Titre : Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents
Auteur : Shannon Pufahl
Littérature américaine
Titre original : On swift horses
Traducteur : Emmanuelle Vial
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 432
Date de parution : 2 mai 2022
Route vers l’Ouest
Muriel a grandi dans le Kansas, auprès d’une mère anti-conformiste qui entendait vivre librement sa vie de femme en collectionnant les aventures. A sa mort, Muriel accepte d’épouser Lee, tout juste revenu de la guerre en Corée, et de le suivre en Californie. Serveuse dans un bar fréquenté par des bookmakers et anciens jockeys, elle suit leur ferveur hippique. Et ose même aller jouer à l’hippodrome les conseils glanés dans son bar. La chance lui sourit. Elle gagne de quoi acheter un terrain convoité par Lee sans être obligée de vendre la maison de sa mère. De cette expérience inavouable, elle ne dira rien à son mari. Mais elle le laissera entendre à son beau-frère, Julius.
Parce qu’ils se ressemblent. Julius a été renvoyé de l’armée pour homosexualité. Depuis, il hante les salles de jeux, dépensant chaque dollar gagné. Engagé dans un casino pour surveiller les fraudes, il rencontre Henri, un tricheur invétéré dont il tombe amoureux.
L’errance sentimentale
Muriel et Julius refusent une vie conventionnelle. Ils rêvent de vivre leurs émotions librement et ils sont prêts à prendre des risques. La mère de Muriel répétait sans cesse que l’amour valait la peine d’être vécu. Mais ce qu’elle vit avec Lee, est-ce de l’amour?
Elle a parié sur des chevaux, elle est allée là où des hommes dansent ensemble, et maintenant ceci.
Ceci, le plaisir que Lee ne peut lui donner. Muriel et Julius sont prêts à franchir les frontières morales ou physiques pour trouver cet amour. Julius part au Mexique pour tenter de retrouver Henry tandis que Muriel cherche le frisson.
L’amour était toujours quelque part hors de soi, il était toujours improbable. Il pouvait surprendre n’importe qui et pouvait naître mille fois, une seule fois ou jamais. Il fallait le chercher et il fallait l’autoriser, se laisser mettre à nu par la force de sa clairvoyance.
Un roman d’ambiance
Shannon Pufahl a choisi de privilégier la description à l’introspection. Elle nous plonge dans des décors de western avec la tension des champs de course ou des salles de jeux, l’atmosphère des bars ou des hôtels miteux, la marginalité des coins louches de Tijuana. L’auteur nous plonge dans les espaces, au coeur des conversations parfois sans autre intérêt que de nous mettre dans l’ambiance du quotidien. On mord la poussière en regardant avec inquiétude les satellites ou les essais nucléaires. Ce parti pris laisse parfois la sensation de mal cerner les personnages qui expriment très peu leurs sentiments. J’ai parfois ressenti un peu de longueur, notamment dans les errances de Julius au Mexique. Mais pas de doute, deux beaux personnages ressortent de ce roman.
L’adaptation cinématographique de ce premier roman est en cours.
Commentaires
Je suis tout à fait d’accord sur ce que tu dis dans le dernier paragraphe, c’est effectivement un roman d’ambiance aux personnages parfois flous, insaisissables, un roman cinématographique finalement – donc l’adapter paraît être une bonne idée !
Justement je me disais que l’adaptation cinématographique, ça passe ou ça casse. A mon avis, il va falloir un peu préciser la fin et alléger certains passages. Il faut un bon réalisateur, un peu style The power of the dog.
Oui peut-être. Je me disais ça parce que beaucoup de choses reposent sur les décors donc c’est sans doute plus simple à adapter qu’autre chose (comme The Power of the Dog justement où les non dits prennent une place folle).
Le sujet ne me tente pas.