Titre : Les aquatiques
Auteur : Osvalde Lewat
Littérature camerounaise
Editeur : Les Escales
Nombre de pages : 304
Date de parution : 19 août 2021
Autour de Katmé
Katmé aurait pu être enseignante mais elle a épousé Tashun, un homme ambitieux devenu préfet d’Akriba, la capitale d’un état fictif d’Afrique, le Zambuena. Le mariage était l’occasion de rattraper la faute de sa mère. Madeleine, morte d’un accident à trente-neuf ans, fut enterrée au rabais, méprisée pour avoir eu deux enfants sans être mariée avec Innocent Patong, son compagnon. Elevées par leur tante, elle et sa soeur Sennke n’ont entendu que ce reproche toute leur jeunesse. Sennke a choisi de vouer sa vie à Dieu en s’enfermant dans un monastère.
Privée de sa mère et de sa soeur, Katmé n’a qu’un seul refuge, Samuel. Rencontré en terminale, elle le considère comme son frère. Artiste contemporain, il s’apprête à exposer ses œuvres controversées au Bubinga project. Une exposition financée par Tashun.
Conflit intérieur
Le récit commence par un événement qui va bouleverser la vie de Katmé. Un projet d’autoroute contraint la famille à déplacer la tombe de Madeleine. Tashun y voit une opportunité pour se placer dans la province du Haut Fénn où il brigue le poste de gouverneur. Katmé, elle, craint la mémoire du passé. Les ambitions de Tashun suscitent les coups bas de ses adversaires politiques. Un journal local dénonce l’homosexualité de Samuel, parrain des jumelles de Tashun et Katmé.
Katmé se retrouve tiraillée entre le respect d’un mari violent et infidèle qu’elle n’aime plus et l’amitié pour celui qu’elle considère comme son frère.
Une Afrique contrastée
Osvalde Lewat dépeint un pays africain riche de couleurs mais gangréné par la corruption. L’auteur n’hésite pas à critiquer l’opportunisme des politiques, la futilité des actions des femmes de ministres qui se réunissent en club, les conditions inhumaines des prisons. Dans ce pays où les homosexuels risquent la condamnation à perpétuité, où Katmé doit glisser des billets en les enroulant dans la paume de sa main pour se donner bonne conscience ou acquérir des droits, rares sont ceux qui osent affronter la société et vivre ce qu’ils sont.
Un personnage qui monte en puissance
Katmé ne dit pas un mot lors du premier enterrement de sa mère, furieuse qu’elle ait ainsi abandonné ses enfants. Plus tard, c’est le départ de sa soeur qu’elle regrettera. Dieu l’a privé des êtres auxquels elle tenait. Il ne lui prendra pas le seul ami qui lui reste. Mais comment être libre quand on est une femme en Afrique? Soumise à l’autorité de son mari, au jugement d’une société guidée par des règles archaïques, puritaines et sexistes, comment agir librement selon ses sentiments?
Malgré quelques moments de douceur entre amour, sonorité et amitié, Katmé devra se battre pour sortir d’une condition qui l’étouffe.
Un premier roman
Le style est assez basique. Dynamique, il laisse une place aux dialogues. L’intérêt du lecteur est à la fois aiguisé par la description du mode de vie dans ce pays fictif et par le combat intime de Katmé. Osvalde Lewat convainc surtout par l’évolution de son personnage. Katmé donne une structure et une force au récit, réunissant autour d’elle toutes les forces et les faiblesses de ce pays. Un premier roman qui, sous couvert de l’émancipation d’une femme africaine, ose dénoncer les dessous de la société de son pays.
Je remercie Babelio et Les Escales pour la lecture de ce roman.
Commentaires
Il pourrait me plaire, je pense. Ce que tu dis du style ne m’arrête pas.
Les écueils d’un premier roman mais une bonne histoire