Titre : Les filles de Monroe
Auteur : Antoine Volodine
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 288
Date de parution : 19 août 2021

 

Découverte d’un auteur

Parmi les nombreux titres de la rentrée littéraire, j’ai toujours tendance à privilégier les auteurs que j’ai déjà lus et appréciés. Parfois la curiosité me pousse à sortir de mon univers. Je me suis laissée tenter par celui qu’on surnomme « le chaman de la littérature française » . Psychiatrie et au-delà étaient selon moi les ingrédients d’une bonne recette.

Un sujet atypique

Ancien héros du Parti exécuté lors des dernières purges, Monroe envoie depuis l’au-delà des guerrières chargées d’infiltrer le Parti pour en reformater les bases. Suite à des modifications génétiques,  Breton et son double ont la particularité de voir les songes des morts. Ils observent avec des lunettes spéciales une fille portant un barda militaire accrochée à une corniche du troisième étage d’un immeuble. Rebecca Rausch est une fille de Monroe. Son saut est une re-naissance. Trente ans plus tôt, Breton avait follement aimé Rebecca et il  fera tout pour la sauver. Mais les membres du Parti capturent Breton et son acolyte afin de mettre la main sur Monroe.

Un univers dantesque

Ruines, rues aux noms étranges, hôpital psychiatrique, maison des cosmonautes, nous errons dans des lieux sombres où se côtoient vivants dégénérés et morts. Ainsi l’atmosphère est puante, le temps est au déluge. Les policiers ont des relents de mort, les corps des filles de Monroe sont parasités par des oursins, les vivants dégénérés ne cessent de vomir. Nous sommes dans une fin d’humanité dégénérescente. Un univers dans lequel j’ai peiné. Toutefois je voulais poursuivre et comprendre.
Comprendre quoi? Que parfois la mort est plus douce que la vie?

Je me mis à penser à la mort. C’était une question que nous soulevions très peu, Breton et moi. L’idée de la vie nous faisait vomir. Elle revenait à chaque instant, cette idée, ce qui alimentait nos sursauts, nos hoquets et nos crachements de fluides divers. Il était extrêmement difficile de vivre, de survivre, de continuer à effectuer ce long passage dans la folie généralisée, dans la schizophrénie généralisée du camp, de rencontrer jour après jour l’hostilité de tout et de tous, il était extrêmement pénible et vain de prendre part à cette lente course d’obstacles, de sentir la dégradation mentale et physique s’accentuer en nous, de sentir nos corps s’épuiser, être gagnés par de vilains maux et de vilaines odeurs, extrêmement pesant d’être obligés à avancer coûte que coûte, avec tout au plus la perspective d’une prochaine étape, d’un prochain chapitre dans un livre dont la fin nous échappait et nous échapperait.

Une erreur d’aiguillage

A part cette très longue phrase, le style est plutôt fluide et équilibré. L’auteur nous plonge dans une ambiance de vieux romans noirs avec des pointes d’humour et des personnages comme Kaytel et Dame Patmos, les gradés du Parti. Ce roman semble fidèle à l’univers de Volodine avec des ambiances de ruines, de société en dégénérescence, des frontières entre le monde des morts et des vivants, des personnages errants à la recherche d’un passé anéanti par les pouvoirs politiques. Si maîtrisé qu’il soit, cet univers n’est généralement pas le mien. Surtout qu’ici, il est  vraiment en décomposition! Je suis aussi restée longtemps perplexe sur le couple de Breton et du narrateur. Les dialogues laissent penser qu’ils ne sont qu’une seule et même personne même si ils se défient aux échecs. Ce dédoublement de personnes reste pour moi une énigme.
Malgré sa renommée de chaman et ses talents littéraires , je sais maintenant que l’univers d’Antoine Volodine n’est pas pour moi.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

29 août 2021 à 11 h 03 min

pas sûre que ce soit pour moi non plus!



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