Titre : Abel
Auteur : Alessandro Baricco
Littérature italienne
Titre original : Abel
Traducteur : Lise Caillat
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 176
Date de parution : 3 avril 2025
Abel Crow
Abel est l’aîné d’une fratrie de six enfants. Ses parents sont allés vers l’Ouest profond. Pour s’arrêter au bord de l’Intact, une zone mystérieuse, déserte qui semblait les attendre. Mais lorsque le père fut assassiné par deux Absaroka et que leur mère les abandonne, les autres enfants quittent la maison après la mort de leur petit frère. De toute façon ce lieu où le chemin de fer n’est jamais venu ne leur apportera jamais rien.
Tirer est une condamnation
Abel a saisi la puissance d’un tir de Sharps lorsque son père à tiré sur David. La balle a frôlé son oreille. Pour le père, tirer se fait avec l’œil et l’âme. La balle n’est alors qu’une caresse à distance. Voilà de quoi éveiller la passion d’Abel qui devient un pistolero, une légende à vingt-sept ans.
En échange de lectures de philosophes, le Maître, un tireur d’exception qui a perdu la vue, lui enseigne tout ce qu’il sait. Et en particulier le fameux Mystique qui consiste à atteindre deux cibles avec un pistolet dans chaque main. De plus, Abel le réalise à tirs croisés et avec dix pour cent de son cerveau toujours consacré à sa femme, Hallelujah Wood.
Sacré personnage, cette Hallelujah. Fidèle à Abel, elle accepte de comprendre les infidélités du pistolero. Elle connaît ses terreurs nocturnes et essaie de comprendre cette violence qui suit un tir et la mort de l’adversaire.
Abel n’a pas que les cicatrices des duels ratés. Il porte aussi les blessures de son enfance. Et lorsque Lilith le rejoint pour lui annoncer que leur mère va être pendue, il accepte de faire partie de son plan pour la sauver.
Un western métaphorique
Alessandro Baricco avait déjà pris les armes avec un Smith&Wesson mais c’est la première fois qu’il écrit un western. On retrouve ici les codes du genre avec les cow-boys et les indiens, les règlements de compte au saloon. Mais il y ajoute de la poésie, des éléments féminins et de la philosophie.
Effectivement, il est rare de rencontrer un cow-boy qui parle de l’entelecheia d’Aristote, de Platon ou de Hume.
Dans ce récit explosé, l’auteur aime nous répéter qu’il est inutile de raisonner linéairement. Avant/après, cause/conséquence sont des enchaînements illusoires.
Mais voilà, il n’y a pas un avant et un après dans les événements – qui sont une unique respiration difficile à interpréter.
Et quoi de mieux qu’un shérif , un lonesome cow-boy pour rappeler que l’essentiel est de chevaucher, de galoper avec toutes les histoires que l’on porte. Il ne sert à rien de s’encombrer de blessures passées ou de craintes pour l’avenir.
L’auteur glisse aussi des références à la Bible, ne serait-ce qu’avec les prénoms des personnages. On y retrouve aussi la grandeur et la sagesse des sorcières.
Tout se recompose, c’est la vie. Alors cesse de te demander s’il existe un avant et un après, car il n’ya qu’un maintenant. Impossible d’avoir peur puisque tout est déjà arrivé, et rien ne finira jamais.
Le talent de Baricco
Ce n’est pas toujours facile d’entrer dans un roman de Baricco. L’écrivain aime jouer avec l’absurde, l’onirisme, la poésie, le théâtre et les questions existentielles. Et ce roman en particulier peut être assez déstabilisant. La narration se fait philosophie, le sens se cache derrière la musicalité des mots, la temporalité est complètement éclatée.
Sa compatriote Milena Agus disait dans son dernier roman « Les textes littéraires ne vous apportent pas de réponses précises, les plus réussis vous laisseront même dans le doute. » Alors, oui, ce roman est réussi.
Commentaires
Je suis tout à fait d’accord avec ton dernier paragraphe. Alessandro Baricco a le talent d’être là où on ne l’attend pas. Son style poétique le rend singulier mais tellement agréable à lire. Je ne connaissais pas ce roman là.
Ce roman vient de paraître. Il n’avait pas publié de romans depuis 9 ans. Je l’attendais avec impatience
Un auteur avec lequel je n’accroche pas. Comme tu dis, je n’arrive pas à entrer dans son univers.
Ça arrive. J’en ai certains aussi comme Jaenada par exemple. Je n’adhère pas à son type de narration. Et pourtant beaucoup l’adore.
je guettais des avis, merci pour ce retour !
Une bonne lecture pour le challenge Auteurs italiens