Titre : Truismes
Auteur : Marie Darrieussecq
Éditeur: P.O.L
Nombre de pages : 158
Date de parution : août 1996
J’avais déjà eu beaucoup de mal à entrer dans un précédent roman de Marie Darrieussecq ( Il faut beaucoup aimer les hommes) mais j’avais entendu parler de Truismes comme un conte fou, fascinant, émouvant qui a choqué mais fait le succès de l’auteur.
L’approche est effectivement originale mais je ne suis pas parvenue à aller au bout de la transformation. Le côté malsain m’a éloignée de toute poésie et de toute morale.
La narratrice est une belle jeune fille saine. Après de longues recherches, elle finit par se faire engager par une chaîne de parfumerie de luxe pour un demi smic après un entretien d’embauche très déshabillé. Il fallait bien mesurer ses compétences puisque sa clientèle sera presque exclusivement masculine. Très vite, les démonstrations de produits dans l’arrière salle tournent aux séances de massage de plus en plus érotiques.
Après plusieurs fausses couches, curetages, la narratrice ne cesse de se transformer. Absence de règles, prise de poids, elle se nourrit de fleurs, de glands, ayant une profonde aversion pour tout ce qui vient du cochon. Le récit sombre vite dans le sordide sous la plus grande indifférence, acceptation de la narratrice. C’est sûrement ce qui m’a le plus gênée dans ce conte cruel, cette soumission, voire ce plaisir que la narratrice finit parfois par prendre ou même rechercher dans ses situations scabreuses.
Je comprends l’objectif de l’auteur de montrer comment la goujaterie des hommes peut transformer une jeune fille saine, de stigmatiser l’aliénation de la femme et de faire ressortir l’animalité de l’être humain et j’admire ce superbe exercice littéraire mais je peine à lire de telles évocations de la femme.
Je crois que l’univers de Marie Darrieussecq n’est pas pour moi.
Commentaires
Je l’avais détesté moi aussi, il y a quelques années, pour ces mêmes raisons. Et puis, avec le recul, c’est un texte qui (me) travaille encore, auquel il m’arrive de repenser ou de faire référence, et je me dis depuis un moment qu’il faudrait que je le relise. Je suppose qu’il restera déplaisant, mais j’ai envie de m’y replonger… Bref, ceci pour te dire que tout n’est pas perdu 😉 D’ailleurs, Etre ici est une splendeur, le dernier texte de Marie Darrieussecq est très beau, sans guère de rapport avec Truismes..
Il faut parfois être bousculé pour que le thème d’un roman marque davantage.
J’avais eu un peu le même sentiment que toi avec le dernier roman de Céline Minard, Le grand jeu. Désarçonnée lors de la lecture, je repense souvent à ce livre. Mais il n’y avait rien de malsain.
Ici je peine avec cette vision de la femme.
Mais je vais suivre ton conseil et ne pas renoncer encore à l’auteur. Je note Etre ici est une splendeur.
Il me fait peur ce livre … Comme toi, j’en avais entendu du bien, mais je n’avais pas aimé non plus il faut beaucoup aimer les hommes. En revanche, j’ai ADORE son dernier livre « être ici est une splendeur ». Donc peut-être celui là ?
Apparemment Etre ici est une splendeur est à retenir. Merci
J’ai beaucoup aimé ce livre lu à sa sortie. Je suis entrée sans peine dans son univers.
J’hésite vraiment à le lire, et ton avis ne me fera pas me précipiter dessus.
Voilà un auteur, une traductrice que j’aime beaucoup écouter parler. Cette année, j’ai lu Être ici est une splendeur et j’ai acheté sa nouvelle traduction d’Un lieu à soi de Virginia Woolf. Cependant, je ne pense pas que ses autres livres me plaisent. Ta chronique me conforte dans cette idée. Je pense que je resterai attachée à des traductions ou à des biographies si elle en écrit d’autres. Dans tous les cas, j’aime beaucoup la personne. Je trouve cela frustrant mais bon…
Etre ici est une splendeur semble être dans un autre registre et il laisse de bons souvenirs à ses lecteurs.
Tout à fait. C’est une belle biographie, un hommage vraiment délicat et fort.