Titre : Un arabe
Auteur : Oscar Coop-Phane
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 192
Date de parution : 8 janvier 2025

 

Le bouc émissaire

Dans un petit village, une vieille dame crie Au voleur ! Elle vient de se faire dérober chez elle le contenu de son porte-monnaie et sa carte bancaire. Patrick et Daniel, ses voisins, accourent. Ils voient un homme avec une casquette  s’enfuir. Daniel tente de le poursuivre mais ne parvient pas à le rattraper. Ils promettent à la vieille dame de le retrouver .
Et ils ont une petite idée sur l’identité du coupable. Ne serait-ce pas l’Arabe qui vit au crochet de Virginie, l’esthéticienne ? Il traîne toujours en survêtement, casquette sur la tête.
Aussitôt, ils  vont  au Balto, le bar du village, raconter leur histoire.

Il suffit souvent d’une histoire dégueulasse pour que les tissus des hommes qui s’emmerdent se réveillent.

Des hommes anesthésiés

Oscar Coop-Phane traduit la peur de la vieille et nous présente le passé et le présent de l’Arabe. Mais ces deux personnages restent un peu dans l’ombre. Ils seront « la vieille » et « l’Autre ». L’arabe n’aura un prénom qu’à la fin de la chasse à l’homme.
Car ce qui intéresse l’auteur, c’est de comprendre qui sont ceux qui vont attiser la haine et commettre un lynchage. Ils sont une quinzaine d’hommes. Et se retrouvent au bar où l’histoire du jour prend de l’ampleur, chacun y ajoutant son ressenti.  Si quelqu’un a des doutes, ils sont vite balayés par la détermination des plus loquaces. Les folies sont acceptables quand elles sont partagées.
Ce sont des hommes ordinaires dont la vie traîne. Des plus vieux, usés par la vie aux plus jeunes, sans lueur d’avenir. De toutes professions, chômeurs ou étudiants. Un riche entrepreneur en mal de pouvoir ou un radin qui ne paie jamais sa tournée.
Cette affaire les lie et leur donne l’adrénaline qui manquait à leur vie.

L’univers et le style

Une fois de plus, Oscar Coop-Phane s’intéresse à la marginalité. Elle est présente ici en chacun des personnages même si la plus flagrante est bien évidemment celle du présumé coupable.
L’auteur n’oublie rien de la fragilité de la vieille, de la précarité de ceux qui rêvent de succès facile  mais végètent dans une France qui n’accepte pas l’échec.
En quelques petites phrases brèves et simples, l’auteur traduit tout d’un décor, d’une ambiance, d’une personnalité.
A l’image de  la rumeur dans un petit village, l’histoire gonfle, s’enflamme. Chaque petit détail semble confirmer la légitimité du groupe qui crie vengeance. L’humanité de Virginie, suffisamment rare pour que l’auteur le souligne, donnera un nom à l’Autre. Mais l’humanité n’a plus sa place dans un groupe aveuglé par la haine de l’Autre.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

20 janvier 2025 à 12 h 03 min

Tu me donnes envie de découvrir la plume de cet auteur.



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