Titre : L’affaire des coupeurs de tête
Auteur : Moussa Konate
Littérature malienne
Editeur : Métailié
Nombre de pages : 147
Date de parution : 7 mai 2015, sortie chez Points en juin 2017
Kita, une ville malienne sous le choc
Kita fut la porte d’entrée des forces coloniales françaises et de l’Eglise catholique dans ce qui fut le Soudan puis le Soudan français. En acquérant son indépendance en 1960, le Soudan français devient le Mali.
Essentiellement peuplée de Malinkés, Kita fête aujourd’hui la victoire de son équipe de football contre la ville de Kayes, lieu de l’ethnie des Klassonkés. Et c’est pendant cette fête autour de la gare qu’un corps de mendiant sans tête est découvert.
Le capitaine Dembélé, originaire de Kita, et son adjoint, le jeune lieutenant Sy sont chargés de l’affaire. Ils se retrouvent vite confrontés aux menaces des esprits. Une ombre rouge sur la colline de Kitakourou annonce une année de malheur.
Des têtes continueront à tomber jusqu’à ce que vous, nos enfants, vous respectiez le pacte qui nous lie.
Le chef du village, le préfet exigent des sacrifices, des changements notamment au niveau de la prostitution. Mais d’autres cadavres sans tête sont retrouvés. Les jeunes se révoltent face à l’inaction de la police locale.
Une enquête du commissaire Habib
Le commissaire Habib, patron de la brigade criminelle, est originaire de Kita. Il connaît bien les croyances des anciens. Accompagné de son adjoint, le capitaine Sosso, un Bambara, il vient prêter main forte à Dembélé, un peu dépassé par les évènements.
Posé, observateur, Habib fait un rapide portrait du potentiel tueur en série. Alors que Sy s’obstine à vouloir accuser Ngaba, un fou qui se ballade avec un coupe-coupe autour du cou, Habib et Sosso mènent leur enquête avec beaucoup d’habileté et d’humour.
Coutumes ancestrales et nouvelle génération
Dans un style épuré, avec un enchaînement très basique, Moussa Konate développe son récit tout en exposant parfaitement le contexte. En premier lieu, il retrace en quelques lignes, le contexte historique. Son intrigue se focalise sur l’évolution de Kita entre poids des coutumes ancestrales et comportements de la nouvelle génération.
Redevenu le chef de la brigade criminelle, Habib n’en demeurait pas moins troublé par le contraste entre le pessimisme de sa tante et la révolte de Barou. Il venait d’être confronté aux deux visages de sa ville natale : celui du passé, désespéré parce que se sentant impuissant, et celui du présent, ignorant le passé et convaincu que l’avenir lui appartenait.
Habib en est conscient mais il sait aussi respecter les anciens. Sosso applique ses conseils, préférant les habiles bavardages aux techniques officielles d’interrogatoire. Avec les gentilles moqueries sur les différentes ethnies, le récit est à la fois léger et amusant.
Commentaires
Intéressant, ce polar malien ! Je n’ai pas encore lu de roman noir venant du continent africain.
Facile et amusant à lire. Tout en captant bien les enjeux de société
Pourquoi pas, pour le contexte ?
Un enquêteur récurant ? Ou il s’agit d’un one-shot ?
Oui le commissaire Habib et Sosso sont des enquêteurs récurrents. On les retrouve dans plusieurs livres de Moussa Konate. D’ailleurs dans ce roman, ils évoquent l’affaire du livre Meurtre à Tombouctou
Le format polar, c’est pas trop mon truc, pourtant certains thèmes peuvent m’intéresser, à voir !
Je ne suis pas très polar, non plus 😉