TardieuTitre :A la fin le silence
Auteur : Laurence Tardieu
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 176
Date de parution : 18 août 2016

Laurence Tardieu fait partie des auteures dont j’apprécie particulièrement le style. Avec ses longues phrases comme des incantations, elle parvient à aller chercher les émotions au plus profond de soi. Je fais partie de ces gens qui cherchent la compréhension en me parlant mentalement, en laissant sortir les bonnes et mauvaises raisons, en analysant, en triturant mes pensées. L’auteur utilise, selon moi, dans sa façon d’écrire ce qu’elle appelle la ligne verticale.
 » A dix-sept ans, je voulais comprendre ce qu’était l’éternité. Je fermais les yeux, j’essayais de visualiser une ligne qui ne s’arrêtait jamais, qui filait pour toujours vers l’avant….jusqu’au jour où je me suis dit que je me trompais de direction : ce n’était pas à l’horizontal qu’il fallait se projeter mais, peut-être, à la verticale. Ressentir l’instant présent, s’y laisser tomber, totalement tomber. »
Les attentats de janvier puis de novembre 2015 changent le rapport au monde de la narratrice qui, peut-être parce qu’elle est enceinte perçoit encore plus la peur, l’insécurité.
 » Ils ont tiré sur eux et moi je me disperse. »
En ces moments d’insécurité, le besoin d’un refuge physique ou mental est indispensable. La narratrice tente de retrouver le parfum de sa mère, les souvenirs d’une vie insouciante dans la maison de son enfance. Mais Cybèle, la maison de Nice, maison familiale de ses grands-parents maternels italiens représentant un espace de sécurité intérieure est mis en vente. La sensation de dissolution de son monde intime résonne avec celle du monde.
 » La maison, le monde. Le monde, la maison. Je faisais sans fin le va-et-vient, obsessionnelle. »

En 2015, personne n’est resté inchangé suite aux attentats. Même, si les parisiens comme la narratrice, devant prendre le métro quotidiennement, craignant pour la sécurité de leurs enfants, ont peut-être davantage ressenti la peur, cette année nous a montré que l’imprévisible peut frapper n’importe où et n’importe quand. En ce sens, l’auteur comprend que la joie intérieure ne peut se retrouver en se projetant de manière horizontale vers l’avenir. Dès la naissance, on entre dans l’imprévisible. Combien de fois avons-nous échappé à la mort?

Ce roman qui se veut aussi un moyen de transmission d’un héritage familial à l’enfant qui va naître et ne connaîtra pas la quiétude du refuge familial, est, malgré son ambiance assez sombre marqué par la peur, un récit qui ouvre une voie optimiste de recherche de joie intérieure par l’introspection, la recherche d’un refuge au plus profond de soi, de ses souvenirs et expériences positives.
Toutefois, par rapport aux auteurs cités comme David Grossman, Zeruya Shalev, Aharon Appelfeld qui « atteignent en moi, une zone intérieure à laquelle seule, je n’avais pas accès« , Laurence Tardieu se place en personnage lambda. Ce qu’elle décrit, je suppose que nous le vivons tous un peu de la même façon. Si écrire ces mots permet à l’auteur de donner un sens, de sortir des émotions qui ne peuvent rester enfouies au fond de soi, à moi, lecteur, cela n’apporte pas d’enseignement si ce n’est de constater que les événements nous plongent tous dans la même lutte intérieure.

J’ai lu ce livre dans le cadre des Explolecteurs avec lecteurs.com

rl2016

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires



16 septembre 2016 à 15 h 56 min

il m’ énormément apportée mas après ça dépend je pense de chacun.



eimelle
16 septembre 2016 à 18 h 19 min

j’aime beaucoup cette auteure, il est noté dans ma liste!



17 septembre 2016 à 12 h 22 min

J’aime beaucoup la plume de Laurence Tardieu, je lirai certainement celui-ci.



17 septembre 2016 à 16 h 59 min

On m’a souvent recommandé Laurence Tardieu que je ne connais pas encore mais je ne pense pas la découvrir avec celui-ci (pour diverses raisons et celle que tu donnes à la fin de ton billet 😉 )…



19 septembre 2016 à 14 h 14 min

Son titre me tentait, ton avis me donne envie de le lire.



22 septembre 2016 à 22 h 34 min

Je n’ai toujours pas lu Tardieu mais un ou deux titres d’elle m’attendent sur mes étagères. Je vais commencer par là 😉



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