Titre : Quand arrive la pénombre
Auteur : Jaume Cabré
Littérature catalane
Titre original : Quan arriba la penombra
Traducteur : Edmond Raillard
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 269
Date de parution : janvier 2020

 

Avant de m’attaquer à Confiteor, le chef d’oeuvre de Jaume Cabré, je rentre dans l’univers de cet auteur avec un recueil de nouvelles.

Ecrites à différentes périodes, peaufinées au fil du temps ou composées spécialement pour ce recueil, ces treize nouvelles ont été choisies pour illustrer un thème, l’univers mental des assassins. Convaincu par le point de vue de Riera Llorca, Jaume Cabré établit une thématique, une atmosphère pour lier ces nouvelles. Et même parfois davantage, en ramenant un personnage ou un tableau de Millet.

Quelle différence y-a-t-il à tuer de sang-froid ou en tant que soldat? Le remords, sûrement. A part dans la dernière nouvelle où un vieil homme ressasse sa culpabilité pour avoir causé la mort de deux hommes pendant la guerre d’Espagne, les autres personnages, assassins par vengeance, métier, nuisance, peur ou instinct n’éprouvent aucune culpabilité, aucun remords. Ils parlent de leurs actes avec le plus grand naturel.

L’enfant délaissé par son père dans une institution catholique, violenté par un surveillant n’aura de cesse de se venger de ceux qui lui ont gâché son avenir. La vengeance et la mort sont pour lui des évidences.

« Je reconnais que j’ai tué cinq fois, mais je ne suis pas violent

Tout comme ce tueur à gages qui exécute ses contrats sans état d’âme ni compassion. Ou ces époux qui souhaitent mettre un terme à leur vie commune. Certains tuent froidement pour se protéger des autres. L’assassin est un berger rancunier, un Prix Nobel inquiet, un père qui n’a plus rien à perdre, une doublure d’un dictateur sénile, un écrivain raté ou un tueur en série.

Le lecteur entre dans un tableau, dans la tête d’un assassin à la recherche du vrai visage, de la lumière. Il en ressort transformé en gardant en tête l’effroyable naturel du criminel.

Jaume Cabré s’amuse à lier ses nouvelles avec un personnage qui passe de l’une à l’autre et surtout avec un tableau, La fermière de Millet. On y aperçoit une paysanne de dos qui marche vers la lumière. Comment ne pas avoir envie de voir son visage et de cheminer avec elle vers la colline de Puig dels Ases?

Malgré le sujet sombre du meurtre, il n’y a aucune noirceur dans ces textes. L’auteur joue des mises en abyme pour intensifier encore l’ambiance mystérieuse, tout en maniant aussi l’humour noir. Jaume Cabré fait de la littérature un art.

« Un étudiant imprudent a dit mais c’est de la littérature, pas de l’art, non? Granell lui a souri et nous a dit à tous, en le regardant lui, si le miracle se produit à travers des mots, nous l’appelons littérature ; s’il se produit de manière éthérée, dans un laps de temps déterminé, nous l’appelons musique; et si le miracle se produit dans un espace matériel déterminé, nous l’appelons peinture, fresque, retable, sculpture. Et si le miracle, c’est l’espace que tu crées, nous l’appelons architecture. L’important, c’est qu’il y ait miracle.  »

Même si le miracle fut pour moi relatif (il est toujours plus difficile de s’immerger dans un recueil de nouvelles), l’originalité du sujet, la construction et surtout l’ambiance créée par le talent littéraire de l’auteur sont remarquables.

Je remercie Babelio et Actes Sud pour l’attribution de ce livre lors de la dernière opération Masse critique.

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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

14 février 2020 à 10 h 19 min

Tu es parée pour la lecture de Confiteor ? 🙂



14 février 2020 à 23 h 22 min

j’attendais un avis sur ce livre! Je vénère Confiteor et le mot est faible. Je n’ose même pas lire autre chose de cet auteur… !



15 février 2020 à 9 h 55 min

J’avais beaucoup aimé le recueil « Voyage d’hiver », mais comme j’ai (toujours) Confiteor dans ma PAL qui attend le moment opportun, je ne cède pas aux sirènes de celui-ci pour l’instant.



15 février 2020 à 10 h 51 min

Moins amatrice de nouvelles, tu confirmes mon achat de Confiteor que j’ai hâte d’avoir le temps de lire….. 🙂



18 février 2020 à 13 h 01 min

Un peu moins épais que Confiteor ?



23 février 2020 à 2 h 09 min

J’ai tellement, tellement aimé Confiteor, qu’on dirait que j’ai peur de relire l’auteur.



28 février 2020 à 12 h 51 min

Parfait pour le 05 juin! Il y a moyen qu’on communique par messagerie entre nous pour parler de nos avancées 🙂 ?



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