement parce que je l’ai justement arrêtée là-dessus.
      Dans l’idéal, il faudrait toujours finir un livre pour s’en faire une idée juste, mais quand ça ne veut pas…



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *