Titre : Le mars club
Auteur : Rachel Kushner
Littérature américaine

Titre original :  The mars room
Traducteur : Sylvie Schneiter
Editeur : Stock
Nombre de pages : 480
Date de parution : 22 août 2018

 

J’apprécie particulièrement les récits qui se passent en prison ( comme L’université de Rebbibia de Goliarda Sapienza). Non par voyeurisme malsain. Mais parce que les personnages ont la complexité des âmes torturées. Reclus, exclus de la société, ils ont de la colère, de la force parfois du désespoir mais aussi beaucoup d’humanité ( en tout cas pour ces héros littéraires); ils survivent grâce aux autres et à l’espoir. Particulièrement dans les prisons pour femmes.

C’est à celle de Stanville en Californie que nous emmène Rachel Kushner avec son héroïne Romy Leslie Hall. Sa mère lui avait donné le prénom de l’actrice qui jouait Sissi impératrice. Une actrice qui sera brisée par la mort brutale de son fils. N’est-ce-pas le souvenir de son fils, Jackson, laissé à sa mère à l’âge de cinq ans quand elle est incarcérée, qui brise l’âme de Romy, condamnée à la prison à vie.

« Jackson était le grain de réalité au coeur de mes pensées. »

Mais qu’a bien pu faire Romy pour obtenir une telle peine? De quoi est-elle coupable?  Peut-être simplement d’avoir été une enfant délaissée, une adolescente rebelle traînant dans les mauvais quartiers de San Francisco. N’avoir eu d’autre horizon que de travailler comme streap-teaseuse au Mars club et de subir le harcèlement d’un client.

Sans argent, avec un avocat commis d’office incompétent, comment se défendre face à une justice partiale?

Alors quand il n’y a plus d’espoir de sortir de cette prison, quand on la déchoit de son autorité parentale, il faut continuer à vivre grâce aux autres détenues, aux cours d’un universitaire soucieux de les aider à vivre leur passe-temps en leur apportant de la laine, des livres, des crayons. Et puis toujours rêver d’une évasion.

Rachel Kushner décrit avec brio les liens qui unissent les prisonnières, leurs querelles racistes, leur quotidien en atelier, dans le couloir de la mort ou dans la cour. Mais elles nous éclairent aussi sur le passé de quelques-unes.

Et puis, surtout, il y a ce regard de l’auteur sur une certaine Amérique. Notamment sur San Francisco des années 80 et 90 avec la délinquance, la drogue et la violence surtout envers les femmes. Des femmes comme Sammy Fernandez, Betty LaFrance, Geronima ou Sanchez qui ne pouvaient échapper à leur destin.

«  Je rêvais de mondes anciens là-haut, d’un peuple d’une civilisation perdue qui me donnerait une chance. »

Un roman fort, humain sur la réalité de la loi dans des quartiers comme ceux de San Francisco dans les années 90.

Je remercie Ingannmic de m’avoir accompagnée pour cette lecture . Retrouvez son avis ici.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

6 février 2020 à 21 h 53 min

Ravie moi aussi de cette lecture commune. J’ai retrouvé dans ce titre le même type de structure que dans Les lance-flammes, de cette même auteure, que j’avais aimé aussi. Je me suis juste posée la question de la pertinence de s’attarder sur le personnage de … bah voilà j’ai oublié son nom (c’est significatif).. je pense au prof..



    9 février 2020 à 15 h 39 min

    J’avais aimé Les lance-flammes, peut-être davantage d’ailleurs. Le prof est la touche d’humanité extérieure, sûrement celle que Rachel Kushner donne en étant visiteuse de prison. Mais Oui, je me suis aussi demandé qui parlait lors des chapitres en italique. Je ne pense pas qu’ils apportent grand chose.



26 février 2020 à 9 h 10 min

Je me souviens de la sortie de ce livre… J’avais hésité à l’ouvrir il me semble. Il n’est pas dans ma PAL mais tu m’as donné envie de le lire. 😉



29 février 2020 à 13 h 51 min

Je l’ai acheté quand il est sorti en poche, ton billet confirme que j’ai hâte de le lire 🙂



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