Titre : A quoi jouent les hommes
Auteur : Christophe Donner
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 512
Date de parution : 22 août 2012
Présentation de l’éditeur :
Le jeu hante la vie des hommes depuis la nuit des temps. Il y a ceux qui parient, ceux qui font parier les autres, sans qu’on puisse savoir lesquels perdent le plus, lesquels sont les plus fous, et à quoi ils jouent, en vérité.
Pour tenter de répondre à ce mystère, Christophe Donner plonge au cœur du XIXième siècle, à la naissance de la société de loisir, lorsque l’ancestrale passion du jeu s’empare des courses hippiques. Surgissent deux hommes d’affaires de génie, Joseph Oller et Albert Chauvin, qui se livrent une bataille sans merci en amassant une immense fortune. Dans cette fresque post balzacienne, on croise quelques grandes figures de l’époque, Lord Seymour et Eugène Sue, Henri Rochefort et les frères Rotschild, mais aussi la Goulue, Toulouse Lautrec, Emile Zola, jusqu’à Marcel Boussac et Monsieur X.
Voici le grand roman sur le jeu, un jeu qui aura résisté aux guerres, aux révolutions et aux modes, que l’on peut voir comme un vice, un délire, un plaisir ou un art, mais qui s’est imposé comme une passion française.
Mon avis :
L’auteur part d’un souvenir de jeunesse : avec son grand-père passionné de courses hippiques, il suit le Prix Bride abattue commenté par Léon Zitrone. C’est la première fois que son grand-père gagne le tiercé et il faut que cela tombe sur une course truquée avec l’intervention d’un certain Monsieur X. Qui a voulu faire trembler le mythique PMU ?
Lorsqu’il découvre les archives de Jacques Carrus, ancien patron du Pari Mutuel Carrus et petit fils d’Albert Chauvin, Christophe se lance dans une longue histoire du XIXe siècle à nos jours sur le monde hippique, sans jamais nous lasser.
Tout commence avec ce jeune homme espagnol, ambitieux, inventif, Joseph Oller qui sans jamais parier va se lancer sur l’idée du pari mutuel dans le monde des courses de chevaux. Traité de moricaud, ce jeune revanchard va s’attaquer aux plus grands, aux bookmakers, à la presse pour se faire une place dans ce monde très prisé. Il tente d’imposer le pari mutuel, construit Maisons Lafitte, initie la course de trot mais c’est aussi un précurseur dans le monde du théâtre et de l’amusement puisqu’on lui doit la première piscine parisienne, le Moulin Rouge, les montagnes russes, l’Olympia.
Lorsque Albert Chauvin, fils de préfet débarque à Paris, il est fasciné par les idées d’Oller. Bien plus diplomate et instruit que lui, ce jeune et très bel homme l’aide à remettre en place et à développer l’entreprise du pari mutuel. Mais Oller refusera d’en faire son associé et ces deux passionnés vont se battre pendant trente ans sur le même terrain de jeu, les courses et le monde du spectacle.
Le roman de Donner c’est surtout l’histoire de cette guerre pour la plus grande renommée, la plus grande fortune dans ce monde du jeu où la presse corrompue s’affronte, où les riches font profit sur le dos des pauvres parieurs, où la passion devient folie.
» Il ne sait pas à quoi jouent les hommes quand ils montent sur scène, ou dépensent leur argent aux courses. On dit qu’ils s’oublient, s’évadent, c’est tout ce que Joseph ne sait pas faire. En ce sens, Albert lui ressemble. »
C’est un roman très instructif sur le monde des courses hippiques, passionnant par le caractère des personnages. L’auteur, adepte de ce monde, sait nous faire vivre le frisson des champs de course, nous faire vibrer de cette passion du jeu mais surtout nous passionne grâce à l’arrogance et la folie de Joseph Oller et Albert Chauvin.
J’avais beaucoup d’à priori avant d’entamer cette lecture et je fus agréablement surprise par la fluidité du récit et par la vivacité de cette histoire dans un monde particulier qui ne m’est pas étranger mais que je connais peu. C’est aussi tout un siècle d’histoire où l’on croise Eugène Sue, Henry Seymour, Toulouse Lautrec, Zola, Napoléon, De Gaulle avec la naissance de grands lieux parisiens.
Je remercie la librairie d’Orléans qui m’a prêté ce livre et Readingtherain qui m’a donné l’envie de le lire grâce à une lecture commune.
N’hésitez pas à aller voir son avis.