sapienzaTitre : L’université de Rebibbia
Auteur : Goliarda Sapienza
Éditeur : Attila
Littérature italienne
Traducteur : Nathalie Castagné
Nombre de pages : 240
Date de parution : 26 septembre 2013

Auteur :
Goliarda Sapienza (1924-1996) est née à Catane dans une famille socialiste anarchiste. Son père, avocat syndicaliste, fut l’animateur du socialisme sicilien jusqu’à l’avènement du fascisme. Sa mère, Maria Giudice, figure historique de la gauche italienne, dirigea un temps le journal Il grido del popolo (Le Cri du peuple).
Tenue à l’écart des écoles, Goliarda reçoit pendant son enfance une éducation originale, qui lui donne très tôt accès aux grands textes philosophiques, littéraires et révolutionnaires, mais aussi à la vie populaire de sa ville natale. Durant la guerre, à seize ans, elle obtient une bourse d’étude et entre à l’Académie d’art dramatique de Rome. C’est le début d’une vie tumultueuse. Elle connaît d’abord le succès au théâtre avant de tout abandonner pour se consacrer à l’écriture. S’ensuivent des décennies de recherches, de doutes, d’amours intenses. Mais son œuvre complexe et flamboyante laisse les éditeurs italiens perplexes et c’est dans l’anonymat que Goliarda Sapienza meurt en 1996. Elle ne trouve la reconnaissance qu’après sa mort, avec le succès en 2005 de la traduction en France du roman L’Art de la joie. Les éditions Le Tripode entreprennent désormais la publication de ses œuvres complètes.

Présentation de l’éditeur :
Goliarda Sapienza en prison
L’Université de Rebibbia est le récit du séjour que fit Goliarda Sapienza dans  une prison en 1980. Moment critique dans la vie de l’auteur: après s’être consacrée  de 1967 à 1976 à l’écriture du monumental roman L’Art de la joie et avoir fait face  à un refus général des éditeurs italiens, c’est une femme moralement épuisée qui intègre l’univers carcéral de Rebibbia, la plus grande prison de femmes du pays. Pour un vol de bijoux qu’il est difficile d’interpréter : aveu de dénuement ? Acte de désespoir ? N’importe. Comme un pied de nez fait au destin, Goliarda va transformer cette expérience de l’enfermement en un moment de liberté, une leçon de vie. Elle, l’intellectuelle, la femme mûre, redécouvre en prison – auprès de prostituées, de voleuses, de junkies et de jeunes révolutionnaires – ce qui l’a guidée et sauvée toute sa vie durant : le désir éperdu du monde.
L’Université de Rebibbia est un nouveau tour de force dans l’œuvre d’une femme au parcours décidément hors norme. Il fut immédiatement perçu comme un texte important en Italie. Publié par la prestigieuse maison d’édition Rizzoli, le livre fut accueilli avec enthousiasme par la critique et le public. On découvrait avec étonnement une écrivaine déjà âgée, partageant avec drôlerie et férocité son expérience d’une prison qui, pour reprendre ses mots, « a toujours été et sera toujours la fièvre qui révèle la maladie du corps social ».
Ironie de l’histoire, L’Université de Rebibbia deviendra ainsi le premier succès de Goliarda Sapienza. Et son dernier. Malgré les bonnes ventes du livre, Rizzoli maintint son refus de publier L’Art de la joie, condamnant encore pour plusieurs années ce texte à l’obscurité d’un tiroir.

Mon avis :
Les textes concernant l’auteur et la présentation de l’œuvre sont issus du site de l’éditeur. La vie de l’auteur est suffisamment intéressante pour la reprendre ici. Elle se reflète dans son œuvre, comme ici, le récit de son séjour à la prison de Rebibbia.

Le plus marquant dans ce récit est qu’il m’a complètement immergée dans cette prison pour femmes. L’auteur nous fait vivre au cœur de Rebibbia, la découverte des lieux, des habitudes. On y respire les odeurs, on y perçoit les voix tant gouailleuses que mélodieuses.
 » Nous sommes dans un zoo ou dans un théâtre underground… »
Après un passage à l’isolement, Goliarda se retrouve dans une cellule de trois avec la belle et jeune droguée Marro et l’eunuque énorme et maternelle, Annunciazione. Elles s’acceptent et se respectent même si les âges et les classes sociales sont différentes. La gentillesse et l’entraide soudent l’ensemble de cette population hétéroclite.
Leur naturel, leur façon d’être et de s’exprimer prêtent autant à sourire qu’à s’émouvoir.
Mais « rien ne vaut un petit moment avec quelqu’un qui sait converser » et Goliarda se rapproche assez vite de Marcella, Roberta et Suzie Wong. Dans leurs cellules bien aménagées, elles se regroupent autour d’une tasse de thé et discutent politique ou sentiments.
Pourtant, la violence est toujours présente, sur soi-même (grève de la faim, tentatives de suicide, sevrage des toxicomanes) ou sur les autres (fouilles, interventions des gardiens masculins).
L’auteur dépeint ainsi une société réduite à l’image de celle du dehors.
 » Si tu as été une fois ici, Goliarda, n’espère pas ressortir comme tu étais auparavant. »
Pourtant, beaucoup de femmes désespérées, inconsidérées ne tardent pas à revenir en prison après leur libération car au moins là, « on n’est pas seule comme dehors« . On a « un rôle reconnu par tous. »
Parmi ces parias de la société italienne de l’époque se trouvent de très belles figures humaines. La prison se retrouve être malheureusement le refuge de ces femmes perdues, le seul endroit où elles trouvent un peu de chaleur humaine et d’habitudes rassurantes.
Une fois de plus, Goliarda Sapienza nous livre un récit vibrant, engagé, dans un style soutenu et imagé.

J’ai lu ce livre dans le cadre de encartLibFly.

Je remercie Libfly et les Éditions Attila pour cette très belle lecture.

RL2013  plume

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

26 septembre 2013 à 9 h 25 min

Effectivement, je ne connais pas du tout mais ce que tu en dis est très tentant. Je le note pour ne pas oublier…



27 septembre 2013 à 11 h 04 min

Tout comme Asphodèle c’est une découverte pour moi aussi, et ton avis donne envie de découvrir ce livre. Merci et bonnes futurs lectures.



27 septembre 2013 à 19 h 20 min

Je le lirai un jour ou l’autre. Dans ma PAL, j’ai un autre livre d’elle à lire. Ton com. me plait



1 avril 2020 à 21 h 48 min

Effectivement, il a l’air vraiment intéressant ce roman ! Je le note directement dans la liste à lire ! 🙂



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