Titre : Et personne ne sait
Auteur : Philippe Forest
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 128
Date de parution : 9 janvier 2025

 

Un roman, un film, un personnage

Eben Adams est un peintre paysagiste peu reconnu, personnage d’un roman qui deviendra quelques années plus tard, un film ( Le portrait de Jennie réalisé par William Dieterle en 1948).
Ce peintre, entré dans l’hiver de sa vie malgré son jeune âge, peint toujours les mêmes tableaux. Un jour d’hiver, il rencontre une enfant dans un parc. Il est séduit par cette fille, jouant à la marelle et chantonnant une comptine. Est-ce un songe en ce soir de Noël ?
Mais ce visage va le suivre et il en fera le portrait enfant, adolescente puis jeune femme.

L’absence

De ce roman qui devint un film, Philippe Forest en tire une réflexion sur l’art. Il décrit avec une grande précision les œuvres du peintre fictif.

Adams peint. Il peint pour que Jennie lui revienne.

De manière très subtile, l’auteur évoque la perte de sa fille. Il établit un parallèle entre les tableaux du peintre et ses romans. Peindre ou écrire, c’est réinventer le monde à sa convenance. L’art permet de faire vivre éternellement les êtres, de les faire évoluer. Annihilant ainsi le temps. Il n’y a aucune limite dans l’art.

l’insituable limite qui sépare le possible de l’impossible, le rêve de la réalité et la folie de la raison.

Jeux d’ombre

Porté par l’analyse de nombreux tableaux dont celui qui figure en bandeau ( Les quatre filles d’Edward Darley Boit) de John Singer Sargent (1856-1925), ce roman associe analyse artistique et méditation mélancolique.
L’ambiance reste ouatée dans un monde qui n’appartient ni à la réalité ni au rêve. Les phrases associent des mots et leurs contraires, associant la réalité et ce qui manque au monde.
C’est un roman sur l’absence. Celle qui emplit une vie, la plaçant dans un hiver permanent. Mais dans ce monde, il y a encore de la beauté. Grâce au souvenir et au temps figé dans une œuvre qui comble une vie.

Son rêve, celui qui rêve sait qu’il n’y A aucun moyen de le retenir. Il est pareil à la vie. Tout s’en va. Vers où elle va, tout s’en va. Le temps, elle l’entraîne. Dans le vide auquel elle est vouée mais dans le noir duquel, cependant, un songe scintille.

Un très beau roman porté par un style de grande qualité et une émotion nostalgique sensible.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

23 janvier 2025 à 13 h 06 min

L’hiver de l’absence : une lecture de saison.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur Sur la route de jostein

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture