moroTitre : Le sari rose
Auteur : Javier Moro
Éditeur : Robert Laffont
Nombre de pages : 572                  

 

Résumé :
Par amour, elle l’aurait suivi jusqu’au bout du monde, par fidélité, elle a conquis les sommets du pouvoir…
Cambridge, 1965. Rien ne prédisposait Sonia Maino, une jeune Italienne d’origine modeste, à rencontrer Rajiv, petit-fils de Nehru et fils d’Indira Gandhi. Au Varsity, le restaurant où leur ami commun les présente, Sonia tombe immédiatement sous le charme de cet étudiant discret, dont le seul rêve est de devenir pilote de ligne. Trois ans après et malgré les réticences de son père, Sonia épouse Rajiv à New Delhi. Elle revêt pour l’occasion le sari rose tissé par Nehru en prison, celui-là même qu’avait porté Indira lors de ses noces. Par ce mariage avec Rajiv, Sonia, l’Européenne catholique, choisit d’unir son destin à celui d’une nation, qui, pour l’heure, lui est étrangère. Des années plus tard, en 1991, la mort tragique de Rajiv ne pourra défaire les liens qui se sont noués entre Sonia et le peuple indien… Par-delà l’histoire de Rajiv et Sonia, ce couple improbable et passionné, Javier Moro nous raconte la métamorphose d’une femme : d’étudiante timide à Cambridge, Sonia deviendra une épouse et une mère, pour se révéler dans l’épreuve une habile politique. Au coeur de ce pays qu’avec le temps elle a fait sien, Sonia reprendra le flambeau des Gandhi…

Mon avis:
Quel magnifique roman!
En lisant le résumé, j’avais craint d’avoir à lire « une romance à l’eau de rose », histoire entre une roturière et un prince. En fait, ce livre s’appuie sur l’histoire de Sonia, jeune italienne qui s’éprend en 1965 du fils d’Indira Gandhi, pour raconter cette merveilleuse saga de la dynastie des Nehru-Gandhi.
C’est un livre à la fois historique, politique et romanesque.
Peut-être ne suis-je pas impartiale car j’adore ce pays que j’ai visité il y a quelques décennies. Comme le dit l’auteur, j’ai été envoûtée par cette odeur caractéristique qui vous surprend dès la descente d’avion et surtout par les regards des indiens, notamment des enfants, qui vous transmettent tant de joie malgré leur profonde misère.
 » Mais, le plus étrange était les yeux des indiens, ces regards qui me suivaient partout »
Dans ce style de livre, on peut toujours craindre la partialité de l’auteur, surtout quand il précise que c’est une version romancée et qu’aucun membre des familles n’a fourni d’informations ou collaboré à la rédaction de ce livre (les sources sont précisées en fin de livre). Mais, je pense que l’auteur a réellement essayé de retracer ce que ressentait  le peuple indien. D’ailleurs, il n’hésite pas à faire ressortir le côté autoritaire et manipulateur d’Indira Gandhi, en même temps que son
dévouement et sa volonté farouche d’aider les pauvres et les minorités.
 » la politique, la vie publique étendue comme un service dû au peuple, était la raison dêtre d’Indira. »
« Si elle parvenait à se donner une image de martyre…, elle gagnerait la partie. »
L’auteur montre le destin de cette famille « obligée » de rentrer en politique, à cause de leur nom, de leur besoin de sécurité et de leur volonté de suivre la tradition et de défendre les valeurs inspirées par le  Mahatma Gandhi. Chaque génération a sacrifié sa vie de famille, même sa vie pour défendre une cause.
Le sort se répète et s’acharne. Si Rajiv reproche à sa mère de n’avoir pas voulu écouter les services de Sécurité, il fera de même et connaîtra le même destin tragique sous la vengeance de fanatiques religieux.
Il est touchant de voir l’évolution de Rajiv, puis de Sonia, tous deux hostiles à la politique et voulant préserver leur vie de famille. Emportés par le soutien du peuple, ils vont s’investir corps et âme pour ce pays.
L’auteur explique parfaitement le lien au pouvoir, « le plus puissant aphrodisiaque, selon Kissinger. »
Les personnages sont parfaitement décrits. Le lecteur suit leur évolution, leurs prises de décision, leurs sentiments. L’attachement fut tel que l’émotion m’a submergée lors des évènements tragiques dans la vie de Sonia. J’ai vécu leurs douleurs et leurs engagements.
De plus, le livre nous plonge dans les rites de l’Inde (rites des crémations, divinités, religions, superstition), la découverte géographique du pays, son histoire. Mais c’est aussi une vision de l’Asie avec le Pakistan et le Bangladesh et cette étonnante volonté des peuples asiatiques à réélire les membres d’une même famille, pour un nom (Gandhi, Bhutto, Rehman…), un sentiment de confiance ou une habitude ancestrale d’être gouverné par des clans, des familles.
Le fameux sari rose dont l’étoffe fut tissée par Nehru en prison, sur ce rouet, symbole de l’Indépendance de l’Inde, fut porté par Indira, Sonia, puis sa fille Priyanka lors de leur mariage respectif. Ce symbole montre tout le respect de la tradition et la nécessité d’aller jusqu’au bout pour maintenir les valeurs de cette grande dynastie.
Un seul reproche sur le style est le fait de glisser des petites phrases qui laissent présager la suite tragique des évènements. Même si on connaît un peu l’histoire de l’Inde, cela retire un peu de suspense au récit.

Je classe ce livre dans mes coups de cœur de l’année. Il est peut-être audacieux de le conseiller à cause de
son volume et de sa teneur mais je pense qu’il ravira tous les amoureux de l’histoire de l’Inde.

« Tu ne peux te libérer de la tradition familiale. » Lettre de Nehru à Indira
 » Je n’ai pas choisi cette vie, c’est elle qui m’a choisie » Benazir Bhutto
 » Tout pouvoir est devoir » Victor Hugo

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

13 janvier 2014 à 11 h 06 min

Que ça donne envie ! Je me laisserai bien tenter, surtout que je ne connais presque pas la littérature indienne.



13 janvier 2014 à 11 h 06 min

*l’histoire indienne, pardon.



13 janvier 2014 à 15 h 03 min

Je ne connais pas du tout ce pays alors je note, tu sais donner envie !!



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