Titre : Je reste roi de mes chagrins
Auteur : Philippe Forest
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 288
Date de parution : 29 août 2019

L’envie de découvrir l’univers et le style de Philippe Forest et surtout la beauté du titre m’ont poussée vers la lecture de ce roman.

Je sors conquise par la dimension théâtrale de ce texte et la force de la construction.

Nous sommes au théâtre. Un homme est assis dans son fauteuil. Un autre, plus jeune peint devant un chevalet. Un cigare, un verre de whisky, une forte stature et une voix remarquable. Même si l’auteur ne le nomme que tardivement, on reconnaît de suite Winston Churchill. Un personnage théâtral sur la grande scène politique, un acteur sir la scène d’un théâtre.

L’auteur s’est inspiré d’une scène de la série The crown, réalisé par Peter Morgan pour composer cette pièce. En 1954, à l’occasion des quatre-vingt ans du premier ministre anglais, Graham Sutherland, peintre jusqu’alors spécialisé dans le religieux est chargé de faire le portrait du grand homme.

« Il y a quelque chose d’absurde à attendre d’un tableau qu’on y trouve en même temps l’image d’un homme et le récit de sa vie. »

Mais le théâtre le permet. La confrontation des deux hommes révèle de nombreux points communs. Les deux hommes peignent, ils ont assisté aux massacres de la guerre et ils ont tous deux perdu un enfant en bas âge. Winston Churchill ne se lasse pas de peindre l’étang de Chartwell, sa résidence, son petit Versailles. Quel fantôme y cherche-t-il?

«  J’imagine que, toute sa vie, on ne peint toujours qu’un seul et même tableau

Malgré leur connivence, Winston Churchill est déçu par le portrait de Sutherland qui fige le grand homme en vieillard avachi. Et l’homme politique, toujours direct, n’hésite pas à se moquer du peintre en public.

Pourtant, voir ce tableau n’est ni plus ni moins que se regarder dans le miroir. Le travail du temps est terrible.

Rien ne prouve la véracité de la scène relatée par Peter Morgan. Le tableau original a été détruit, il n’en reste que des esquisses. Cependant, en s’appuyant sur cette fiction, Philippe Forest peint un portrait bien connu de Winston Churchill. En se plaçant dans un théâtre, les personnages sont les acteurs du monde et inversement, passant de la lumière à l’ombre. Ce récit à plusieurs niveaux, sur la scène d’un théâtre et celle du monde, propose de nombreux sujets de réflexion sur l’art, le deuil et la vieillesse.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

21 décembre 2019 à 15 h 25 min

j’ai été tellement traumatisée par L’enfant éternel que j’avais fait la promesse de ne plus lire cet auteur… mais tu parles de théâtre, c’est mon péché mignon !!



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