Titre : Tout s’effondre
Auteur : Chinua Achebe
Littérature africaine
Titre original : Things fall apart
Traducteur : Pierre Girard
Nombre de pages : 224
Date de parution: 2013 et 2016 en Babel

 

Un roman fondateur

Paru en anglais en 1958, Things fall apart marque le début d’une nouvelle voie pour la littérature africaine. Pour la première fois, l’auteur expose une vision de l’intérieur, loin des clichés, de la conception sauvage des auteurs Blancs. Toutefois, témoignage du choc culturel lors de la colonisation, ce récit, dans le sud-est du Nigéria en 1890 se veut impartial, respectueux des convictions de chacun.

 

Okonkwo, valeureux chef de clan

Enfant, Okonkwo reprochait la lâcheté de son père qui ne laissera que des dettes. Lutteur émérite, ambitieux, courageux, il ne doit sa réussite qu’à lui-même. Il devient un riche producteur d’ignames, règne en maître, parfois violemment sur trois familles. Il est reconnu et respecté par les neuf villages d’Umuofia. C’est pour cela que le clan lui confie la garde d’Ikemefuna, un jeune garço,rançon d’un crime commis par un village voisin.

Culture et traditions

Pendant la première partie, dans une langue orale assortie de proverbes africains,  Chinua Achebe nous fait sentir la culture ancestrale du pays.

Chez les Ibos, on tient en grande estime l’art de la conversation, et les proverbes sont l’huile de palme avec laquelle on accommode les mots.

Quelle belle découverte des rythmes de vie et traditions de ce pays. L’auteur décrit la culture de l’igname, ses étapes et ce qu’elle représente. On vit au rythme des périodes de sécheresse et des pluies, des semailles à la récolte. Les fêtes, les interventions des prêtresses et des oracles, les invasions de sauterelles, les repas, tout y est décrit avec précision pour s’imprégner des modes de vie.

La vie d’un homme de sa naissance à sa mort était une succession de rites de transition qui le rapprochaient de plus en plus de ses ancêtres.

Ikemefuna, l’infortune d’Okonkwo

Okonkwo apprécie le jeune Ikemefuna, bien plus viril que son propre fils, Nwoye. Toutefois, le chef de clan devra faire un choix irréversible pour respecter les traditions.  Et cette décision sera le point de départ d’une série de contrariétés tant pour le chef de famille que pour l’avenir du clan. Il y aura tout d’abord la maladie de sa fille chérie, ogbanje, enfant malfaisant qui après leur retournait dans le ventre de la mère. Puis l’exil de toute la famille sur les terres maternelles à la suite d’un crime femelle ( assassinat involontaire).

Début de la colonisation

Pendant cet exil, les habitants d’Umuofia croisent avec stupeur et incompréhension les premiers Blancs sur des chevaux de fer. Le choc culturel est immense et l’incompréhension provoque des actes violents de part et d’autre.

Ce grand Dieu nous a envoyés vous demander de renoncer à vos  erreurs et à vos faux dieux pour vous tourner vers Lui afin d’être sauvés quand vous mourrez!

Les évangélisateurs construisent une église. Mais les colons anglais organisent aussi la vie en installant un gouvernement, en construisant un tribunal, un hôpital, une école. Tout cela sans que les dieux locaux ne les punissent si ils entrent dans la forêt maudite ou sauvent les jumeaux. Aussi n’ont-ils pas de mal à convaincre certains locaux, brimés comme Nwoye par certaines traditions. Pourtant ils ne peuvent que s’opposer à ceux qui entendent bien préserver leur façon d’être dans leur propre pays.

Tout s’effondre est un grand roman sur la connaissance de la culture africaine et un témoignage puissant sur le choc de la colonisation. Chinua Achebe laisse ici un héritage culturel inestimable qui inspire sans aucun doute les auteurs de la nouvelle génération comme Chimamanda Ngozi Adichie ou Léonora Miano.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

4 octobre 2021 à 17 h 51 min

je crois que je vais noter beaucoup de titre ce mois ci!



5 octobre 2021 à 10 h 23 min

Est-ce que l’auteur parle de reconstruction après l’effondrement ?



6 octobre 2021 à 14 h 03 min

J’aurais tendance à aller vers des romans plus contemporains, mais ce que tu dis de celui-ci m’intrigue tout de même…



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