Titre : Olivier
Auteur : Jérôme Garcin
Éditeur: Gallimard
Nombre de pages : 158
Date de parution : 2011, version poche en Folio, août 2012

 » J’avais tant attendu pour faire le récit de ce que j’avais toujours gardé pour moi. Et cela venait enfin, comme viennent d’irrépressibles larmes. »

Olivier, le frère jumeau de Jérôme Garcin a perdu la vie, fauché par une voiture en Juillet 1962. Il n’avait pas encore six ans. Depuis, Jérôme fête seul son anniversaire avec un constant sentiment de perte et de culpabilité.
La mort d’un enfant est un scandale, la perte d’un être cher est insurmontable, la séparation de son jumeau est un traumatisme.
Le sort s’acharne parfois sur les familles. Le père de Jérôme se tue lors d’une chute de cheval, il n’avait que quarante cinq ans.
«  Je suis escorté par deux ombres qui se ressemblent. »
A cinquante trois ans, l’auteur se sent prêt à engager une conversation avec son frère. Se souvenir de cette courte période où ils parlaient ce langage codé des jumeaux, et évoquer sa vie d’adulte sans ce frère qui fut son double, son équilibre.
 » Ce texte que je t’écris, poste restante, entrecoupé de longs silences, de rêveries inutiles, de questions en suspens, de sourires invisibles, d’émotions bien camouflées... » est certes une expression du deuil de cet autre part de lui-même mais c’est aussi une plongée dans ce qui le sauve.
C’est pour moi la richesse du livre et la part fragile de l’homme en laquelle je me reconnais.

Jérôme Garcin trouve sa respiration dans la littérature (  » pénétrer seul dans un livre, l’habiter, y vivre une autre vie, respirer un air nouveau… »). Certains auteurs ou personnages politiques touchés par le deuil ou la gémellité l’interpellent particulièrement : Philippe Forest, Michel Tournier, Jacqueline de Romilly, Lech Kaczynski.

Se perdre dans la campagne, celle de sa jeunesse à Bruay-sur-Seine ou Saint-Laurent-sur-mer ou faire de longues ballades à cheval, animal avec lequel on fait corps comme avec avec son double sont des sources d’apaisement.

Et enfin « ma famille est mon unique refuge, mon socle, ma caverne platonicienne. » Sa femme, Anne-Marie Philippe, elle aussi touchée par la mort de son père ( l’acteur Gérard Philippe) est sa force vitale. Tournée vers le futur, forte, douée pour la parole, elle lui  » a épargné cette maladie, dont on peut mourir, le mutisme et sa boule de secrets amalgamés qui grossit avec les années et finit par étouffer. »

Jérôme Garcin se livre avec beaucoup de sincérité et de sensibilité élargissant un travail de deuil à un enrichissement personnel et universel avec ses propres recherches, ses sources de réconfort et de vie. Il y a une telle empathie lorsqu’il parle des autres, notamment sa femme ou Colette, sa nounou que l’on perçoit la douceur, le besoin de chaleur, de repères chez un homme particulièrement touché. Une touchante confession.

 » Chaque expérience de deuil est unique, irréductible, en apparence incomparable, et pourtant, dès qu’elle est couchée sur le papier, elle devient universelle, chacun de nous peut s’y reconnaître. »

Retrouvez l’avis de Joëlle qui m’a accompagnée pour cette lecture.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

23 mars 2017 à 20 h 40 min

J’ai lu Anne Marie Philippe dans ma vie de jeune adulte, j’aimais bien son style



24 mars 2017 à 8 h 51 min

Un grand merci pour cette belle lecture commune.



24 mars 2017 à 10 h 30 min

Pourquoi pas, si il croise ma route.



29 mars 2017 à 14 h 48 min

Je crois que je n’ai jamais lu cet auteur ! Tu donnes envie… et on te sent touchée. 😉



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