Titre : Le parfum des cendres
Auteur : Marie Mangez
Editeur : Finitude
Nombre de pages : 240 
Date de parution : 19 août 2021

 

L’histoire en quelques mots

Dans le cadre d’une thèse sur les thanatopracteurs, Alice fait la connaissance de Sylvain Bragonard, un homme taiseux, énigmatique qui semble humer les cadavres qu’il embaume.

L’essentiel de son travail s’effectuait en solitaire – ou plutôt en tête à tête avec les défunts, instant privilégié durant lequel se tissait entre lui et la mort ce lien fragile et éphémère, cette connivence précieuse que la présence d’un vivant venait inévitablement troubler.

Ce ne sera pas facile pour Alice d’établir le dialogue. Elle qui ne vit qu’en musique et ne peut s’empêcher de parler, sûrement pour compenser son enfance auprès d’une mère sourde met toute son dynamisme à tenter de dérider le sinistre Sylvain.

 

Un récit sensuel

Dans ce récit, Marie Mangez fait appel à tous les sens. Avec la parole, Marie tente d’ouvrir une brèche dans la carapace de ce thanatoprcateur taiseux. Mais elle s’aide aussi de la musique, osant tous les genres pour tenter de décrocher une émotion sur le visage fermé de son interlocuteur. Par contre, Sylvain, lui, utilise l’odorat et le toucher. Adolescent,  il envisageait de travailler dans la parfumerie. Aujourd’hui il déshabille puis embaume les morts avec tant de délicatesse. Tant de précisions sur les descriptions nous les font voir sous toutes leurs couleurs. Tel un peintre ou un sculpteur, Sylvain redonne vie à une manière inerte avec tant de passion.

L’odorat

Chaque sens est indispensable pour apprécier la vie. Je ne voudrais perdre ni la vue, ni l’ouïe. Mais ici, avant tout, Marie Mangez met en évidence l’importance de l’odorat. En lisant un paragraphe en fin de roman, j’ai senti toute la saveur du monde.

l’odeur de la terre après la pluie, celle des draps propres pliés dans la lingerie d’Eliane, l’odeur du romarin dans les bocaux de la cuisine, du café et du parquet ciré, du dissolvant et du vernis sur les frêles ongles de sa soeur préadolescente, l’odeur du chocolat, du poulet rôti à l’entrée des charcuteries, des vieux livres à la couverture craquelée et des nouveaux aux pages blanches et veloutées, des paquets de petits-beurre, le goût des fraises du jardin et des noisettes torréfiées, l’odeur d’amande de la colle en bâton, la senteur du tabac blond, l’odeur suave de la peau d’Aude, le parfum fleuri de sa mère et l’odeur du cou de son père….

 

Un premier roman prometteur

Si le style est encore incertain alternant entre de belles envolées lyriques et la gouaille de certains personnages, la construction se veut attachante par le mystère d’un accident de jeunesse qui a amené Sylvain vers le monde des morts. L’auteur joue des contrastes entre un personnage taiseux et une jeune femme solaire, entre les zones de non-vie et les musiques chatoyantes, entre les odeurs de pneus brûlés  et ceux de la cannelle. Enfin, l’humour et la légèreté apparente d’Alice apaisent ces ambiances macabres du pays des morts.
Après avoir lu de nombreuses chroniques, je m’attendais à un coup de coeur. Toutefois, ce ne fut pas le cas ( on est loin de la profondeur du roman de Süskind) mais c’est une belle histoire empreinte de tendresse.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

Florence CHOQUET
28 octobre 2021 à 5 h 33 min

Bonjour, Je ne connais pas du tout mais vous m’avez donné envie de la découvrir ! Bonne journée.



29 octobre 2021 à 11 h 14 min

Comparer avec Süskind : tu visais haut.



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