Titre : Ainsi parlait ma mère
Auteur : Rachid Benzine
Editeur : Seuil
Nombre de pages : 91
Date de parution : 2 janvier 2020

Ainsi parlait ma mère, avec cet accent berbère qui nous faisait honte. Surtout quand, ne sachant ni lire ni écrire le français, elle peinait à comprendre nos professeurs.

« La culture scolaire exclut autant qu’elle intègre et les parents étrangers en sont les premières victimes. »

Immigrés marocains dans les années 50, les parents s’installent en Belgique. Ils auront cinq garçons. Lorsque le père meurt brutalement, la mère fait des ménages pour élever ses fils. Quarante ans au service d’employeurs sans scrupule. Aujourd’hui, elle a 93 ans. Son plus jeune fils, célibataire de 54 ans, professeur de lettres à l’université catholique de Louvain, vit avec elle depuis ses 78 ans.

Il nous confie la difficulté d’aider sa vieille mère pour les actes les plus intimes. Chaque jour, il lui lit La peau de chagrin de Balzac, seul livre qu’elle aime depuis toujours.

« Cette peau de chagrin qui raccourcit la vie de celui dont elle exauce les désirs. »

Elle en a usé plusieurs exemplaires papier, audio et même vidéo. Mais ce qu’elle préfère, c’est entendre la voix de son fils. Comment lui refuser la seule chose qu’elle demande.

« L’humilité et la crainte de déranger ont été les deux guides spirituels de ma mère. »

Au fil des anecdotes, teintées d’humour et de tendresse, le fils nous parle de cette mère, d’emblée disqualifiée par sa façon de parler et pourtant si dévouée, aimante, simple et sincère.

Quelques chansons françaises de Michel Sardou, Sacha Distel ou Charles Aznavour rythment les sentiments du fils envers la mamma, cette mère qu’il n’imaginait pas femme, cette vieille dame qu’on ne peut qu’accompagner sur la fin de son chemin, reconnaissant de tous les sacrifices consentis pour sa famille.

Avec ce texte très court, Rachid Benzine nous rappelle une fois de plus la douleur de l’exil, le fossé culturel entre les parents immigrés et leurs enfants éduqués en France. Ainsi parlait ma mère est un bel hommage à la mère sacrificielle pour laquelle on ne peut que regretter d’avoir eu parfois honte.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires



12 février 2020 à 12 h 23 min

C’est typiquement le genre de livre que j’apprécie 🙂



Ariane daphné
12 février 2020 à 19 h 47 min

Il a l’air très beau ce livre. Je le lirai.
Daphné



13 février 2020 à 17 h 52 min

Une génération qui n’a pas hésité à venir en France dans l’espoir d’une vie meilleure pour leur descendance. Un bel hommage



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