Titre : Adieu fantômes
Auteur : Nadia Terranova
Littérature italienne
Titre original : Addio fantasmi
Traducteur: Romane Lafore
Editeur : La Table ronde
Nombre de pages :240
Date de parution : 3 octobre 2019
Ida Laquidara a trente-six ans, elle vit à Rome avec Pietro. Cet homme a su déceler en elle le gouffre laissé par le drame de son enfance. Un drame qu’elle ressasse, qui lui procure des cauchemars : la disparition de son père dépressif quand elle avait treize ans.
« la mort est un point final; la disparition, l’absence de point, de tout signe de ponctuation à la fin des mots. »
Un matin, Sabastiano s’est habillé, n’a laissé qu’une trace de dentifrice sur le lavabo puis il est sorti. Personne ne l’a jamais revu. Le réveil s’est arrêté à 6h16, le bonheur aussi.
Par orgueil, besoin de protection, elle et sa mère ont dissimulé leur douleur, faisant bonne figure à l’extérieur. Mais chez elles, elles étaient effondrées.
Aujourd’hui, sa mère lui demande de venir à Messine pour l’aider à trier les affaires de la maison familiale avant sa mise en vente. Ida, plongée dans ses souvenirs chancelle face à ses cauchemars.
« Les objets ne sont pas fiables, les souvenirs n’existent pas, seules existent les obsessions. Nous les utilisons pour empêcher la faille de se refermer et nous nous racontons que la mémoire est importante, que nous seuls en sommes les gardiens. Nous gardons la blessure ouverte pour y loger nos maux, nos peurs, nous veillons à ce qu’elle soit assez profonde pour contenir notre douleur; il ne s’agitait pas de la laisser échapper. »
Nadia Terranova détaille avec finesse les émotions d’Ida. La jeune femme peut paraître odieuse tant elle est enfermée égoïstement dans son passé. Son couple s’enlise dans l’indifférence, sa meilleure amie la tient à distance. Les relations avec sa mère ont toujours été difficiles. Ida n’a jamais compris comment sa mère pouvait continuer à vivre sa vie alors que son père tombait dans la dépression. D’ailleurs, Ida n’a jamais regardé la douleur des autres tant elle restait bloquée sur sa propre blessure.
Dans la ville de son enfance, face aux souvenirs encore plus prégnants d’un père disparu, pourra-t-elle enfin s’ouvrir aux autres et faire son deuil?
Adieu fantômes est un roman sensible, mélancolique avec le charme de la Sicile mais le poids d’une héroïne peu empathique.
Commentaires
Peut-on être sympathique lorsque l’on s’est emmurée et qu’aucune fissure ne permet au chagrin de sortir ?
Bien sûr, tu as raison. Même si vingt-trois ans ont passé, revenir sur les lieux de son enfance est difficile. Je comprends son attitude
Dans ma PAL !
Je te sens mitigée sur cette lecture.
Les critiques presse sont dithyrambiques. Je suis peut-être partie avec trop d’attente. Le personnage d’Ida ne m’a pas touchée. Elle ressasse trop sa douleur sans respecter les autres. Maintenant, comme le dit Zazy, cela se comprend et est parfaitement justifié dans le récit. Mon feeling vis à vis du personnage influence beaucoup (trop) mon ressenti général