Titre : Uvaspina
Auteur : Monica Acito
Littérature italienne
Titre original : Uvaspina
Traducteur : Laura Brignon
Editeur : Sous-sol
Nombre de pages : 464
Date de parution : 9 janvier 2015

 

Une famille explosive

Chaque mercredi, Uvaspina et Minuccia sont au chevet de leur mère. Malade de jalousie, Graziella la dépareillée joue la comédie de la mort. En effet, elle ne supporte pas les absences hebdomadaires de son mari, notaire et président du club nautique.
Pasquale Riccio, fils de notaire,  a rencontré Graziella à l’enterrement de son père. Elle y était une pleureuse haute en couleur. Mais après des ébats endiablés et un mariage contre l’avis de ses parents, Pasquale découvre la vraie nature de Graziella, une fille sans grâce du quartier pauvre de Forcella.

Et effectivement, dans ce foyer règne parfois un parfum de violence. Uvaspina est un jeune homme très beau à la peau diaphane. Il aime la poésie et la littérature. Mais il vit mal son homosexualité naissante. Partout, il est victime de moqueries.
Minuccia, de deux ans sa cadette, est une jeune fille jalouse et violente.  Lorsqu’on la contrarie, elle devient une « foltoupie » qui s’acharne sur le corps de son frère. Bercée par la magie noire de sa mère et de son amie, Nunzia Cul-de-Traviole, elle n’hésite pas à jeter des sorts à ceux qui la déçoivent.

Une dualité permanente

La force de ce premier roman est de jouer en permanence avec les sentiments contraires, les clivages, les ambivalences. Haine violente et amour profond se côtoient. Aux pulsions de mort s’opposent des moments de légèreté, de jeux.
Uvaspina est écartelé entre sa beauté et la laideur que les autres voient en lui. Tel un « femminiello », il oscille entre divinité et créature honteuse.
Minuccia ne peut qu’être jalouse de la beauté de son frère. Elle éprouve pour lui adoration et haine. Entr’eux, il y a un amour fusionnel, un lien désespéré et violent.
Monica Acito oppose aussi la vie des quartiers pauvres dont sont issus Graziella ou Antonio et la belle vie à Chiaia de la famille Riccio.
Tout semble être le reflet de l’ambivalence de Naples.

Puis il pensa qu’à Naples, le bonheur se payait cher : plus on est heureux, plus on méfie, parce que Naples offre des miettes, puis les rebouffe et il ne vous reste rien.

Naples

A l’image des yeux vairons d’Antonio, Naples a deux couleurs. D’une part, la couleur d’une plaque d’égout, de l’autre celle de l’émeraude.
« Naples, cette ville née de la queue d’une sirène nauséabonde » est omniprésente dans ce récit.
On y découvre sa cuisine, son architecture, ses rues, sa mer et ses îles. Et surtout le palais Donn’Anna, encore embelli des histoires de reines et de princesses dont nous délecte Antonio.
L’auteure donne à son texte toutes les couleurs napolitaines en utilisant beaucoup de noms de lieux en italien, en nous conviant aux fêtes locales.

Un roman passion

La presse évoque Elena Ferrante en présentant ce premier roman de Monica Acito. Certes, nous sommes dans les quartiers de Naples.
Mais le style est ici beaucoup plus rugueux, mordant, explosif. La beauté côtoie la violence. Le rythme est soutenu avec une ambiance dramatique, tel un volcan qui sommeille et ne demande qu’à exploser.
Les personnages principaux et secondaires sont d’une belle intensité.
Un premier roman entre boue et diamant, entre amour et haine, entre noirceur et lumière. Monica Acito a toute sa place dans la ligne éditoriale des éditions du Sous-Sol.

Je remercie Babelio et les éditions du Sous-sol pour l’attribution de ce roman lors de la dernière opération Masse critique Fiction.

 

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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

12 février 2025 à 16 h 23 min

Je note ce titre pour Naples et mes lectures napolitaines, commencées suite à un séjour récent là-bas. Le double visage de la ville, les contrastes sont ce qui frappe en effet. Et en même temps tout cela arrive à faire une ville envoûtante et attachante, quoique un peu rugueuse. A l’image de la langue de ce roman, si je t’ai bien suivi.



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