Titre : Mon enfant, ma soeur
Auteur : Eric Fottorino
Editeur : Gallimard 
Nombre de pages : 288
Date de parution : 21 septembre 2023

 

Une famille à recomposer

Depuis près de trente ans, Eric Fottorino utilise la plume pour comprendre ses origines, rassembler les membres d’une famille qui n’a jamais existé.
Fille d’une femme de la noblesse déchue et d’un père absent, celle qui sera sa mère trompe la froideur maternelle en cherchant l’amour auprès de jeunes marocains. A dix-sept ans, elle donne la vie à l’auteur. Il est le fils d’un juif marocain qu’il ne connaîtra pas. Trois ans plus tard, elle accouche d’une petite fille dans une institution religieuse bordelaise. Sa mère parvient cette fois à lui arracher des bras l’enfant née d’un marocain musulman pour la donner à l’adoption. A partir de ce jour, la mère s’éteint à force de chercher puis d’attendre.

Chaque 10 janvier de sa vie
depuis soixante ans
maman reste couchée

L’enquête

Sa mère s’est remariée, a eu d’autres enfants. Ils ont vécu des jours heureux à La Rochelle. L’auteur n’apprend que tardivement l’existence de cette petit soeur. Lors d’un déplacement à Bordeaux, il se rend à l’adresse de l’institution religieuse où serait née sa soeur. Mais elle n’existe plus. Il retrouve sa trace en région parisienne. Commence alors une enquête pour retrouver une enfant née  à Bordeaux un dix janvier 1963.
Celle qu’il appelle en secret Harissa, avec laquelle il s’invente une autre enfance est aujourd’hui une femme. Dans ses traits, le ton de sa voix, les marques d’une filiation.

Un long poème en prose

Quel texte magnifique que ce long poème en prose qui charrie la nostalgie, la mélancolie, la douleur, les regrets puis l’espoir, l’éloquence du silence et la douceur des gestes.
Eric Fottorino joue avec les mots ( être, naître, n’être rien), fait des énumérations à la Prévert. Et toujours derrière chacune de ses phrases pointent les émotions à fleur de peau.
Si la première partie est lancinante, douloureuse, elle s’allège de joies imaginées d’une enfance à deux.

maman ne connaît pas la douceur de l’oubli
chaque jour elle essaie de t’effacer
et chaque jour elle échoue
soulagée de son échec
elle inspire ton nom
elle expire ton nom
soixante-ans qu’elle vit en apnée
tu es sa peine à respirer

je t’écris comme à la mer
avec l’espoir immense et fou
qu’une nuit dans ton sommeil
tu reçoives de mes mots
le sel d’un embrun
l’esquisse d’un appel

Puis l’enquête apporte ensuite du souffle, de l’espoir. Le récit se termine sur la douceur et l’apaisement, ce qui clôt peut-être une quête incessante d’un écrivain hanté par ses origines.

Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour l’attribution de ce roman lors de la dernière opération Masse critique Fiction.

 

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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

27 octobre 2023 à 9 h 03 min

Une très belle langue. Merci pour les extraits.



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