Titre : Carcoma
Auteur : Layla Martínez
Littérature espagnole
Titre original : Carcoma
Traducteur : Isabelle Gugnon
Editeur : Seuil
Nombre de pages : 160
Date de parution : 3 janvier 2025

 

Une maison hantée

Le lecteur entre dans ce livre par la porte d’une maison qui devient le personnage principal. Il passe le seuil avec une jeune fille au parler franc. Elle vient d’être accusée de la disparition d’un jeune garçon qu’elle gardait.
C’est une plongée dans un monde étonnant et inquiétant. Une armoire laisse échapper des voix, les murs frémissent, les parquets vibrent. Une tête de lit baroque avec des images d’anges gardiens et de portraits d’enfants psychopathes effraie.
Soudain, apparaît une vieille dame, la grand-mère de notre hôte. Les deux femmes vont alterner leur point de vue. Leurs récits convergent vers l’histoire du lieu et de leur famille et vers leur mise au ban face aux gens du village qui les craignent et les critiquent.

Cette maison est une malédiction. Mon père nous a maudîtes en la faisant construire et il nous a condamnées à vivre entre ses murs.

C’est le père de la vieille, un proxénète qui a bâti cette maison et leur malheur. Il y enfermait ses prostituées puis sa femme qu’il battait régulièrement. Pour échapper à la guerre, il s’est enfermé derrière une cloison dans la chambre. Et c’est là qu’il croupira suite à la vengeance de sa femme.

Double vengeance

Ce roman illustre la vengeance des femmes contre le patriarcat. Mais si les hommes s’étiolent en cette demeure, les femmes y sont prisonnières. Captives des murs mais aussi de la société qui les exclut de l’éducation et de l’élévation sociale.
La jeune fille aurait aimé partir à Madrid pour faire des études. Mais personne n’aide les filles pauvres. Alors, elle n’a d’autres choix que de servir les Jarabo au grand regret de sa grand-mère. Car les Jarabo ont ruiné sa famille par leurs médisances, leur bon droit.
Mais leur condescendance finira par blesser la jeune fille. Et il n’est pas judicieux de contrarier les sorcières.

Un conte gothique

Avec ce premier roman,  Layla Martinez dévoile un vrai talent à composer une atmosphère et à en extirper les racines du mal. Il y a bien sûr l’ambiance de cette maison où bruissent les murmures des fantômes de la maison et des campagnes environnantes. Mais derrière la possession d’un lieu, il y a cette malédiction familiale, ce ver qui ronge les entrailles et les cœurs qu’on appelle la carcoma. Et puis se dévoile sur un troisième plan, le lourd fardeau plus réel d’une société pourrie par le patriarcat et les inégalités sociales.
Un roman, qui telle la maison, nous capture jusqu’à trouver la brique qui, une fois retirée nous laissera respirer.
Une très belle découverte et une auteure à suivre.

Cette lecture entre dans le cadre du mois espagnol organisé par Sharon.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

7 mai 2025 à 20 h 22 min

Je ne suis pas le bon public : je suis très impressionnable et j’évite donc les récits angoissants, gothiques etc. Mais l’autrice semble promise à un bel avenir et je la recroiserai peut-être avec un roman qui me conviendra mieux.



8 mai 2025 à 10 h 58 min

Il y a effectivement quelque chose d’assez fasconant dans ce texte dérangeant.



9 mai 2025 à 13 h 17 min

J’aime bien les romans qui font parler les maisons. Je note ce premier roman réussi.



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