Titre : J’ai tout dans ma tête
Auteur : Rachel Arditi
Editeur : Flammarion
Nombre de pages : 256
Date de parution : 11 janvier 2023
Une pauvre hère qui se rêvait marquise
La narratrice est actrice, elle a trente-cinq ans. Depuis son appartement au pied de la Butte Montmartre, elle regarde les gens et surtout une petite fille, Betsy, pleine d’insouciance et de vitalité. Les adultes ne jouent plus. Qu’est devenue cette actrice singulière, le regard dans le vague à-demi baissé vers le sol, un faux sourire aux lèvres qu’elle rêvait d’être?
Aujourd’hui, elle passe son temps entre son travail et les visites à la Maison des artistes où son père atteint d’un Alzheimer heureux finit ses jours.
La lumière du père
Peintre né à Marseille, son père échafaude des plans pour se sauver de la maison de retraite et vendre son chef d’oeuvre, Le crépuscule. Sa fille aime entrer dans son jeu. Elle admire son père.
il est empli de grandeur, cette véritable humilité qui élève l’âme de ceux qui plient.
Si elle a parfois eu honte de ce père né à la Première guerre mondiale, de sa maison vieillotte, de ses esclandres en public, elle sait qu’il aurait fait n’importe quoi pour la protéger.
Un homme qui fait la sieste parce que son âge l’y oblige, qui vit pauvrement mais porte les rêves d’un seigneur.
Comment résister à la tendre drôlerie du père et à ce lien père-fille si complice et si beau?
Eugène Onéguine
Victoire, son amie d’enfance, « un petit souillon qui roulait des fesses » est devenue une metteur en scène reconnue. Depuis longtemps, elles se soutiennent face à un dur métier. Victoire propose à son amie d’écrire une adaptation moderne du roman en vers de Pouchkine, Eugène Onéguine.
La narratrice est actrice pas écrivaine mais elle accepte le défi dans l’espoir de jouer ensuite le rôle de Tatiana.
Elle ne le sait pas encore mais Tatiana est le symbole de l’évolution. Fille de la campagne, elle est rejetée par Eugène qui lui préfère Olga, sa soeur. Il tuera même en duel Lensky, le prétendant d’Olga. La mort de Lensky est le point de rupture. Elle marque la fin de l’adolescence. Plus tard, mariée à un prince russe, Tatiana repousse l’amour intéressé d’Eugène.
Travailler sur l’adaptation de cette pièce est le point de bascule de la narratrice. Les évènements concomitants la révèlent à elle-même.
Le monde du spectacle
Rachel Arditi, comédienne, évoque en arrière-plan ce monde qu’elle connaît bien. Un monde où il faut se montrer et se vendre, être toujours celui sur qui on compte, engager des acteurs bankables.
La narratrice est-elle faite pour ce monde? Comme Tatiana, trouvera-t-elle le point de rupture qui la fera grandir?
Un premier roman touchant
J’ai eu un coup de coeur pour ce roman grâce au regard de la narratrice.
C’est son regard particulier, ses interventions récurrentes qui donnent son relief à une intrigue qui par ailleurs est assez mince.
L’auteur fait passer énormément d’émotions dans les regards de sa narratrice. Regard sur la jeune Betsy, sur sa jeunesse, sur son père, sur son amie, son métier. Une émotion que l’on retrouve dans le regard de cet enfant sur la couverture, une peinture de son père.
On se trouve dans les mots qu’on écrit. Les mots sont la trace la plus visible de notre existence. Tout ce qu’on a dans la tête trouve son sens et sa puissance dans un récit ou sur une toile. Rachel Arditi s’est trouvée et moi, j’ai découvert une auteure a la douce et joyeuse sensibilité.
Commentaires
je la connais par la théâtre, je suis curieuse de découvrir ce roman!
Je ne la connaissais pas avant de lire ce roman. Effectivement dans le roman, elle est actrice de théâtre. En tout cas, je te conseille ce livre
lu dans la foulée, et beaucoup aimé aussi !
Je suis contente. Il y a vraiment une atmosphère particulière dans ce roman.
J’hésite à le lire, pour le moment, un je-ne-sais-quoi me retient.
Attends peut-être un autre avis. Eimelle ( Tours et Culture) vient de le finir et elle a beaucoup aimé aussi