Titre : Liv Maria
Auteur : Julia Kerninon
Éditeur : L’Iconoclaste
Nombre de pages : 320
Date de parution : 19 août 2020
Liv Maria naît au printemps 1970. Sa mère, Mado Tonnerre est native de cette île bretonne où sa famille tient depuis des années le café – restaurant – épicerie. Son père, Thure Christensen est un marin norvégien devenu menuisier.
« Son père était lecteur, et il avait fait de sa fille une lectrice. Sa mère lui apprenait la dureté et le silence, ses oncles lui apprendraient la pêche et la conduite… »
L’enfant grandit sereinement, libre sur cette île protégée. Elle conduit bien avant l’âge, transportant gentiment les uns et les autres. Mais un jour, elle tombe sur une mauvaise personne qui tente d’abuser d’elle. Sa mère prend alors une mesure radicale, elle éloigne sa fille jusqu’à Berlin chez la soeur de Thure.
Là, la jeune fille découvre l’amour à dix-sept ans auprès de son professeur d’anglais, un étranger, marié et père de famille venu donner des cours d’été en Allemagne.
« Ce qu’on pouvait faire avec un corps – avec deux corps. Les frottant l’un contre l’autre comme des silex- longtemps, patiemment, jusqu’à faire jaillir des étincelles, puis le feu, le feu ravageant tout. »
A la fin de l’été, la séparation est difficile. La mort soudaine des parents de Liv Maria la ramène sur l’île. Puis sans nouvelles de son professeur, elle part au Chili sur les conseils de ses oncles.
Après une enfance heureuse, une adolescence blessée, un premier amour intense perdu, Liv Maria profite de sa jeunesse et de sa liberté. Maîtresse et associée d’un riche propriétaire de restaurants, elle devient une femme d’affaires, libre et aventurière. Jusqu’à sa rencontre avec Flynn, un jeune ingénieur irlandais, amoureux du bois et des arbres. Très vite, enceinte, mariée, installée en Irlande, Liv Maria tombe dans l’adulterie.
« Liv Maria essayait de se revoir telle qu’elle avait été à peine quatre ans plus tôt, l’absolue nudité qui était la sienne alors, possédant ses seuls bracelets d’or, sa solitude et son dénuement, son corps dévêtu collé contre celui de Carrar en sueur, et la femme qu’elle était aujourd’hui, avec sa boîte à couture, sa machine à gaufres, ses moules à sablés, à tarte, à manqué, sa porcelaine du dimanche… »
Julia Kerninon dresse une fois de plus un très beau portrait de femme. Une femme multiple, évoluant aux différentes étapes de sa vie, en fonction des aléas, bonheurs et drames d’une vie. Qui peut dire à vingt ans où la vie vous emportera.
« Parents morts, pays natal délaissé , amants perdus et quittés, mensonges enfouis dans le silence – cuisine aménagée, petits garçons jouant sur le tapis devant la cheminée, et un bel homme rentrant tous les soirs chez elle avec ses propres clés. »
Mais parfois, le destin est farceur. Julia Kerninon aime les histoires singulières et elle nous réserve ici un tour du destin qui plongera Liv Maria dans un dilemme cruel.
C’est toujours un plaisir de lire cette amoureuse des mots, de la lecture et des belles phrases. Ses héroïnes sensuelles sont magnifiées par leur souffle de liberté. Les événements qui guident le destin de Liv Maria m’ont souvent paru improbables mais je passe sur ce sentiment car ils ne sont que prétexte à montrer comment une vie peut être bousculée.
Commentaires
C’est vrai que certains éléments de l’intrigue semblent peu crédibles mais la superbe plume de Julia Kerninon me les a fait oubliés.
On est d’accord
ça donne envie de découvrir cette auteure!
Elle a déjà quelques romans à son actif. Tu as le choix. Beaucoup plébiscitent son premier roman, Buvard
Le côté improbable me tente moins, mais tu donnes envie de découvrir ce personnage.
On arrive à passer outre grâce à la qualité du reste
Sur ma pile, je crois que je vais aimer retrouver la plume de cette autrice !
Oui sûrement
C’était le premier roman de l’auteure que je lisais, j’ai bien aimé la découvrir avec ce livre qui se lit, de plus, très facilement. Elle est douée pour rendre la psychologie féminine, mais ce qui m’a le plus séduit, à travers le personnage de Liv Maria (avec qui je n’avais pas forcément d’attache), c’est la façon dont elle raconte toutes les personnes, les personnalités, qu’on peut être au cours d’une vie. Comme on n’est pas la même personne à 16, 20, 30 ans, etc. J’ai trouvé ça fascinant et ça m’a aussi fait réfléchir sur le nombre de personnes que j’ai été dans ma propre vie.
Apparemment il faut lire Buvard, son premier roman. Ce que je n’ai pas encore fait 😉.
Je suis d’accord, c’est cette évolution de femme qui est primordiale. Il est toutefois frustrant de constater que l’amour conduise la femme dans la cuisine derrière ses moules à gateaux.